Baby-boomer versus les X et les Y
Comme il est drôle d’entendre les multiples commentaires d’employeurs et d’employés concernant les agissements des différentes générations. Générations qui doivent cohabiter dans le même milieu de travail… Par exemple, Marc, 50 ans, 23 ans de service pour la même organisation commente les faits et gestes de la nouvelle génération : « Ce sont des blancs becs qui ne pensent qu’à nous pousser vers la retraite pour prendre nos emplois, ils veulent tout, tout de suite, ce sont des jeunes impolis et impertinents, ils sont paresseux et ne sont pas fidèles ni loyaux. »
De l’autre côté, Simon, 31 ans, père de famille reconstituée, 4 enfants, a effectué plusieurs petites jobs contractuelles avant d’obtenir un poste stable, répond : « les boomers sont conservateurs, ils n’osent pas, tout ce qui compte pour eux c’est le travail et non l’équilibre de vie, ils sont autoritaires, ils dictent au lieu de convaincre, ils sont essoufflés mais…ont du coeur. ».
Plusieurs publications sur le marché du travail prédisent que d’ici 10 ans, pour chaque 2 personnes qui prendront leur retraite, il y aura moins de 1 personne pour les remplacer. L’intégration des travailleurs des générations X et Y, tout comme leurs interactions avec les baby-boomers, représente l’un des défis les plus importants à relever pour les entreprises. Voilà pourquoi il est si important de comprendre les motivations de chacun de ces groupes.
Qui sont-ils exactement ?
La génération baby-boomers, environ 27% de la population, dont les individus sont nés entre 1947 et 1964. Ils sont d’anciens idéalistes, ils respectent l’autorité et la «job à vie». Plutôt matérialistes, ils ont un rapport ambigu avec les valeurs traditionnelles. Attachés à la famille, la majorité ont sabordé leur mariage. Ils sont les instigateurs des réformes sociales, des rébellions, crient pour la liberté, veulent changer le monde, forment des unions (syndicats), sont déchirés entre la rébellion et le pouvoir, sont nostalgiques et veulent garder leur jeunesse à tout prix (vive le botox et les liftings…).
La génération Nexus ou génération X, environ 18% de la population, dont les individus sont nés entre 1965 et 1976. Ils sont égocentriques, critiques, expérimentateurs, très intelligents, précoces et leur devise est Here and now «Ici et maintenant». Ce sont les enfants de l’ère de la technologie, des jeux électroniques, de la mondialisation et des récessions. Ils sont scolarisés, l’éducation est un processus pouvant s’échelonner sur une vie. Étant constamment à la recherche de compétences nouvelles et variées, ils changent facilement d’emploi, donc la sécurité d’emploi et la fidélité à l’égard de leur employeur n’est pas une priorité (il faut dire qu’ils ont vu leurs parents perdrent leur emploi après 25-30 ans de loyaux services). Améliorer leur employabilité à vie leur assure donc une autonomie. Ils cherchent à faire ce qu’ils aiment et non aimer ce qu’ils font. Voilà pourquoi ils sont si mobiles. Ils cherchent des emplois offrant des défis et la possibilité de prendre des initiatives, un emploi qui a du sens. Ils demanderont « à quoi ça sert? ». Ils sont autonomes, puisqu’ils sont les enfants des premiers divorces et de la désorganisation familiale (la clef dans le cou). Ils ont une culture mondiale, donc tolérant face à la différence. Ils accordent beaucoup d’importance à l’équilibre vie personnelle et professionnelle. Ils cherchent des émotions, les tons autoritaires n’ont plus la côte.
La génération Internet ou la génération Y, environ 27% de la population, dont les individus sont nés entre 1977 et 1997. Enfants du divorce (mais mieux structuré), de parents professionnels et de famille reconstituée. Ils n’aiment ni la routine, ni la hiérarchie. Ils sont éduqués et ont voyagés. Ils sont exigeants et sont conscients de leur valeur. Ils sont nés avec l’avènement d’Internet, ce qui représente pour eux un outil de savoir et de socialisation. Ils sont attirés par l’instantanéité et par les actions de la collectivité. Ils sont indépendants et autonomes, chercheurs actifs d’information et ont une vision optimiste de l’avenir. Tout comme les X, ils sont tolérants pour ce qui est différent et partagent volontiers leurs idées avec d’autres personnes (ce que les boomers appellent de l’obstination…). Ils ont une grande capacité à travailler en équipe, ils sont créatifs et innovateurs, ils jugent les gens selon leur compétence et non leur niveau hiérarchique (gare au gestionnaire incompétent qui ne cherche que le pouvoir). Ils sont motivés par la réalisation personnelle au travail. Leurs principales valeurs sont la confiance, le respect et la liberté d’expression. Une fois ces distinctions faites, vous comprendrez certainement mieux ce qui suit.
Lorsqu’un baby-boomer se tait, le X et le Y disent ce qu’ils pensent. Là où un babyboomer voit une carrière prometteuse, le X répond: «Il n’y a pas que le travail dans la vie». Pour attirer un jeune dans son entreprise, le gestionnaire doit connaître ses aspirations, même emprunter son vocabulaire. Le X ne travaillera pas pour vous si vous utilisez des expressions comme «possibilité de carrière», «emploi à vie», «permanence». Il sera plus excité si vous lui parlez de défis à relever, de climat de travail chaleureux ou même de partys de Noël… Les boomers pensent que les X et les Y sont paresseux. Non. Ils ont une façon différente d’aborder leur vie professionnelle.
Voici quelques suggestions simples pour vous baby-boomers voulant attirer et retenir vos X et Y.
• privilégier les résultats et non pas le processus, ceci offre plus de défis;
• dire la vérité, ne pas embellir le poste ou l’organisation, ils détestent les
menteries;
• offrir de la technologie à la fine pointe, une flexibilité dans les méthodes de travail et les horaires;
• donner de la rétroaction, du feed-back, beaucoup de feed-back, ce qui a pour résultat d’humaniser votre environnement;
• proposer un milieu de travail chaleureux et amical, pas nécessairement familial ou paternaliste;
• offrir du mentorat, ceci aura pour effet de valoriser le boomer et d’apporter une touche humaine au travail pour le X et le Y.
Il y a certainement moyen de créer des conditions propices à l’épanouissement des jeunes. Les congés, les garderies en milieu de travail, les horaires variables et autres avantages sociaux sont certes importants mais pas déterminants dans l’appréciation d’un poste par un membre de la génération X ou Y. Par contre, le rapport avec le patron occupe une grande place. Deux choses marquent significativement notre vie professionnelle: notre meilleur professeur et notre meilleur patron !
Édith Vignola CRHA
Vignola RH, richesse humaine
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