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Durs lendemains après la débâcle de 1896

durée 08h00
23 mars 2025
duréeTemps de lecture 4 minutes
Par
Pierre Morin

LA SOCIÉTÉ HISTORIQUE SARTIGAN

La pire débâcle que notre ville a connue est celle de 1896. Même le pont fut emporté par les glaces. Ce fut une tragédie pour les citoyens des deux rives qui ont été ainsi empêchés de rendre visite à leurs parents et amis sur la rive opposée de la façon habituelle. Les photos 1 et 2 ont capté des images des débris dans les semaines suivant le départ des glaces. On constate que la partie supérieure des piliers a été détruite, ne laissant que des restants de la base à fleur d'eau.

Le propriétaire du pont a bien tenté d'y échafauder un genre de pont temporaire en s'appuyant sur les bases restées en place, mais en vain. En effet, remarquez les madriers plus minces au-dessus des ruines des piliers originaux, ce sont des structures temporaires que David Roy a mis en place en vue de maintenir un pont provisoire, mais ses efforts furent inutiles, car le fort courant a arraché ces madriers. Les géorgiens ont donc été contraints d'attendre à l'hiver suivant (février 1897) pour assister à l'érection d'un nouveau pont, car le constructeur devait s'appuyer sur le couvert de glace pour ériger la structure, après avoir complètement refait les piliers au cours de l'été, pendant que le débit de la rivière était à l'étiage, en juillet et août 1896.

Pendant la période où ils ont été privés du pont, les villageois de l'est se rassemblaient près de la rivière pour participer de loin à la messe du dimanche (photo 3). L'historien Vézina a écrit: «Une photographie montrera au lecteur les prières publiques qui furent dites en plein air. Le clergé et les fidèles se tiennent près de l'église et chantent, tandis que les gens du côté est répondent».

Cette 3e photo illustre d'autres dégâts, on y voit les environs du pont où se trouvait la maison des frères  Bérubé. Au début du siècle dernier, les frères Ludger et François Bérubé avaient acquis une grande renommée dans le domaine de l'ébénisterie et de la menuiserie. Ils ont été des bâtisseurs très actifs. Cette photo, prise peu après la débâcle de 1896, nous montre leur résidence construite dans l'écore, près du pont de bois. Celle-ci comptait 4 étages, mais il n'y en a que trois sur la photo, l'étage du bas ayant été complètement submergé par les glaces qui n'ont pas encore fini de fondre. Les Bérubé se sont tous deux mariés en 1898, François le 21 février et Ludger le 25 juillet. Ils ont démoli cet édifice vers 1900 et se sont reconstruits ailleurs, au sud de l'église, car leurs épouses ne voulaient probablement pas aller résider dans celle sur le bord de la rivière, qui risquait d'être encore inondée plus tard. Une application du grand principe: ce que femme veut, Dieu le veut.

Selon les informations des témoins de cette époque, le pire de cette débâcle a été du 14 au 22 avril 1896. Par la suite, les choses se sont calmées, les glaces ont fondu et la vie a repris son cours normal. C'est alors que des citoyens ont entrepris de nettoyer les lieux. De nombreux débris se sont échoués sur la rive. À l'époque, de tels matériaux étaient précieux, on ne pouvait se permettre de les laisser à l'abandon. Et contrairement à ce qui se passerait de nos jours, on ne faisait pas venir un conteneur pour envoyer le tout au dépotoir. On récupérait tout ce qu'on pouvait car les gens n'étaient pas riches. Voici la photo de l'équipe d'ouvriers occupés à ce fastidieux travail dans les jours suivants (photo 4). Après bien des recherches, j'ai réussi à trouver les noms de quelques-uns de ces travailleurs. Les voici  de gauche à droite: Zéphirin Jacob, Ludger Bérubé, David Roy (celui, trapu, qu'on voit de côté), le plus haut Dr Georges Cloutier, juste en dessous François Bérubé (photo 5). Les trois de droite ne sont malheureusement pas identifiés. 

Même le docteur Cloutier a participé à cette corvée. Quand un tel malheur arrivait, les gens faisaient preuve de solidarité et s'entraidaient, ils n'étaient pas payés pour ce genre de travail. En plus qu'ils avaient intérêt à ce que le pont soit rebâti rapidement. Plus vite les matériaux seraient récupérés, plus vite David Roy reconstruirait-il son pont de bois. C'est ce qu'il fit par la suite, et les gens ont ainsi pu reprendre leur routine habituelle en 1897.    

Photos du fonds Claude Loubier. Texte et recherches de Pierre Morin.

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