L'état du centre-ville fait encore jaser…
Depuis la semaine dernière, la diffusion de l'émission Direction centre-ville, produite par TVCogeco, a fait renaître de vieilles querelles entre les commerçants de la 1re Avenue et l'administration municipale. Alors que les commerçants voudraient davantage d'appui de la part du maire, celui-ci leur demande d'être patients et de faire leur bout de chemin.
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Réalité oblige, il faut dire que l'émission dressait un portrait plutôt médiocre de l'état du centre-ville de Saint-Georges, principalement entre les 118e et 130e rues. Même le maire Roger Carette reconnaît que cette section est problématique. Plusieurs déplorent aussi le fait qu'il manque beaucoup d'aménagements urbains et de petites boutiques sur la première avenue, comme une boulangerie ou une chocolaterie, pour en faire une « main » digne de ce nom.
Oser le centre-ville
C'est le cas de Kim Rioux, propriétaire de la boutique Histoire de bulles sur la 1re Avenue. Malgré la mauvaise réputation du centre-ville, celle-ci n'a pas hésité à s'y installer en juin dernier. « Quand j'ai dit que je m'en venais ici, tout le monde me faisait la grimace. Les gens me disaient : t'as pas peur? Le centre-ville de Saint-Geogres est laissé à l'abandon et ça ne marche pas! », témoigne Mme Rioux. Mais en tant que « petite nouvelle » à s'être installée au centre-ville, celle-ci ne regrette pas sa décision, loin de là. « Je me dis que si il y a des commerçants qui voient que je suis capable de faire mes affaires d'ici, ça va peut-être en inciter plus à venir et à la longue, ça va tous nous aider », espère-t-elle.
Bien que Mme Rioux souhaite vivement une revitalisation du centre-ville, elle mise aussi sur un changement des mentalités pour redorer le blason de ce coin de la métropole beauceronne. « Si tout le monde se dit tout le temps que le centre-ville, ça ne marche pas et qu'il n'y a personne qui vient, il ne se passera jamais rien au centre-ville. Et si les dirigeants de la Ville voient qu'il ne se passe rien, ils ne feront rien. C'est un cercle vicieux », estime cette dernière.
Un peu de positif S.V.P.
Déplorant le langage négatif des gens lorsqu'ils parlent du centre-ville, le maire de Saint-Georges abonde dans le même sens que Mme Rioux. « À force de dire que ce n’est pas beau, les gens sont partis. Les gens ont provoqué l'évasion, car à force de dénigrer leur milieu, eh bien ils l'ont vidé. Là il est vide et ils pleurent », a déclaré M. Carette rencontré à son bureau.
Ce dernier voudrait bien entendre un discours plus positif de la part des gens et dit prendre son temps dans ce dossier pour ne pas dépenser n'importe comment l'argent des contribuables. « On est prêts à faire des choses qu'il ne faudra pas refaire. On va essayer de collaborer dans la mesure du possible, mais il faut que les gens fassent leur partie », précise le maire.
À chacun de faire son bout
Mireille Boucher, gérante à la Papeterie Saint-Georges, souhaite également que chaque propriétaire d'édifice fasse son bout de chemin, pour garder sa devanture en bon état par exemple. « Il y a quelque chose à faire si on met le temps, l'énergie et l'argent évidemment. Les marchands font leur bout, mais il n'y a pas d'appui au niveau municipal », déplore Mme Boucher.
« On paye des taxes depuis des années... pour absolument rien. C'est urgent qu'il se passe quelque chose! », continue celle qui voudrait voir plus de verdure et de vie près de sa boutique, pas juste de l'asphalte et du béton.
Admettant que de belles choses avaient été faites à Saint-Georges, Anne Dutil de Placement Lacroix-Dutil, estime qu'on en est rendu à l'étape du centre-ville. « On a besoin d'une vue d'ensemble et d'un projet commun. Une Ville, c'est supposer se gérer en collaboration avec les gens », explique Mme Dutil.
Cette dernière voudrait que s'installent une collaboration et un dialogue sincère de la part de tous les intervenants. « Il faut changer cette fausse réputation du centre-ville. Il y a de quoi de superbe à faire.
Ce n’est pas tellement des gros investissements qu'on demande à la Ville qu'une écoute de sa part. Ça prend de la bonne volonté », souffle Mme Dutil.
Le plan de la ville
Questionné sur le plan quinquennal concernant le centre-ville, le maire de Saint-Georges a tenu à préciser que la priorité allait être mise sur les immobilisations essentielles. « D'abord, le plan pour le centre-ville existe, il est là et il est connu. Maintenant on le réalise à une vitesse normale. Il y peut-être des gens qui trouvent que ça ne va pas assez vite, je le reconnais. Mais il faut que ces gens-là soient conscients que ce n'est pas à la Ville qu'ils demandent des affaires, c'est aux contribuables », se justifie M. Carette.
Le plan de revitalisation du centre-ville est compris dans le projet de piste cyclable allant d'un barrage à l'autre. En réaménageant la promenade de la Chaudière, la 1ere avenue commerciale devrait bénéficier d'une cure de rajeunissement. D'importants travaux sur le réseau d'aqueduc de cette partie de la Ville et la remise en état du quai Pinon sont inclus dans ce plan, qui est estimé à environ 6 millions $. Le maire prévoit que les travaux s'étendront jusqu'en 2011, mais émet des réserves dans le cas où la crise économique qui s'amorce serait sévère.
Continuer d'y croire
Comme plusieurs commerçants ayant travaillé fort pour leur centre-ville, Nunzio Razzano, propriétaire du restaurant Joannina Omerta Club, ne baisse pas les bras. « Le centre-ville c'est le coeur d'une ville, commence M. Razzano. Quand il se meurt, ça ne regarde pas bien pour cette ville. Alors, je ne dirai pas qu'on a abandonné, parce que si je disais ça, ce serait dire qu'on ne croit plus en nos projets et en nos commerces. Donc, on y croit et il faut y croire, mais honnêtement, avec l'administration actuelle à l'Hôtel de Ville, je ne vois pas le jour où il y aura une volonté politique de faire quelque chose avec le centre-ville. On en parle, mais quand vient le temps d'investir, ça bloque. Je trouve ça de valeur », termine-t-il.
Kim Rioux ne regrette pas d'avoir déménagé sa boutique Histoire de bulles sur la 1re Avenue.
Espérons que le Père Noël apportera un locataire en cadeau à cet édifice vide.
Plusieurs estiment que des paysages comme ceux qu'offrent ces blocs de béton ne devraient pas être tolérés par la Ville.
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