Son origine remonte aussi loin que dans les années 1920, alors qu'un immigrant roumain du nom de Jos Davis s'est installé à Saint-Georges. J'ai commencé à faire des recherches sur l'histoire du magasin Davis en 2017 en vue de rédiger quelque chose à ce sujet. J'ai publié un résumé de son histoire en juillet 2018, mais malgré des investigations intensives, je ne trouvais toujours pas l'année de son arrivée à Saint-Georges. Comme c'est le cas pour de nombreux textes que je prépare parfois longtemps à l'avance, je garde toujours en mémoire des éléments qui me manquent et dont je suis toujours à l'affût.
Or, alors que je travaillais récemment sur un tout autre sujet, je suis tombé par hasard sur le dernier des renseignements qui me manquait pour finaliser le texte concernant le fameux magasin Davis, qui fut autrefois si populaire chez nous. C'est en fouillant dans une brochure-souvenir publiée le 10 octobre 1954 sur la construction et l'ouverture de l'église l'Assomption: sous l'annonce de la Maison Davis, on mentionne «À votre service depuis 1922» (photo 5). C'est tout ce que contenait ce petit message, mais quelle satisfaction ce fut pour moi de découvrir enfin le point final qui manquait à cette histoire.
D'origine très modeste, Jos Davis fut d'abord ce que les gens de l'époque appelaient un «pedler à poche», soit qu'il partait à pied avec sa poche de vêtements à vendre faire le tour des paroisses environnantes, couchant chez des clients avec lesquels il développait un lien d'amitié. Puis après quelques années, il fit la même chose, mais en voiture à cheval. Et, vers le milieu des années '30, il s'établit dans une bâtisse qui n'existe plus mais qu'on voit à la photo 2. Pendant plusieurs années, ce commerce fut opéré par M. Davis lui-même et son épouse, le magasin était au rez-de chaussée et ils résidaient au second étage auquel ils avaient accès par l'escalier qu'on voit sur le côté. Plus tard, c'est devenu un immeuble à logements, comme on le voit à la 3e photo, de 2020. Il fut détruit par un incendie le 5 novembre 2022.
Vers 1945, leur neveu Morris Davis (fils d'Israël Davis de Montréal) vint travailler pour eux et il a appris à cet endroit tous les secrets du métier sous la supervision de son oncle. Le 30 avril 1956, Morris et son père fondent la compagnie Maison Davis Inc et décident d'acquérir l'entreprise. Quelque temps plus tard, vers 1958, ils achètent l'édifice voisin au coin de la 123e rue, dans lequel M. Azer Bolduc opérait un commerce de vente de chaussures. Ils y déménagent leur propre magasin, (comme on le voit à gauche sur la photo 3, vers 1959), avec l'intention de le rénover. Ce qu'ils font au début des années '60, le transformant de fonds en comble pour y ériger un imposant édifice de trois étages (photo 1).
Ce commerce a connu un grand succès et a atteint son apogée entre 1960 et 1990. Après la fermeture en 1990, l'édifice fut rénové et transformé en édifice commercial qui logeait la «Place des 4 Bars» au rez-de-chaussée et une salle de bingo à l'étage supérieur (photo 6, datant de novembre 2021). Hélas, ce vénérable immeuble est disparu à jamais du paysage urbain de notre ville le samedi le 5 novembre 2022, ayant été entièrement détruit par un gigantesque incendie. La 7e photo nous montre ce qui est resté de cette bâtisse dans les jours suivant. Une page de l'histoire commerciale de la 1re avenue dans sa période d'âge d'or s'est alors tournée. Triste fin pour un site qui a été si populaire autrefois. Ce n'est plus qu'un souvenir.
Heureusement, il semble qu'on est en train de reconstruire quelque chose sur ce site.
Photos 1, 2 du fonds Claude Loubier. Photo 3 et 6 de Google. Photo 5 d'une brochure souvenir sur l'église l'Assomption. Texte, recherches et photo 7 de Pierre Morin.
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