Les démolitions effectuées en août et septembre 2023 dans la 120e rue ont rappelé l'existence de cette petite impasse située sur la 1re avenue, entre les deux édifices au nord du ruisseau d'Ardoise, au centre-ville. On voit cette entrée aux photos 1 (juillet 2015), 2 (novembre 2021) et 3 (1994). Plusieurs ont dû se demander au fil des décennies passées à quoi rimait cette petite ruelle semblant ne mener à rien. Pourquoi ne pas avoir utilisé cet espace pour agrandir l'un ou l'autre des deux immeubles de chaque côté? Qui a créé cette ouverture? Quel était son but? À qui appartenait le terrain où est située cette impasse?
Avec mon bon ami Paulin Poirier, nous avons fait des recherches et avons trouvé le contrat à l'origine de cette affaire. Ce contrat fut passé le 5 septembre 1929. À cette époque, tout le terrain partant de la 1re avenue jusqu'au gros édifice ayant logé plus tard le poste CKRB appartenait à nul autre qu'Édouard Lacroix. Il avait acheté l'édifice commercial au coin de la 1re avenue de Gédéon Gagné en janvier 1924, et il avait tout le terrain situé plus haut, jusqu'à la bâtisse des frères Bérubé (plus tard la St-Georges Shoe, puis CKRB).
En 1929, deux hommes d'affaires s'associèrent en vue d'ériger une grosse ferronnerie à St-Georges et ils jetèrent leur dévolu sur un terrain vacant dans la 120e rue, juste à côté du magasin d'Édouard Lacroix qui était sur le coin, 1re avenue. Le contrat d'achat fut passé le 5 septembre 1929 devant le notaire Gilbert. La compagnie Ed. Lacroix Limitée a vendu ce terrain à Adélard Poulin et Honorius Grondin et pour y construire leur ferronnerie connue sous le nom de Poulin et Grondin. Pour éviter d'être limités à un accès par la 120e rue (qui était étroite et très achalandée), les acheteurs exigèrent d'obtenir aussi un droit de passage à la 1re avenue dont le texte est indiqué par une flèche au contrat copié à la photo 4 et se lit comme suit: «Un droit de passage à pied et en voiture dans la rue entre Albert Mercier et la venderesse (compagnie Ed. Lacroix Ltée).»
Ce passage fut utilisé par les camions livreurs de la ferronnerie Poulin et Grondin pendant plusieurs années. Toutefois, cette étroite voie de circulation a pratiquement cessé d'être empruntée par leurs camions depuis que ce commerce a fermé ses portes il y a près de 50 ans, le 16 novembre 1974. Curieusement, on n'a pas changé les lieux par la suite, de sorte que cette voie inutilisée a continué d'exister, même encore jusqu'à ce jour. Puisqu'on a démoli l'ancienne quincaillerie aux mois d'août et septembre 2023, cette minime ruelle est encore visible même à l'autre extrémité, comme on le constate à la photo 5.
Un droit de passage est une servitude, et l'article 1191 (5) du Code Civil prévoit qu'«une servitude s'éteint par le non-usage pendant 10 ans». Va-t-on conserver encore longtemps cette petite ruelle qui ne sert pratiquement plus à rien?
Photo 3 du fonds Anne Dutil. Photo 5 courtoisie d'Yvon Thibodeau. Recherches de Pierre Morin et Paulin Poirier. Texte de Pierre Morin.
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