Vous avez probablement entendu parler de la maison Godbout, mais vous ignorez de quelle habitation on parle au juste. Cette belle résidence existe encore et elle est l'une de celles qui ont été les mieux entretenues dans notre ville. C'est un des joyaux architecturaux géorgiens. On a bien conservé son cachet original avec la différence qu'en plus de loger ses propriétaires, elle abrite également un commerce discret au nom prédestiné: la Bijouterie et Joaillerie du Patrimoine. Ce superbe immeuble est situé à l'intersection de la 123e rue et de la 2e avenue, dans le haut de ce que plusieurs appelaient «la côte à Davis». Il s'agit d'une résidence de style néo-gothique, bâtie en 1904 par les mains magiques des frères François et Ludger Bérubé, assistés de l'habile Olivier Morissette à Louis. On la voit sur différents angles sur des photos anciennes (photos 1, 2 et 3). Remarquez la clôture de broche ainsi que le trottoir qui était en bois à peu près au même endroit que le trottoir en béton actuel. Aujourd'hui, le recouvrement de l'édifice est en blanc et le toit de couleur verte (photos 5 et 6).
On devine que l'appellation qu'on lui donne provient du nom de son premier propriétaire, M. Arthur Godbout, qui fut un homme important dans l'histoire de notre ville. Il a laissé un souvenir impérissable chez ceux qui l'ont côtoyé. Avocat, il s'installa à Saint-Georges en 1901 et épousa Corinne Poulin, fille du marchand Ephrem Poulin, ce sont des membres de ces deux familles qu'on voit devant la résidence à la 7e photo, Arthur est troisième homme dans la partie droite de la photo, son épouse Corinne est assise juste en avant de lui et ils se tiennent par la main. Il fut député libéral provincial de 1902 à 1921, et, à ce titre, il fut considéré comme une figure dominante. On le voit aussi assis dans un fauteuil dans le bureau de son ami Ulric Marcotte en janvier 1909, c'est celui à droite sur la 8e photo. Selon l'historien Vézina, «son influence était grande auprès des différents ministres. La Beauce lui doit la construction de nombreux ponts en fer, l'amélioration de ses routes de paroisses, la construction de maisons d'école et l'obtention d'innombrables octrois de toutes sortes...». Il était le frère de Jos Godbout, député fédéral de 1887 à 1901, puis sénateur de 1901 à 1923. Par la suite, Arthur est devenu juge, fonction dans laquelle il excella. Il est décédé en 1932.
Sa magnifique résidence, un édifice patrimonial, est venue à un cheveu d'être détruite dans les années '80. En effet, les marchands de la 1re avenue, sentant la compétition féroce des centres d'achats, se cotisèrent chacun de 5000$ et prirent entente avec les autorités municipales pour qu'on érige un grand stationnement au centre-ville entre la 123e et la 125e rue, en arrière de la rangée de commerces, ce qui fut fait. La maison Godbout devait disparaitre pour faire place à un stationnement à côté du nouveau qu'on venait d'ériger (photo 4). Le propriétaire de celle-ci refusa de la céder à la ville. Les marchands firent des pressions auprès des élus. Il aurait alors fallu intenter des procédures en expropriation pour l'acquérir en vue de la démolir ou la déménager. Les choses trainèrent en longueur, et finalement on a fini par oublier cette affaire, de sorte que la maison a survécu et est toujours là. Admirez-là la prochaine fois que vous passerez dans le secteur, elle a encore fière allure.
Photos 1, 2, 7 et 8 du fonds Réjean Giasson. Photo 3 du fonds André Bolduc. Photo 4 du fonds Éclaireur-Progrès. Photos 5 et 6 du fonds Yvon Thibodeau. Texte et recherches de Pierre Morin.
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