Avez-vous connu l'époque où on pouvait savourer une «patate, sauce, pois» pour 25c ? Accompagnée d'une liqueur pour 15c ? Et si vous aviez un p'tit goût de sucré, pourquoi pas ajouter un «flotteur» aussi appelé «ilot sur Coke», soit une boule de crème glacée dans un verre de Coke pour 20c ? Ces items étaient disponibles au Café Paris. Autre exemple de menu d'un casse-croute en 1958, photo 2. C'était le coût de la vie il y a 65 ans.
Les plus âgés l'ont connu et les plus jeunes en ont entendu parler: le fameux Café Paris de la 2e avenue. Il fut fondé en 1930 par M. Louis Drouin qui l'a opéré pendant plusieurs années. La 3e photo nous montre M. Drouin posant fièrement devant son établissement vers 1934. Il fut plus tard maire de la ville pendant deux ans, en 1947 et 1948. Remarquez que pendant environ 10 ans, le garage Morin GMC était situé juste à côté, soit entre le Café Paris et le Théâtre St-Georges. Et en face, comme on le voit à la 4e photo, c'était, en 1935, le garage L. P. Baril. En 1945, J. W. Morin acheta le garage Baril et y déménagea son garage d'autos G.M. tout en conservant le terrain à côté du Café Paris, où il garait ses autos à vendre, sur une grande plateforme en bois dont la partie arrière était érigée sur des pilotis.
Après l'avoir exploité pendant environ 15 ans, M. Drouin a vendu son restaurant à son beau-frère Rosaire Morin, alias «Pit La Jambe», qui l'a exploité à son tour pendant plusieurs années. Il résidait dans la section droite (côté nord) de l'immeuble. Il a conservé la propriété de cet immeuble jusqu'à son décès, survenu le 1er janvier 2001.
Le plus connu des opérateurs fut M. Guy Bernard (qui louait de Rosaire Morin) dans les années '50 et '60. M. Bernard servait de la cuisine excellente et très variée, à prix raisonnable. Le poulet BBQ. le smoke-meat et le spaghetti étaient délicieux. C'était à l'époque le rendez-vous des jeunes après la soirée. Les clients préféraient les banquettes rondes près des vitrines. Il y avait sur chaque table un petit juke-box avec la liste de tous les disques qu'on pouvait faire jouer après y avoir inséré la pièce de monnaie requise. Le coût d'une sélection était de 5c dans les années '50, augmenté à 25c pour 3 sélections dans les années '60 (photo 5). La majorité des baby-boomers actuels ont fréquenté cet établissement si populaire dans leur jeunesse, beaucoup s'y rendaient en fin de soirée, venant du Manoir ou du Morency. De la première avenue, on pouvait y accéder par un petit sentier pédestre passant entre l'ancien bureau de poste et le restaurant Chez Francine.
Un autre opérateur a été M. Jean D'Arc Vachon et sa conjointe Réjeanne Champagne au tournant des années '70 (photo 6).
Le gros feu de la 2e avenue, en juillet 1965, a failli le détruire (photo 1) mais heureusement le vent a tourné et le pompiers ont réussi à maitriser l'incendie, de sorte que l'établissement a pu continuer. Il fut vendu en 1972 à des asiatiques qui ont changé le nom pour le New Dragon (photo 7) qui offrait un buffet chinois. Il a fermé en 1999. Le bâtiment fut ensuite démoli dans l'avant-midi du mercredi 21 novembre 2001 et aujourd'hui, c'est un terrain vacant. Un souvenir qui rend mélancoliques ceux qui l'ont fréquenté.
Photo 1 du fonds Claude Loubier. Photo 3 du fonds Caroline Paquet. Photos 4 courtoisie de Mme Anne Provost. Photo 6 du fonds Éclaireur-Progrès. Texte et recherches de Pierre Morin.
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