Syndicat des intervenants et intervenantes en petite enfance de Québec
«On ne veut pas la lune, on veut juste ce qu’on mérite», revendiquent les éducatrices
« On ne veut pas la lune, on veut juste ce qu’on mérite », disent les membres du Syndicat des intervenants et intervenantes en petite enfance de Québec (SIPEQ) qui manifestaient ce vendredi matin devant le bureau du député de Beauce-Sud, Samuel Poulin.
« On est là pour notre convention collective qui est échue depuis 18 mois et nos salaires qui sont bas comparativement à nos collègues qui travaillent en milieu scolaire », a expliqué d’entrée de jeu Sandrine Massol, éducatrice au Palais des merveilles.
« Il y a beaucoup de CPE en bris de services en ce moment. On a plus de remplaçantes, les filles sur le terrain sont épuisées », a ajouté Nathalie Talbot qui travaille dans le réseau depuis près de 30 ans. « C'est difficile de porter le réseau à bout de bras. On aime beaucoup notre travail, on est là pour les bonnes raisons! Mais on se questionne sur où on s’en va avec tout ça. »
Sous le slogan « Fortes, fières et essentielles », elles ont rappelé l’importance de leur métier dans le développement des enfants. « On est des enseignantes pour les 0-5 ans », a précisé Sandrine Massol. En effet, elles aident les petits à développer leurs habiletés sociales, leur autonomie, le langage, le vivre ensemble, etc. « On leur apprend à devenir de futurs adultes responsables qui vont pouvoir être à la tête du pays un jour! On s’occupe de ce que l’on a de plus précieux au Québec. »
Les éducatrices soutiennent également leur rôle dans le bon roulement de l’économie en général.« On s’occupe des petits pour que les parents puissent aller travailler. Sans nous, personne ne peut aller travailler parce qu’il faut s’en occuper des enfants. » D’ailleurs, elles se sentent soutenues par les parents qui comprennent leur réalité et soutiennent leur démarche.
Fières de leur métier, qu’elles qualifient du plus beau au monde, elles regrettent de ne pas pouvoir offrir la meilleure qualité de services aux jeunes. Pourquoi? Parce qu’elles sont fatiguées, qu’elles doivent travailler même si elles sont malades ou blessées parce que personne ne peut les remplacer, etc.
Manque de relève
Diplômée du programme de Technique d’éducation à l’enfance du Cégep Beauce-Appalaches à Saint-Georges, Sandrine Massol a expliqué qu’après avoir commencé le programme avec une vingtaine d’autres étudiants, ils sont finalement terminés à seulement sept diplômés. Bien que le gouvernement offrait une bourse de 1 500 $ par session complétée, les étudiants ne sont pas restés.
« Les jeunes ne sont plus du tout intéressés à faire cette technique et ce métier-là, à cause des horaires et à cause du salaire qui est vraiment plus bas », a-t-elle ajouté. « Il y en a beaucoup qui aiment ce métier, mais les conditions ne sont pas excellentes pour poursuivre. »
Le gouvernement a proposé d’embaucher du personnel non qualifié pour ajouter aux équipes, mais « ce n’est pas juste de jouer avec eux », se désolent les éducatrices formées. « On ne voit pas vraiment ce qu'on fait donc on invite les gens à venir voir ce qu'on fait. On est vraiment des enseignantes de l’avant primaire », a mentionné Sandrine Massol.
Une régression
Après trente années passées dans le réseau, Nathalie Talbot constate une régression dans les conditions de travail. « On a fait une progression au début, c'est là que les échelles salariales ont apparu. On voyait cette progression au niveau des conditions. »
Par exemple, à ses débuts, les réunions avaient lieu durant la journée parce qu’il y avait du personnel pour remplacer ceux et celles qui devaient s’absenter pour la rencontre. Aujourd’hui, les éducatrices et éducateurs doivent prendre sur leur temps personnel, les soirs et les fins de semaine, pour se réunir ou suivre des formations.
« On est en train de perdre notre réseau », a conclu Nathalie. « Donc il faut vraiment que le gouvernement fasse quelque chose pour que ça s'arrête vite et qu’il nous propose de vraies belles conditions qui soient acceptables », a ajouté Sandrine.
Suite à cela, voici la déclaration du député Samuel Poulin: « J'ai pris des notes des revendications des éducatrices. J'en compte plusieurs dans mon entourage. Comme avec l'ensemble des employés de l'état, la négociation se poursuit.»
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