Lors du Café Historique
Canam et Manac: l'épopée de deux entreprises beauceronnes au rayonnement international
Les entreprises Canam et Manac de Saint-Georges étaient à l'honneur lors du dernier Café historique de la Société Sartigan, tenu vendredi.
Pour l'occasion Marcel, Marc et Charles Dutil étaient invités à revenir sur l'histoire de ces deux entreprises familiales.
Les trois hommes de la famille Dutil ont partagé, à la salle quasiment pleine, les secrets, les anecdotes et autres histoires qui ont fait ce que Canam et Manac sont devenues aujourd'hui.
C'est le 15 août 1960, que Canam est créée par les parents de Marcel Dutil. Les parts à ce moment-là sont détenues à 50 % par la famille Dutil et 50 % par des ingénieurs de Boston.
« Le but de cette entreprise était de produire des poutrelles à Saint-Gédéon, avec de l'acier venant des pays communistes, comme la Pologne et la Tchécoslovaquie. Le coût de l'acier livré à Québec, était de 60 $ la tonne et le prix sur le marché américain était environ de 80-85 $ la tonne » a lancé Marcel Dutil.
Le choix de mettre l'usine à Saint-Gédéon s'est fait car l'acier arrivait à Québec. Ensuite, il se rapprochait de la frontière en étant transformé là-bas, pour terminer par servir le marché de la Nouvelle-Angleterre.
Pour Manac, l'aventure a débuté en 1966 à Saint-Georges, directement dans la grange de Marcel Dutil. « Il y avait un dénommé Lessard à Québec, je suis donc allé dans la cour et j'ai regardé comment était fait une remorque (rire). Je me suis dit qu'on était capable de faire ça. On s'est fait trois remorques pour nous, et après ça, les demandes sont arrivées », a-t-il détaillé. La première année, Manac a construit 11 remorques.
Un Groupe Canam Manac tourné vers l'international
Par la suite, les deux entreprises se sont retrouvées après l'achat de Canam par Manac en 1972. Au départ, le groupe devait s'appeler Manac-Canam, mais Québec a refusé à cause de la langue française.
En 1977, le Groupe Canam Manac acquiert Treco, l'amenant à participer à plusieurs projets en Algérie jusqu'en 1985. Le groupe a notamment contribué à la reconstruction de la ville d'El Asnam qui avait été détruite par un tremblement de terre.
« Près de 400 personnes travaillent en Algérie et on a fait beaucoup d'ouvrages pour ce pays. On a fait environ 1 million de chiffre d'affaires là-bas », a ajouté Marcel Dutil.
Lors de son arrivé au sein du groupe, Marc Dutil avait pour mission d'aller présenter le logiciel de dessin industriel que proposait Canam. « J'ai fait le tour de l'Amérique avec un Machintoch. Je cognais aux portes et je disais "Can I show you my computer please". Les gens voyaient des choses qu'ils n'avaient jamais vues et étaient intéressées », a ajouté Marc Dutil.
Un peu plus tard, Marcel et Marc, qui étaient à Paris pour un événement, se retrouvent en Roumanie pour venir présenter leur projet. « On a fini par engagé un Roumain directement sur place. On leur a dit qu'il y avait du talent ici, avec des ingénieurs et que l'on en avait vraiment besoin. Près de 27 ans plus tard, il y a 95 personnes en Roumanie qui travaillent pour nous ». En 2003, Marc Dutil devient président et chef de l’exploitation de Groupe Canam Manac.
Manac et Canam se séparent pour mieux s'organiser
Dès 2002, Charles Dutil devient à son tour président de l'entreprise Manac. « C'est un cheminement naturel. On travaille chez Canam et Manac de père en fils, c'est une tradition. C'est une responsabilité, car c'est le gagne-pain et le destin de 1 500 employés, on n'a pas de droit de se tromper souvent, car l'impact est énorme », a partagé Charles Dutil.
En 2004, Manac est vendu après l'adoption d’un plan stratégique pour concentrer les activités du Groupe Canam Manac dans les segments d’affaires liés à la construction.
Les deux entreprises font donc leur chemin chacune de leur côté. Pour Canam, les années 2000 marquent des gros contrats tel que la construction de deux stades de baseball à New York, à savoir celui des Mets et des Yankees. En 2008, ils obtiennent aussi le contrat pour la fabrication et le montage du nouvel aréna des Penguins de Pittsburgh dans la LNH.
Pour Manac, l'entreprise s'élargit en achetant les actifs de Kalyn-Siebert et son usine située à Trois-Rivières. Elle ouvre également un nouveau centre de ventres et services à Mississauga, puis dès 2002, une autre usine à Oran, au Missouri, qui sera la première usine de l'entreprise en sol américain. Cette dernière sera suivie de l'ouverture d'une autre usine à Kennet en 2007.
Un groupe familial qui redonne à la communauté
Les deux entreprises familiales se sont donné l'objectif d'aider la communauté un maximum. Rendez-vous à la rivière (les passerelles de Saint-Georges et l'Île Pozer), la Maison Catherine de Longpré, infrastructures sportives ou encore l'École d'Entrepreneurship de Beauce, tous ces projets ont été rendus possible grâce au Groupe Canam Manac.
« Je dois dire que l'on est chanceux, donc si on peut faire une différence, on doit faire une différence. En tant que Canadien, quand on regarde ce qui se passe sur la Terre, on est chanceux. Alors en sachant cela, on se doit de redonner aux autres », a continué Marcel Dutil.
« On a l'incroyable chance d'être né au Canada, au Québec, à Saint-Georges, d'un père et d'une mère dont on sera reconnaissant jusqu'à la fin. Si on ne veut pas partager avec les gens qui contribuent à la création de nos richesses, qu'est-ce que ça donne ? », a ajouté Charles Dutil.
Pour rappel, le Groupe Canam en 2023, c'est 3 600 employés dans 12 usines et près de 600 personnes dans les bureaux d'outre-mer. Ce sont environ 5 000 à 6 000 projets réalisés chaque année.
Chez Manac en 2023, c'est environ 1 500 employés, dont près d'un millier à Saint-Georges. Mais aussi cinq usines de production et 150 points de vente en Amérique du Nord. Au Canada, Manac est numéro 1 dans la production de semi-remorques, 7e en Amérique du Nord et 17e dans le classement des 50 premiers fabricants de semi-remorques au monde.
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