Le terme «écore» faisait autrefois partie du langage courant. C'était un mot familier qui revenait régulièrement dans les conversations. Il y a 50 ans et plus, avant l'arrivée des moyens modernes de communication, tels les ordinateurs et les téléphones cellulaires, les loisirs étaient différents. Les enfants consacraient la majorité de leur moments libres à jouer dehors. La rivière et ses abords étaient un lieu de prédilection pour piqueniquer, se baigner, pêcher et s'adonner à une foule d'activités diverses. Et pour se rendre à la rivière, il fallait la plupart du temps descendre dans l'«écore». C'était en effet le terme que les gens utilisaient pour décrire le terrain en pente de chaque côté des cours d'eau.
Toutefois, comme ce mot utilisé dans ce sens était inconnu en France, on ne le trouvait pas dans les textes provenant de ce pays, notamment les dictionnaires. Au Québec, les gens l'utilisaient mais n'en connaissaient pas l'orthographe. Même l'historien Roger Bolduc (excellent en français) n'a pas réussi à le découvrir dans les lexiques francophones de son époque, puisqu'il a écrit entre guillemets dans son livre sur Saint-Georges publié en 1968 les «écarts» (Page 58). Pourtant ce mot faisait partie du vocabulaire quotidien, mais c'est ce qu'on appelle un «québécisme» ou «canadianisme», signifiant que ce terme est particulier à notre province. Heureusement, grâce aux dictionnaires en ligne, on peut maintenant découvrir facilement tous les mots de la langue française que nous utilisons au Québec, même ceux qui n'existent pas en France ou qui n'ont pas la même signification.
Ce mot est pourtant connu et largement utilisé chez nous, puisqu'il y a une rue nommée «rue de l'Écore» autant à Montréal (document 3) qu'à Québec (document 4). Il y en a même une en Beauce, à Vallée-Jonction (document 5). Voyez des extraits de dictionnaires virtuels reconnaissant ce canadianisme (documents 6 et 7). On peut donc l'utiliser sans retenue, ce terme étant aujourd'hui bien intégré à notre parler courant. La 1re photo nous fait voir l'écore en face de l'église de l'ouest vers 1985, après son réaménagement pour en faire un parc urbain. Aujourd'hui, cet endroit est complètement transformé, car la végétation a poussé et les arbres ont envahi cet espace qui est plutôt devenu le «Parc Lacasse» accueillant une dizaine de sculptures commanditées par Beauce Art.
La photo 2, superbe, nous fait voir ce qu'était l'écore entre la rivière et la 1re avenue en octobre 1966, alors qu'on était à commencer les travaux de déménagement de l'ile, qui ont abouti à la création de l'avenue Chaudière, devenue aujourd'hui la Promenade Redmond. À la droite de la photo, l'écore est derrière les commerces, près de la rivière. Quels changements!
Photo 1 courtoisie de Linda Poulin. Photo 2 du fonds Claude Loubier. Texte et recherches de Pierre Morin.
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