Lettre d'opinion
Un gouvernement qui se sacre du sacré
EnBeauce.com reproduit ici l'intégrale d'une lettre d'opinion reçue de Marc-Antoine Parent, un résident et paroissien de Saint-Joseph-de-Beauce, concernant les règles de rassemblement dans les lieux de culte depuis l'annonce de dimanche dernier de l'entrée de la région Chaudière-Appalaches en « zone orange » du système d'alerte régionale de la COVID-19.
Le dimanche 20 septembre, nous apprenions que les rassemblements dans les lieux de culte étaient limités à 50 personnes dans toute la province et à 25 personnes dans les trois zones oranges (Montréal, Capitale-Nationale et Chaudière-Appalaches).
Je suis un chrétien de 31 ans, qui habite en Beauce et qui s'implique dans la paroisse Sainte-Famille-de-Beauce comme membre d'une équipe d'animation locale (EAL).
Depuis le début de la pandémie, j'appuie les mesures de confinement, de distanciation sociale et le port du masque dans les lieux publics. Je ne dis pas que j'ai été sans reproche dans le respect de toutes ces mesures, mais j'ai toujours appuyé le principe selon lequel plus on se motivait à être vigilant, quitte à déplaire à certains, plus on limitait le risque collectivement. Donc, je suis loin d'être un covidosceptique ou un covidiot.
Depuis la fin juin, j'aide tous les dimanches à l'église de Saint-Joseph à guider mes frères et soeurs dans la foi vers leur siège et lors de la communion afin de respecter la distanciation prescrite.
J'ai accepté avec paix et charité les réactions d'impatience et l'incompréhension de certains paroissiens lors de toutes ces célébrations eucharistiques. Je continuais et je continue à croire à l'importance du port du masque lors des déplacements à l'intérieur et à la nécessité de garder nos distances.
Mais lorsque j'ai appris que l'assemblée allait être limitée à 25 personnes à compter du 21 septembre, et que les salles de spectacle allaient toujours pouvoir accueillir 250 personnes, je ne pouvais plus me taire et être simplement docile. Il y a des limites au manque de respect d'un gouvernement envers ses citoyens croyants et pratiquants.
Je demande à Monsieur Luc Provençal, mon député de la circonscription de Beauce-Nord, d'appeler tous les curés catholiques et tous les chefs d'autres communautés de foi de sa circonscription pour tenter de justifier cette décision insensée de son gouvernement.
Je demande à Monsieur François Legault de faire de même avec la Table interreligieuse de concertation. Tout dernièrement, l'Église catholique de Québec recevait de bons commentaires sur le respect de ses protocoles lors des célébrations eucharistiques. Maintenant, je ne comprends plus rien. Je ne veux pas devenir conspirationniste, mais j'en perd certainement mon latin dans toute cette histoire.
Ne croyez pas que je suggère ici de diminuer la capacité d'accueil des cinémas et autres lieux culturels, je veux que celle des lieux de culte soit augmentée, à moins qu'un argumentaire censé soit publié ou une analyse crédible soit faite au sujet du risque que représente les célébrations religieuses.
L'Assemblée des évêques du Québec persiste à croire au dialogue avec le gouvernement, ses membres sont définitivement plus sages que moi. Mais si elle se ravise dans les prochains jours, si mon archevêque ou mon curé m'appellent à la désobéissance civile dimanche prochain, je le ferai. Je le ferai avec un masque, je le ferai à un mètre et demi des autres paroissiens, mais je le ferai.
Marc-Antoine Parent
Saint-Joseph-de-Beauce