Nous joindre
X
Rechercher
Publicité

Congrès mondial en Suisse

Une autre tentative de réglementer la pollution plastique

durée 14h00
3 août 2025
ici

commentaires

ici

likes

 

vues

imprimante
email
Par La Presse Canadienne

La prochaine session de négociations mondiales pour aboutir à un traité contre la pollution des déchets plastiques aura lieu du 5 au 14 août à Genève, en Suisse. Des environnementalistes croient qu'il s'agit d'un moment charnière pour le leadership environnemental d'Ottawa sur la scène internationale et implorent le nouveau gouvernement canadien de faire preuve d’audace.

Chaque jour, l’équivalent de 2000 camions poubelles remplis de plastique est déversé dans les océans, les rivières et les lacs du monde, selon le Programme pour l’environnement des Nations unies, qui supervise les négociations qui débuteront dans quelques jours à Genève.

L’humanité produit plus de 430 millions de tonnes de plastique chaque année et ce matériel, dérivé du pétrole, est rendu tellement présent dans nos vies et dans l’environnement que des microplastiques ont même été trouvés dans le placenta de femmes en bonne santé, selon une étude récemment publiée dans le journal Toxicological Sciences.

«L'objectif de ces négociations est de réunir tous les pays de l'ONU pour parvenir à un accord mondial avec des mesures juridiquement contraignantes pour mettre fin à la pollution plastique», a résumé l'environnementaliste Anthony Merante, d'Oceana Canada, qui participera au sommet en tant qu’observateur.

Les dernières négociations menées en décembre 2024 à Busan, en Corée du Sud, n'avaient pas abouti à un accord.

«Et ce n'est pas certain» non plus «qu’on arrive à un accord pendant ces négociations» en Suisse, a expliqué Sabaa Khan, directrice générale pour le Québec et l’Atlantique à la Fondation David Suzuki.

Est-ce qu'on peut dire que ce sont les négociations de la dernière chance?

«Le sentiment d’urgence ne pourrait être plus fort. C’est effectivement la dernière chance d’obtenir un traité ambitieux proche de l’échéance initiale fixée par les Nations unies. À ce stade, la multiplication des retards va inévitablement aggraver la crise, conduire à une perte d’élan politique, à une augmentation des émissions de carbone et à un commerce plus toxique», a expliqué celle qui participe également aux négociations en tant qu’observatrice officielle.

Elle a ajouté que plus les discussions se prolongeront, plus «la pollution plastique s’intensifiera à un rythme incontrôlé, avec des effets irréversibles sur la santé mondiale».

Deux groupes s'affrontent

La représentante de la Fondation David Suzuki a expliqué «qu'un groupe de pays très réticents à voir les négociations progresser» ont créé «des impasses» qui «perdurent depuis au moins deux ans».

Lors des négociations en Corée du Sud, «il y avait 100 pays qui étaient très clairs sur le fait qu'ils n'accepteraient pas un traité sans un plafonnement sur la production du plastique, donc, un traité qui peut s'attaquer à la racine du problème».

Le Canada faisait partie de cette «coalition de haute ambition» qui faisait face à un groupe minoritaire d’États, des producteurs de pétrole et de plastique, qui comprend l’Iran, la Russie, l’Inde et l’Arabie saoudite «qui s’oppose à tout plafonnement des plastiques vierges», a résumé Sabaa Khan.

«De nombreux industriels participent également à ces négociations et leur seul objectif est d'affaiblir le traité, d'influencer les pays et de faire la promotion du plastique», a pour sa part ajouté Anthony Merante.

Si les pays n’interviennent pas dans le marché, la production mondiale de plastique devrait atteindre 736 millions de tonnes d’ici 2040, soit une augmentation de 70 % par rapport à 2020, selon l’Organisation de coopération et de développement économiques.

Substances chimiques

L’autre enjeu important de ces négociations «concerne principalement la réglementation des substances chimiques», a indiqué la représentante de la Fondation David Suzuki.

«On sait qu'il peut y avoir jusqu'à 100 produits chimiques toxiques dans un emballage plastique et il n'y a vraiment aucune réglementation au niveau mondial pour la transparence sur les informations et les substances qui sont comprises dans le plastique. Donc, nous, on aimerait voir, comme la majorité des pays d’ailleurs, une réglementation des substances utilisées», a résumé Mme Khan.

Les plastiques sont fabriqués à partir de milliers de produits chimiques différents, principalement dérivés de combustibles fossiles, notamment l’éthylène, le styrène, le propylène et le chlorure de vinyle.

