Nous avons déjà publié quelques textes expliquant ce qu'on a longtemps appelé le «village Morency». C'était le secteur de la 1re avenue situé entre la 130e rue et la pointe où se rejoignent les deux avenues en question, en direction de Jersey-Mills. En 1901, la population totale du «grand» Saint-Georges n'était que de 3672 personnes. Le village se terminait aux environs de la 125e rue. À partir de là, les habitations étaient très clairsemées... jusqu'au village Morency, situé à peu près à mi-chemin entre la 130e rue et la jonction des 1re et 2e avenues. À cet endroit était opéré un gros moulin à scie appartenant à un certain Georges Morency, moulin autour duquel gravitaient quelques résidences de travailleurs formant un genre de petit village, entre Saint-Georges et Jersey-Mills (Photo 1). La 1re avenue telle qu'on la connait aujourd'hui n'existait tout simplement pas. La topographie de la route suivait le relief sinueux et vallonné, le long de la rivière. C'était une étroite route en terre battue, lesquelles étaient renommées pour être poussiéreuses par temps sec et boueuses quand il pleuvait.
Le secteur du village Morency fut autrefois touché lourdement par plusieurs débâcles, la pire étant celle de 1896. C'est une scène apocalyptique qu'on voit à la 2e photo, probablement l'une des plus dramatiques images de ces débâcles qu'ont dû subir autrefois nos ancêtres. On constate avec stupeur les dommages incroyables subis lors de cette catastrophe épouvantable. On voit à peine le moulin, complètement envahi par les glaces, en fait on devine son site grâce à la toiture et la grande cheminée qui dépassent l'amoncellement gigantesque des glaces. À droite, on aperçoit le magasin général de Frédéric «Freddy» Loubier, le gros commerce du coin, où tous les gens s'approvisionnaient. On imagine difficilement aujourd'hui que ce secteur ait été souvent touché par ces débâcles printanières. Plusieurs autres photos, prises à différentes années, démontrent la misère que ces gens ont dû affronter très régulièrement, à la période du printemps, fin mars ou début avril.
Ça devait être stressant d'anticiper cette période à chaque année, se demandant si la nature serait plus clémente d'une année à l'autre. Voyez plusieurs photos prises au fil des ans, dans les années '10, '20 et '30 au siècle dernier. Il y en a même une où on voit des silhouettes à la hauteur du sommet des poteaux de téléphone, incroyable! Quel gâchis pour les citoyens qui devaient nettoyer et réparer à chaque fois! Lorsque la débâcle frappait, les gens sortaient et se réunissaient, probablement pour fraterniser, s'entraider et se remonter le moral, dans l'espoir de ne pas se décourager. Nos aïeux ont pris plusieurs photos pour s'assurer d'être crus par les générations futures, lorsqu'on raconterait plus tard aux descendants ces tristes événements. Qui croirait que de telles choses sont arrivées si on n'en avait pas aujourd'hui ces saisissantes images?
Ne cherchez plus le magasin général de Freddy Loubier, il fut complètement détruit par un incendie en 1927.
Photos 1 et 3 du fonds Daniel Lessard. Photo 2 du fonds Claude Loubier. Photos 4 et 6 du fonds BAnQ. Photo 5 du fonds Jules-Marie Moisan. Texte et recherches de Pierre Morin.
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