L'incendie d'un immeuble ancestral au centre ville est toujours un drame d'une grande tristesse. C'est malheureusement ce qui est arrivé dans la soirée du samedi 16 mars 2024, alors que l'édifice où logeait le restaurant Chez Francine et 11 logements d'habitation fut entièrement détruit par le feu.
En vérité, ce n'était pas la première fois qu'un édifice érigé sur ce site a été la proie des flammes. En fait le plus surprenant, c'est que cet autre feu est survenu au même endroit presque 100 ans jour pour jour, soit 100 ans et deux mois, le 9 janvier 1924. Voyez la première photo illustrant l'imposant immeuble qui a existé en premier, bâti vers 1910 par les frères Philippe et Georges fils. C'était un solide immeuble en briques qui a servi de magasin général pendant plusieurs années. Si vous agrandissez la photo, vous verrez le nom de Thibaudeau Frère sur le haut de la vitrine (photo 2). Ils avaient un autre immeuble commercial en face.
Le 24 février 1923, les frères Wilfrid et Auguste Lessard, faisant affaire sous le nom de Lessard et Frère Ltée, avaient acheté le magasin général de Thibaudeau et Frère, mais ils ne purent en profiter bien longtemps, puisque l'édifice fut complètement détruit par un incendie moins d'un an après l'achat, soit dans la nuit du 9 janvier 1924. Le terrain demeura vacant pendant 5 ans, soit jusqu'au 26 avril 1929, date à laquelle les frères Thibaudeau le récupérèrent et y reconstruisirent peu après un nouvel immeuble aux proportions semblables. On en changea toutefois la vocation, car ce fut plutôt une importante épicerie qui s'y installa, sous le nom de «Rouge et Blanc», opérée (de 1931 à 1942) par Gérard Thibaudeau, fils de Philippe (photo 3).
Au cours des décennies suivantes, après que Gérard eût fermé son magasin (vers 1942) pour s'occuper des autres entreprises de commerce de bois de son père, lui et son frère Andréa le transformèrent en bâtisse commerciale, lui donnant le nom d'Édifice Central (photo 4). Si on compare la 3e photo avec la 4e, on constate que la devanture de l'immeuble a été modifiée à une certaine époque: l'escalier donnant accès au commerce a été éliminé et le sous-sol est devenu rez-de-chaussée. C'est à cet endroit que Gérard Poirier fonda et opéra son premier magasin de meubles en 1952, comme on peut le constater à la publicité affichée sur la façade; à cette époque, il y avait des bureaux au second étage, dont celui de l'optométriste Hubert Gendreau (à gauche sur la photo 3) et le commerçant Gérard Côté marchand de bois en gros à droite.
À la photo 5, les enseignes et annonces nous informent d'autres commerces ayant occupé ces lieux: Le Salon de coiffure Bernard du nom de son propriétaire Jacques Bernard qui était alors le seul homme à coiffer des dames à cette époque. Aussi le Salon Parisien qui vendait des vêtements pour dames. Et juste au-dessus de la porte d'entrée l'affiche du nom du chiro Donald Rodrigue dont le bureau était situé dans cet immeuble. Par la suite, l'immeuble a accueilli divers commerces et bureaux, dont Alliance Voyage (photo 6, 13 août 1966.
Ce bâtiment fait partie de l'histoire de Saint-Georges. Le dernier commerce y ayant logé pendant près de 30 ans a été le restaurant Chez Francine (photos 7 et 8 ) dont j'étais moi-même un client assidu, puisqu'on y servait les meilleurs crêpes en ville. J'y suis allé la dernière fois deux jours avant l'incendie qui l'a détruit. Une photo des ruines (photo 9). Ceux qui ont fréquenté ce restaurant ne l'oublieront pas de sitôt.
Photos 1 et 2 du fonds Daniel Lessard. Photo 3, 4 et 5 du fonds Claude Loubier. Photo 6 du fonds Andréa Thibaudeau. Photos 7, 8 et 9 courtoisie d'Yvon Thibodeau. Recherches de Pierre Morin et Paulin Poirier. Texte de Pierre Morin.
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