On n'a plus les garages qu'on avait. Aujourd'hui, on fait le plein surtout chez les marchands style dépanneurs, dotés de plusieurs pompes libre-service. Auparavant les commerces où on allait acheter l'essence s'appelaient des stations-service, et la plupart donnaient justement le service. Mais encore plus loin, on les appelait simplement des garages, car non seulement vendaient-ils de l'essence et donnaient-ils le service, mais ils faisaient mêmes l'entretien et les réparations, ce qu'on appelait «la mécanique».
Au siècle dernier, il y avait à deux rues de chez moi un de ces garages, celui de Vénérand Larivière, construit dans les années '50 (photo 1). Il était situé sur le boulevard Dionne, entre la 10e et la 11e rue. À ses débuts, il vendait les produits Shell. Quand j'étais adolescent, c'est là que j'allais pour acheter la gazoline pour mettre dans la tondeuse, on utilisait à l'époque un gros gallon en vitre avec une petite anse, ce qui coûtait 0,35$, l'équivalent coûterait aujourd'hui pas loin de 10$. À l'extrême gauche, on discerne le bout d'un édifice à deux étages, il s'agit de la résidence de M. Vénérand Larivière, qui y exploitait également une petite épicerie genre dépanneur au rez-de-chaussée. J'allais y acheter mes cartes de hockey.
Selon une publicité de 1961, Vénérand faisait de la réparation générale et du remorquage (photo 2). Quelques années plus tard, ses deux fils Yvon et Urbain ont pris la relève. Ils étaient affiliés à la bannière Esso, comme on le constate à une publicité de décembre 1968 (photo 3). On y apprend qu'ils vendaient des pneux Atlas et faisaient de la réparation générale. On pouvait y laver son auto pour .25c, lavage à pression. Des années plus tard, on a complètement modifié et modernisé l'apparence de l'établissement, on y a ajouté deux portes de garage au nord, en plus de changer le nom pour SERGAZ, comme on le voit à la photo 4, prise au début des années '90. Sergaz était un réseau de franchises de distribution d'essence à travers le Québec; cette compagnie fut acquise par Ultramar en 1994.
Vers l'an 2000, on a amputé l'ancienne maison de Vénérand (celle qu'on aperçoit à la gauche de la 1re photo) d'un étage et transformé le premier étage en élégante résidence (photo 5). Puis vers 2018, on l'a complètement démolie pour agrandir le stationnement du commerce de vente de tracteurs neufs et usagés qui appartient à M. Serge Lessard, au 1050 de la 6e avenue (photo 6). Ce dernier a en quelque sorte pris la relève de son père M. Aurélien Lessard qui fut lui-même un important vendeur de tracteurs de ferme pendant de nombreuses décennies, et dont le dernier établissement était situé pas très loin au nord, soit sur le site où se trouve aujourd'hui le dépanneur Lave-Auto Shell Super Soir, là où se rejoignent la 1re avenue et le boulevard Dionne.
Photo 1 du fonds Claude Loubier. Photo 2 publicité dans l'annuaire téléphonique d'août 1961 et photo 3 publicité parue dans l'Éclaireur-Progrès du 25 décembre 1968 p. 17. Texte et recherches de Pierre Morin.
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