À la suite du reportage de l'émission « Enquête »
L’APBB revendique le droit à l’équité dans les prix aux producteurs

Par Salle des nouvelles
À l’instar de la Fédération des producteurs forestiers du Québec, l’Association des propriétaires de boisés de la Beauce (APBB) revendique elle aussi le droit à l’équité dans les prix du bois rond, en plus d’un meilleur accès aux marchés pour les producteurs de la forêt privée de la Beauce.
L’Association et la Fédération ont réagi au reportage Quand les billots se transforment en billets - Les grands perdants des prix records du bois d’œuvre, diffusé à Enquête, le jeudi 7 octobre sur les ondes de la télévision de Radio-Canada.
Le président de la Fédération, Pierre-Maurice Gagnon, a déclaré dans ce reportage : « La situation qu’on vient de vivre, c’est un véritable scandale. » Quant au second vice-président de la Fédération, Éric Cliche, qui est aussi président de l’APBB : « Dans la dernière année, une majorité de producteurs fournissant les scieries n'ont pu bénéficier du prix record du bois d'œuvre. Au final, les grands perdants sont les véritables producteurs, dont le revenu a stagné, et les consommateurs qui ont reçu la note finale ».
Afin de corriger les iniquités, les producteurs de plusieurs régions ont décidé, par voie démocratique, de réorganiser la mise en marché collective de leur bois livré aux scieries, tel que permis dans la Loi sur la mise en marché des produits agricoles, alimentaires et de la pêche.
Bien que de telles initiatives aient déjà prouvé leur utilité dans les secteurs forestier et agricole, plusieurs d'industriels, entrepreneurs forestiers et très grands propriétaires s'opposent systématiquement au droit fondamental de négociation collective des producteurs devant la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec.
La situation dénoncée dans le reportage d’Enquête ne concerne pas que le Bas St-Laurent, qui est la région où les producteurs reçoivent parmi les prix les plus bas au Québec. Et, contrairement aux affirmations de Louis-Frédéric Lebel, ce n’est pas que le sapin qui explique les faibles prix de cette région puisque le % de sapin est similaire en Beauce, où il paie lui-même plus cher pour la même fibre. C’est clairement une question de compétition. Toutes les régions sont touchées et la Beauce, tout comme ses proches voisines – L’Estrie, Québec et la Côte-du-Sud, n’y échappent pas.
« En Beauce, en plus des prix inéquitables, les producteurs font face à un problème d’accès aux marchés, de dire le président Cliche. Les usines contingentent les entrées de bois, sinon cessent les achats, et certaines n’affichent pas les prix aux producteurs. De façon surprenante, les acheteurs prennent des décisions qui coupent le lien avec le véritable producteur forestier, c’est-à-dire, le propriétaire du bois. Pourtant, un des arguments principaux des opposants à la mise en marché collective du bois de sciage consiste à vouloir maintenir le lien avec les producteurs. C’est plutôt les transporteurs et les entrepreneurs forestiers qui sont favorisés. »
La Fédération est d'avis qu'il faut trouver des solutions collectives et innovatrices pour partager équitablement la richesse forestière du Québec. L'amélioration des conditions de mise en marché des producteurs de bois est également tributaire d'une refonte en profondeur du principe de résidualité, afin d'accorder au bois des forêts privées un véritable statut prioritaire sur celui des forêts publiques, qualifié de résiduel.
L’Association, qui reçoit déjà beaucoup de commentaires des propriétaires de boisés de la région, les invite à se manifester davantage pour faire changer les choses. Le président Éric Cliche affirme qu’il ira à la rencontre des propriétaires, afin de les entendre et de les mobiliser.
Rappelons qu'on retrouve 134 000 propriétaires forestiers au Québec, dont 11 000 en Beauce, fournissant, à tour de rôle, en fonction de l'état de leur boisé, environ 20 % des approvisionnements en bois des scieries, des papetières et des usines de panneaux.
Pour partager votre opinion vous devez être connecté.