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Témoignage d’une épileptique

Oui je suis épileptique, mais je vis ma vie !

durée 18h00
26 mars 2019
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Gabrielle Denoncourt
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Par Gabrielle Denoncourt, Journaliste

En cette Journée Lavande, je ne m’adresserai pas à vous en tant que journaliste, mais en tant qu’épileptique.

J’ai envie d’être positive en ne m’attardant pas sur les moments difficiles, mais sur ce que j’ai accompli malgré ce que la science, les inconnus ou mes proches m’ont dit à de nombreuses reprises.

Bien entendu, j’ai appris avec le temps que si je voulais vivre les mêmes expériences que les personnes de mon âge, je devais connaître mes limites. J’ai dû m’inculquer une routine de sommeil et accepter de demander de l’aide aux gens qui m’entourent lors des journées plus difficiles. Mais, c’est si peu cher payé pour vivre plus sereinement avec la maladie. Ainsi, voici une partie de mon histoire.

Je fais partie du 1% de la population mondiale

J’avais 18 mois lorsque les médecins ont appris à mes parents que j’avais fait ma première crise d’épilepsie. Le premier souvenir que j’ai d’une crise fut à l’âge de 7 ans à l’école. J’avais la sensation d’avoir déjà vécu ce moment, j’ai senti une odeur particulière et un goût ferreux dans ma bouche. La fatigue qui a suivi était si grande que je m’étais endormie sur mon bureau devant le professeur qui fut celui qui a prévenu mes parents. À 27 ans, je suis toujours sujette aux crises de type « absence ». Lors de ces crises qui sont d’une durée de quelques secondes, je n’arrive plus à parler avec les gens, mais je les entends. C’est exactement les mêmes sensations que lors de ma crise 20 ans plus tôt.  Alors, non je ne fais pas le « bacon ».

Dans une piscine, tu n’iras plus

À 7 ans, je me suis retrouvée à la Clinique d’épilepsie accompagnée de ma mère ne sachant pas trop pourquoi nous étions là. Nous étions devant un vieux monsieur qui disait des mots étranges. La seule chose que j’ai retenue et comprise était : « elle ne doit plus faire de la nage synchronisée et aller dans une piscine ». Ma mère n’a pas supporté mes cris et mes larmes décidant de me mener à mes cours et ce, même contre l’avis médical. Pour se rassurer, elle a passé deux semaines sur le bord de la piscine à garder ses yeux sur moi.

En me laissant vivre ma vie, je suis devenue double championne canadienne 10 ans plus tard. La solution fut simple pour éviter les risques. Mes entraîneurs et mes coéquipières connaissaient ma condition et ont toujours su comment agir en cas de souci. Ce sentiment de sécurité tout en étant libre de vivre ma passion m’a beaucoup aidé dans l’ensemble de mon cheminement.

Réussir ma scolarité: quelle bonne blague!

Tout le long de mon parcours scolaire, j’ai entendu des professeurs ou des personnes affirmer que je ne réussirais pas à terminer mon primaire, mon secondaire, mon cégep et au final à obtenir mon baccalauréat. Certes, je manquais des heures de classe pour aller à mes rendez-vous médicaux, pour aller me reposer suite à une crise ou lorsque j’avais l’impression que je pourrais en faire une en classe. Je me suis toujours organisée pour rattraper mon retard, soit en demandant des notes ou en discutant avec les professeurs qui, en grande majorité, se montraient compréhensifs et accommodants pour trouver une solution.  

Vivre seule tu n’y penses pas ?

Moi-même je n’aurais jamais cru que je pourrais vivre seule loin des miens, de mon médecin et même à l’extérieur du Québec. À 19 ans, je suis partie faire mes études à Matane à quatre heures de chez moi.  J’y ai habité pendant 4 ans, en chambre. J’ai eu 16 colocataires durant cette période, que j’ai dû informer. J’ai eu le droit à toutes les réactions possibles : de la peur, du jugement, de la compréhension, de la curiosité et de l’insignifiance.

À deux reprises pour un travail d’été, je suis partie à l’extérieur de la province, soit Edmonton et Souris à l’Île-du-Prince-Édouard. Bien entendu dans ma valise je devais ajouter une quantité de pilules qui auraient pu faire croire à la sécurité des aéroports que j’étais une trafiquante de drogue, mais j’étais prête à ajouter ce poids additionnel dans ma valise pour vivre ces expériences uniques.

Qui voudrait m’engager ?

Depuis que j’ai l’âge de travailler, le plus difficile a été d’expliquer à mes employeurs que j’étais une fille bien ordinaire, mais qui avait une maladie neurologique.

