Saint-Joseph-de-Beauce
Usine de gaz naturel renouvelable: des citoyens inquiets des odeurs
Plusieurs citoyens craignent que l'usine de fabrication de gaz naturel renouvelable (GNR), qui pourrait voir le jour à Saint-Joseph-de-Beauce, produise aussi des odeurs nauséabondes.
C'est du moins une des principales préoccupations soulevées parmi la soixantaine de personnes qui ont participé, hier après-midi au Centre Frameco, à la séance d'information, organisée par les promoteurs de ces installations de biométhanisation, Nature Energy et Énergir Développement.
Il faut comprendre que la matière organique pour obtenir la biomasse proviendrait à 80% de fumier et de lisier et à 20% de résidus agroalimentaires. Ce fumier/lisier serait récupéré parmi plus d'une centaine de producteurs agricoles, notamment porcin et laitier, dans un rayon de 20 à 30 km, à vol d'oiseau, des bâtiments qui seraient situés dans le parc industriel de Saint-Joseph.
Leslie Anne Healy, conseillère principale au développement et production GNR chez Énergir, a tenu d'abord à rassurer les participants à la séance que le projet répondait aux normes environnementales du Québec, qui sont parmi les plus sévères dans le monde.
Elle a spécifié que c'est l'entreprise qui serait en charge du transport des intrants, avec des camions-citerne conçus spécialement pour ces opérations dans les fosses des fermes qui participeraient à l'approvisionnement. Il faut escompter une centaine de voyages de camion par jour pour alimenter le site.
À l'usine même, le transbordement de la matière se ferait à l'intérieur des bâtiments, avec un système de contrôle de l'aération alors que les camions seraient lavés pour le chargement et le déchargement.
Le complexe compterait six digesteurs dans lesquels la biomasse est chauffé à 52 C pendant 30 à 45 jours, qui convertit alors le carbone de la matière organique en méthane et CO2. Le méthane est acheminé vers le réseau de gaz naturel, remplaçant ainsi le gaz de source fossile. Encore ici, le contrôle des odeurs, pour qu'elles ne sortent pas du site, est rigoureux, de rappeler la porte-parole.
Outre le gaz et le CO2, la biométhanisation laisse une matière résiduelle, le digestat, riche en nutriments, qui est retourné aux agriculteurs, par les mêmes camions-citerne, pour épandage sur leurs terres. Ce digestat est aussi beaucoup moins odorant que les traditionnels lisiers et fumiers, de signaler Mme Healy
Même la cheminée de 80 mètres que compterait l'usine, et qui dégagerait une odeur très faible, est orientée pour tenir compte des vents prédominants. « On ne peut pas garantir qu'il n'y aurait pas d'odeur à 100%, seulement à 99,5% »,a-t-elle laissé savoir.
Par ailleurs, compte tenu de la fermeture de plusieurs fermes porcines dans la région, motivées par la fin des opérations de l'abattoir Olymel de Vallée-Jonction, des intervenants dans la salle ont questionné si l'usine n'en viendrait pas à manquer de matière première pour opérer. La conseillère d'Énergir a indiqué que, malgré cette situation dont elle était très au courant, le bassin d'approvisionnement, dans le rayon viable, était deux à trois fois plus important que les besoins de l'entreprise. Mme Healy a aussi précisé que le manque à gagner qui pourrait survenir en fumier/lisier pourrait être compensé en augmentant la récupération de résidus agroalimentaires.
Pour 2027
Les promoteurs se sont fixés comme échéance l'année 2027 pour la mise en opération de l'usine à Saint-Joseph-de-Beauce, avec la première pelletée de terre en 2025.
L'entreprise a une option sur un terrain dans le parc industriel, qui serait voisin du fabricant de textile Régitex. Les installations nécessitent un espace d'un million de pieds carrés.
L'usine demandera des investissements de 200 M$, avec la création d'une quinzaine d'emplois, puisque les opérations seront fortement automatisées.
Jusqu'ici, Énergir Développement a rencontré 20% du potentiel d'agriculteurs qui approvisionneront l'usine.
Cette dernière traitera environ 715 000 tonnes de biomasse annuellement pour une production de 20 millions m3 de GNR, l’équivalent de la consommation de 10 000 maisons de taille moyenne. Ce faisant, on réduirait les gaz à effet de serre d'environ 60 000 tonnes à chaque année. Pour le digestat, on évalue qu'il atteindra les 600 000 tonnes.
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