Des déchets plastiques canadiens à l'étranger

Sur les près de 5 millions de tonnes de déchets plastiques qui ont été jetés en 2021 au Canada, seuls 7 % ont été recyclés, selon un document d'Environnement et Changement climatique Canada.

«Le reste a fini dans les sites d’enfouissement et dans l’environnement, polluant nos parcs, nos plages, nos rues et d’autres endroits qui nous sont chers», peut-on lire dans le même document.

Une quantité de déchets plastiques canadiens peuvent également se retrouver dans les cours d’eau de pays en voie de développement, et ce, malgré le traité de Bâle, dont le Canada est signataire et qui vise à assurer le contrôle des mouvements transfrontaliers des déchets dangereux, dont le plastique.

Les mesures de ce traité «comportent des failles», a souligné Anthony Merante.

Par exemple, les États-Unis ne sont pas signataires du traité de Bâle et le Canada, pour des raisons de commerces et de proximité, exporte beaucoup de déchets plastiques aux États-Unis, a expliqué le représentant d'Oceana Canada.

Une récente étude du CIRANO montre en effet qu’en 2022, les exportations canadiennes de déchets plastiques s’élevaient à 175 milliers de tonnes et que la presque totalité de ces rebuts étaient envoyés aux États-Unis.

«Le Canada et les États-Unis ont une entente entre eux pour la libre circulation des déchets en plastique sans aucune transparence» et «quand on parle des États-Unis, on parle d'un pays qui ne réglemente pas du tout ces déchets plastiques. Donc, dès qu'on les envoie aux États-Unis, il n'y a aucune garantie qu'ils seront traités aux États-Unis et on sait que les États-Unis exportent encore beaucoup vers les pays en développement», a indiqué Sabaa Khan.

Pour Anthony Merante, les négociations qui débuteront dans quelques jours représentent «un test» pour le premier ministre Mark Carney et sa nouvelle ministre de l’Environnement, Julie Drabusin.

«C’est un premier test important pour la promesse du premier ministre Carney d’allier leadership environnemental et économique», a-t-il indiqué.

«Nous voyons beaucoup trop de plastique dans nos rayons d'épicerie et nous voyons beaucoup trop de plastique inutile dans notre quotidien» et «nous souhaitons voir des engagements fermes de la part de la ministre de l'Environnement et du Changement climatique, selon lesquels le Canada agira localement pour lutter contre la pollution plastique, mais aussi qu'il établira des relations solides avec des pays du monde entier pour mettre fin à la pollution plastique».

L'un des plus gros problèmes auxquels le Canada est actuellement confronté à l'approche de ces négociations, selon Anthony Merante, «est que notre principal partenaire commercial, les États-Unis, se montre systématiquement plus hostile à notre égard. Ils ne fondent systématiquement pas leurs politiques sur la science et ne tiennent pas compte de l'environnement».

Dans ce contexte, a-t-il ajouté, «le moment est vraiment opportun pour le Canada de forger de meilleures relations avec des groupes comme l'Union européenne, l'Australie, le Japon, la Corée du Sud, tous des pays qui ont des réglementations et des politiques nationales solides pour limiter le plastique et éliminer une grande quantité de plastiques nocifs pour l'environnement, mais aussi pour la santé des humains».

Stéphane Blais, La Presse Canadienne

RECOMMANDÉS POUR VOUS


Publié le 26 juillet 2025

Dix idées de promenade en nature dans la région avec son chien

En été, il peut parfois être difficile de savoir où amener son chien en balade. EnBeauce.com vous propose 10 idées de promenade en pleine nature en Chaudière-Appalaches avec son pitou.  La région Chaudière-Appalaches est très connue pour ses parcs naturels et ses paysages sauvages. Voici une liste de 10 parcs où il est permis d'emmener son ...

Publié le 26 juillet 2025

Fumée des feux de forêt dans l'Ouest: la Beauce frappée par un smog

La fumée en provenance des feux de forêt qui sévissent actuellement dans les Prairies cause une mauvaise qualité de l’air et une visibilité réduite dans plusieurs régions du Québec, dont celle de la Beauce, en ce samedi 26 juillet. Les autorités de santé publique recommandent d’éviter les activités extérieures, en particulier pour les groupes à ...

Publié le 25 juillet 2025

Préservation de l'eau: bilan des actions du COBARIC

Le  Comité de bassin de la rivière Chaudière (COBARIC) vient de dresser le bilan de ses initiatives auprès des citoyens du territoire, dans le cadre du Mois de l'eau. L'organisme a mené plusieurs activités, avec divers autres groupes du milieu, dans l'objectif de sensibiliser et éduquer sur l’importance de l’eau dans nos vies, et sur les gestes ...

app-store-badge google-play-badge