Un été, j’étais responsable d’un camp de vacances. Après avoir informé mon employeur, les mots reçus furent : « Voyons t’es bien irresponsable. Tu vas être un danger pour les enfants. T’aurais dû me le dire avant. » Je me souviendrai toujours de ces mots prononcés avant que je n’aie le temps d’expliquer quoi que ce soit. Depuis, ma crainte demeure de le dire à mes employeurs sachant que je peux avoir de bonnes ou de mauvaises surprises. Heureusement, certains se sont montrés ouverts et compréhensifs. C’est grâce à eux que j’ai décidé d’annoncer, dès les entrevues, que j’avais une condition particulière.

Avec le recul, j’ai réalisé que petite, je n’avais pas de difficulté à vivre avec ma maladie, car ça ne m’a jamais empêché de faire quoi que ce soit. En vieillissant, j’ai dû réapprendre à accepter ma maladie, car de nombreux adultes m’ont fait ressentir ma différence, en particulier sur le marché du travail. Sans l’ensemble de ces personnes compréhensives, je serais revenue à la case départ et je n’aurais pas écrit ce texte.

Sans eux je ne serai pas là où je suis

Depuis 27 ans, ma mère vient à tous mes rendez-vous, me supporte et me rappelle que rien n’est impossible et qu’il y a toujours des solutions. Sans elle, je n’aurai pas fait cette réflexion de ne pas laisser la maladie dicter nos vies. Mes parents ont adaptés leur horaire en fonction de moi et jamais je n'ai senti de jugement de leur part. Ma sœur et mes deux frères ne m’ont jamais traité de manière différente. À travers leurs yeux, je ne suis pas la sœur malade, mais simplement la sœur qui a tendance à trop parler lors des soupers de famille.

Et depuis trois ans, j’ai mon conjoint qui s’est ajouté à la liste de ceux qui me supportent sans condition. Il l’a su, à notre première rencontre, j’ai eu la chance qu’il n’ait pas pris ses jambes à son cou.

En cette journée de sensibilisation, la meilleure chose que vous pouvez faire c’est de vous informer et de laisser vos préjugés de côté tout comme plusieurs ont fait autour de moi durant ces 27 dernières années.

Plus d’informations :

Article informatif d’EnBeauce.com

**Il faut comprendre qu’ici je m’exprime en mon nom et je parle de mon expérience. Je ne parle pas au nom de tous les épileptiques, chaque personne vit et ressent la maladie de manière différente.

commentairesCommentaires

16

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  • JP
    jacques P
    temps Il y a 5 ans
    bravo et sortout ne lâche pas.
  • EL
    Elyse Laroche
    temps Il y a 5 ans
    Merci énormément pour ce bel article qui démontre qu’une personne épileptique n’est pas un monstre ou une calamité pour son entourage! Étant moi-même épileptique, en passant des absences et aux crises de «bacon », je vis très bien ma vie et ça me fait toujours plaisir d’expliquer ce que c’est et ce qu’il faut faire. Mais j’ai compris avec le temps que ce n’est pas tout le monde qui a une ouverture d’esprit!

    Merci encore de ce beau message et que rien ne vous arrête dans vos prochaines aspirations et réalisation! :)
  • G
    ghislain
    temps Il y a 5 ans
    ta tellement raison tres diffécile a vivre
  • SB
    S. B
    temps Il y a 5 ans
    T'es super de partager ton vécu ,ton état d'être , tu déverrouilles les portes de mon ignorance , ton témoignage m'a fait grandir . Bravo pour ta ténacité . T'es un exemple de persévérance et d'acceptation et heureuse ,je souhaite que la vie soit bonne et généreuse avec toi . 💐👍
  • H
    Hélène
    temps Il y a 5 ans
    Merci Mme Denoncourt pour votre partage! Je suis la maman d'une petite fille de 4 ans qui est aussi épileptique. Quand je surprends mon cerveau à imaginer son futur, je m'empresse à le ramener dans l'instant présent parce que j'ai peur de ce qu'il lui réserve. Grâce à vous, je peux avoir l'espoir qu'une vie pleine et enrichissante est à sa portée. Je vais imprimer votre témoignage pour lui faire lire quand elle aura des doutes (ça se peut que je le relise de temps en temps aussi…). Merci encore!
  • MDMC
    maman de miss céto
    temps Il y a 5 ans
    Merci de ce beau témoignage qui donne de l'espoir pour l'avenir de ma fille de 9 ans. Comme vous, elle ne doit pas nager, mais y va tous les vendredi, ne doit pas skier mais dévale les pistes plus vite que moi, n'arrivera pas a finir son primaire, mais n.a jamais redoublé malgré les nombreuses absences (dans toutes ses formes hahaha), et définitivement, pour sa soeur, parle beaucoup trop :)

