Le Ministère de la Faune réagit à la photo du chevreuil blanc de Saint-Georges
Par Stéphane Quintin, Journaliste
Encore en congés au moment de la parution, mardi dernier, d’un article rapportant la présence d’un chevreuil blanc à Saint-Georges, le Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec a réagi à la publication en dévoilant quelques informations inédites sur cette espèce rare de cerf de Virginie. Plusieurs recommandations ont notamment été émises sur le nourrissage de ces animaux sauvages afin de ne pas les empoisonner.
La rédaction d’enbeauce.com publiait, mardi dernier, un article sur la présence, à Saint-Georges, d’un chevreuil au pelage blanc original. Encore en congés au moment des faits, le Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec a été contacté depuis, afin d’obtenir plus d’informations précises sur cet animal hors du commun. Tel que mentionné la semaine dernière, il s’agit bien d’un « chevreuil-pie », ou « piebald », selon l’appellation anglaise. Le terme trouverait son origine dans la comparaison de la robe du cervidé avec le plumage noir et blanc d’une pie. La dénomination « chevreuil calico » est aussi rencontrée de temps en temps.
Une femelle de la famille des cerfs de Virginie
Selon le biologiste Jean-François Dumont, responsable de la gestion de la grande faune dans les régions Capitale-Nationale et Chaudière-Appalaches, s’intéressant aux orignaux, ours, dindons sauvages et cervidés, l’animal présent sur la photo serait bel et bien un cerf de Virginie. L’absence de bois au moment de la prise de vue laisserait supposer qu’il s’agisse d’une femelle. La mutation génétique à l’origine de la dépigmentation de la peau n’est pas très rare mais reste « anecdotique », selon ses propres mots. Alors que l’albinisme concerne environ 1% d’une population de chevreuils sauvages, la prévalence des cervidés à la robe « pie » n’est pas connue. Si leur proportion est plus élevée que les albinos, il est impossible de fournir des chiffres précis à ce sujet.
Une mutation génétique différente de l’albinisme
Contrairement à un chevreuil albinos, le chevreuil calico ne possède ni des yeux clairs, ni un museau rose. L’espèce présente sur la photo n’est donc pas considérée comme albinos mais souffre néanmoins d’une mutation génétique équivalente qui s’accompagne régulièrement de malformations congénitales. Selon le biologiste, « les cerfs présentant ce type de pelage dépigmenté viennent souvent au monde avec des problèmes de scoliose, d’arthrite ou une mâchoire déformée. » Leur espérance de vie en ressort raccourcie du fait de ce bagage génétique défavorable. Sans compter que leur robe claire en fait une proie facile en-dehors de l’hiver. Notons, cela dit, que l’abattage des chevreuils blancs est interdit dans certaines juridictions des États-Unis, du fait de leur rareté.
Les conséquences parfois mortelles du nourrisage des chevreuils en hiver
Animaux familiers de la région, les cerfs de Virginie suscitent parfois la compassion l’hiver et se font nourrir à des fins de loisir par des personnes soucieuses de leur bien-être, mais dont les bonnes intentions peuvent s'avérer mortelles pour l’animal. En effet, en raison d’une alimentation réduite aux ramilles d’arbres disponibles, le système digestif du cerf subit des modifications l’hiver qui l’empêchent de survivre à certains aliments. « Nous avons déjà retrouvé un cerf mort, l’estomac rempli de maïs », déplore Jean-François Dumont, qui qualifie d’« épouvantable » la distribution de grains purs à ces cervidés, capables de provoquer, chez l'animal, une inflammation du rumen pouvant s’avérer mortelle. Ainsi, même avec le ventre plein, un chevreuil risque de mourir de faim si les aliments ingérés ne sont pas adaptés à son régime hivernal.
Les bonnes habitudes à prendre pour ne pas les empoisonner
Les fruits et légumes comme les pommes et les carottes mais aussi le pain, même sec, le fourrage ou les restes de table peuvent provoquer, chez les chevreuils ainsi nourris par l’homme, des ballonnements, diarrhées ou gingivites. Si des cas de semi-domestication se développent, la seule nourriture convenable serait alors une moulée à haute teneur en fibres (35 à 40%) et faible teneur en protéines (10%). Sachant qu’un cerf a tendance à développer une dépendance à la nourriture offerte, il conviendra dès lors de continuer le nourrissage jusqu’à la fonte des neiges. Il est possible aussi de disperser dans la forêt des ramilles de sapin, cèdre, pruche ainsi que des essences d’érable, appréciés par ces animaux. Cela dit, le Ministère de la Faune est clair, « la meilleure des recommandations est de laisser agir la nature seule. » Afin de partager leur dépense énergétique, les chevreuils ont, en effet, pour habitude de se regrouper dans les ravages l’hiver, réduisant leur activités physique et entretenant à plusieurs des réseaux de sentiers dans la neige. Ce comportement adapté à la saison suffit amplement à leur venir en aide. Il évite aussi de trop les attirer vers les routes, avec les conséquences désastreuses que l’on connaît.
Plus d'informations sur le nourrisage des chevreuils en cliquant sur le lien suivant.
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