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La pratique du yoga et oncologie

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29 juillet 2007
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La pratique du yoga date de plusieurs millénaires. Elle est traditionnellement reconnue pour ses bienfaits tant physiques que psychiques et la communauté médicale commence à admettre son usage, surtout dans la gestion du stress. À l’heure de la rédaction de ce chapitre, les données scientifiques reconnues sont rares mais des résultats préliminaires suggèrent une utilité potentielle pour réduire les symptômes dans les syndromes du tunnel carpien  et du côlon irritable, de l’asthme et de la migraine.

Il est encourageant de constater que la recherche est bien soutenue en oncologie: on retrouve quatre études en cours financées par le NCCAM. Devançant par contre une reconnaissance validée par des preuves en relation avec des indications précises, de nombreux centres nord-américains de traitement du cancer l’ont incorporé dans leurs programmes de support vers la fin des années ’90. À Québec, la Maison Michel-Sarrazin en a fait une activité de son centre de jour. Ces sessions de yoga, adaptées aux besoins et aux limites des patients sont d’ailleurs très populaires pour aider à contrôler les symptômes de la maladie et de son traitement

Tirant son origine de la culture de l’Inde ancienne, le yoga est un sous-système de connaissances et de pratiques faisant partie intégrante de la tradition médicale ayurvédique. Plusieurs styles de yoga existent mais chacun comporte certains aspects centraux qu’il partage avec les autres. Ces approches sont interdépendantes les unes des autres mais nous pouvons distinguer des conseils de vie, des exercices physiques (adoption de certaines postures), un travail sur la respiration (pranayama) et diverses techniques méditatives. L’emphase sur l’un ou l’autre de ces aspects peut varier selon l’objectif recherché.

Traditionnellement, le but initial du yoga était de préparer le corps et l’esprit à la méditation dans l’optique d’un travail spirituel. Si cela peut demeurer encore vrai aujourd’hui, les versions occidentalisées du yoga sont plutôt pratiquées pour leurs bénéfices secondaires  tant au niveau somatique que psychologique. En effet, le yoga est un mode d’intervention idéal pour améliorer la qualité de vie des patients cancéreux parce qu’il incorpore des éléments de relaxation, de support social et des exercices; éléments tous documentés pour améliorer la qualité de vie.

Les résultats actuels des recherches scientifiques concernant certaines applications médicales du yoga pouvant être utilisées en oncologie sont équivoques de par la pauvre qualité méthodologique des études disponibles à ce jour. Bien qu’on ait démontré son efficacité à soulager le trouble obsessionnel compulsif et qu’un modèle neurophysiologique ait été proposé, une revue systématique de la littérature conclut qu’il n’est pas possible d’affirmer que le yoga est efficace pour traiter les troubles anxieux en général.

Selon deux études non contrôlées, les résultats seraient un peu plus encourageants en ce qui concerne les troubles de l’humeur. D’après l’une d’elles, on note une certaine amélioration des symptômes chez des patients déprimés en rémission partielle et prenant encore une médication. L’autre consigne les bienfaits du yoga sur l’humeur et le stress de 113 patients d’un département de psychiatrie, cela mesuré par cinq échelles du test Profile of Mood State. En effet, une amélioration fut constatée pour la tension-anxiété, la dépression, la colère-hostilité et la fatigue-inertie. Une revue de la littérature vient confirmer ces résultats en s’appuyant sur cinq études contrôlées et randomisées. Cette dernière affirme prudemment que le yoga comporterait des bienfaits potentiels pour soulager les troubles dépressifs

Une évidence préliminaire suggère un impact psychologique positif sur les survivants du cancer surtout vis-à-vis de l’humeur et du stress. Une petite étude pilote non contrôlée rapporte des bienfaits tant pour les patients d’une unité de soins palliatifs que pour le personnel qui y travaille. D’après une étude contrôlée à l’intérieur de laquelle les sujets étaient assignés selon une méthode de minimisation, une forme de yoga tibétain a aussi été rapportée pour améliorer significativement le sommeil chez des patients atteints de lymphome. On y cite une meilleure qualité subjective du sommeil, une durée plus longue de celui-ci et une phase de latence plus rapide; résultats mesurés par l’échelle standardisée Pittsburg Sleep Quality Index. Une diminution de l’usage d’hypnotiques fut également remarquée dans cette étude. De plus, des constats quant à la diminution de la fatigue dans des groupes contrôlés et randomisés furent attribués au yoga à deux reprises lors de congrès de la Société Américaine d’Oncologie Clinique (American Society of Clinical Oncology – ASCO).

Les nausées sont des effets secondaires fréquents des traitements de chimiothérapie. Dans une revue narrative de la littérature, Bower et al rapportent des résultats préliminaires d’une étude contrôlée et randomisée  où le yoga se serait avéré efficace pour diminuer les nausées chez des femmes en cours de traitement de cancer du sein. Un effet similaire fut également rapporté par Moadel et al au congrès de l’ASCO en 2003.

Dans une étude pilote non contrôlée, un effet fortifiant, une diminution de la douleur et une meilleure acceptation furent notés chez des femmes atteintes de cancer du sein métastatique suite à la pratique du yoga. De plus, une relation dose-effet semblait ressortir des données de cette recherche.

Références disponibles sur demande.


Claude Fournier, MD.
Courriel : [email protected]

Claude Fournier est clinicien au Centre de santé et de services sociaux de Beauce où il enseigne le qigong et le taijiquan. Un partenariat avec la Fondation du cœur Louis-Georges Fortin et Accueil-Sérénité lui permet de transmettre ces enseignements à des personnes respectivement atteintes de maladies cardiaques et pulmonaires et de cancer.

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