    Le plus difficile est de garder espoir alors que depuis 6 ans, elle n'est pas stabilisé, mais votre message est un réel espoir. Votre texte sera notre lecture de ce soir :)
  • AB
    Audrey Belanger
    temps Il y a 5 ans
    Wow très beau témoignage!! Nous ne sommes pas que la maladie! Je me suis fais opérer il y a 6 mois pour l'épilepsie! Lobectomie du quart du cerveau! Je suis un petit miracle hehe aucune séquelle et je recommence à vivre après 3 ans de pause ! La maladie fera toujours partie de moi mais je l'accepte maintenant comme un bel apprentissage! Elle m'a rendue plus forte et j'en suis sûre en fais de même pour beaucoup! 💪💪 on continue a vivre et on informe le monde! il n'y a pas de meilleur plan! :)
  • RV
    Renald Veilleux
    temps Il y a 5 ans
    Je te comprends donc, épileptique depuis 8 ans, il faut avoir une force et un morale un peu plus fort que les autres! Reussir, à se tailler une place comme les autres, j'ai dû m'abstenir de le dire à mes employeurs! Car, j'ai 70ans, personne croyais que je travaillerais dans la construction , j'ai fais mes études au secondaire, même 1 an arpenteur ét mesurer de bois! J'ai fondé une famille (4 enfants, une épouse compréhensible,bientôt 44ans de mariage ) C'est vraiment nous, qui décidons de ce que nous voulons faire, l'aide de nos parents à avoir confiance en nous, est très important! Je suis à la retraite maintenant, j'ai eu un accident au travail, mais l'epilepsie n'était pas en cause, mais les assurances en ont profité pour me rendre coupable d'avoir omis de leur dire, donc, dîtes le, ce que les assurances cherches à trouver, nos faiblesses et l'epilepsie est une bonne excuse!
  • P
    posotif
    temps Il y a 5 ans
    mme d énoncourt vous venez de gagné la médaille d.or de l.année pour votre partage de la maladie qui vous éprouve dans la vie et de voir ton positif et de faire aimer notre vie je vous remercie et me donner le gout de ma vie je vous aime pour vos paroles d.encouragement et te souhaite une tres longue vie dans l.amours des ami(e)s que la journée d.aujourd.hui ta appotée
  • HM
    Huguette Morissette
    temps Il y a 5 ans
    Bravo pour cet article. Votre courage et votre ténacité sont un bel exemple.
    Bonne continuation.!
  • CLG
    Claire Luce Gilbert
    temps Il y a 5 ans
    Gabrielle,
    C'est un très beau texte qui décrit le courage, la persévérance et la détermination d'une jeune femme positive et intelligente. C'est très inspirant de te lire.
  • I
    Isabelle
    temps Il y a 5 ans
    Que dire de cette jeune femme wow et wow encore. Merci pour ton ouverture. Tu ma faite du bien et je me suis senti moins seule.
  • TB
    Tommy Bourbonnais
    temps Il y a 4 ans
    Beau témoignage
    lache pas.
    effectivement les employeurs ont souvent peur car je leur disais des le debut et jai jamais eu une job de 14 ans à 28 ans .A 28 ans jai appliqué sur un poste de préposé au bénéficiaire sans le dire a mon employeur jai été engagé malheureusement 2 mois après jai fait une crise d'épilepsie au travail et jai été congédié 3 semaines apres.Aucun resident n a été blessé heureusement.

  • C
    Cavro
    temps Il y a 4 ans
    Je m'appelle Amandine et comme toi, je suis épileptique depuis mes onze ans. Aujourd'hui j'ai 37 ans, ce n'est pas résolu, j'ai passé mon BEP secrétariat par correspondance avec le cned car mon lycée appelait mes parents dès la première crise. Ensuite on a découvert que j'avais aussi la maladie de ceoliac, donc plus de gluten ou autre et presque tous mes cachets en avaient. Empoisonnent avec la depaquine, heureusement qu'il est retiré de la vente celui-là! Bref, je n'ai jamais eu d'emploi, je vis chez mes parents, je suis dépendante d'eux et malgré tous ces malheurs, on espère trouver un homme ou une femme qui nous accepterai et donner un peu de joie et d'amour selon nos désirs. On y arrivera!
  • A
    Amandine
    temps Il y a 4 ans
    Bravo, tu as réussi à construire ta vie, moi j'ai 37 ans, épileptique depuis mes onze ans, dépendante de mes parents, j'ai aussi la maladie de ceoliac, difficile mais il faut se dire qu'il y a des gens qui nous acceptent comme tu as trouvé ton bonheur. Cela redonne du baume au cœur et j'espère que ça arrivera, déjà 5ans que mon petit ami est parti.
  • F
    furet
    temps Il y a 3 ans
    Je suis épileptique depuis plusieurs années. j'ai lu ton message qui me touche et me paraît identique à ma vie que je vis actuellement. J'aimerai faire connaissance (pas virtuel) avec des personnes qui sont dans la même situation. on est considéré comme des personnes différentes et les amis (e) je n'en ai pas beaucoup.
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