Si vous êtes de mon âge et que vous avez vécu dans les années '50, alors vous avez connu ces appareils ménagers qu'on appelait des «glacières», qu'on retrouvait dans plusieurs résidences de Saint-Georges en 1950. Pas difficile de deviner que ce terme dérive du mot «glace». On ne peut pas désigner ces appareils comme étant des «électroménagers», lesquels fonctionnent à l'électricité. En effet, il n'y avait aucun courant électrique dans les glacières dont le système de refroidissement était simplement composé de gros morceaux de glace. En fait ce fut l'ancêtre de nos réfrigérateurs actuels.
J'ai réussi à trouver une photo d'une glacière identique à celle que nous avions à la maison à cette époque (photo 1). Celle-ci était faite de métal à double parfois rempli de matériel isolant, pour y intégrer un certain niveau d'isolation, afin d'éviter la fonte trop rapide de la glace. L'appareil était divisé en trois étages. La section du haut accueillait le gros cube de glace livré à domicile à tous les deux jours par le marchand de glace. La section principale était celle du milieu qui était l'espace de rangement des aliments requérant la réfrigération pour se conserver, tels le lait, le beurre, la viande etc. Et en bas complètement, au niveau du sol, se trouvait la cuvette qu'il ne fallait pas oublier de vider régulièrement si on ne voulait pas qu'elle déborde.
Puisque le bloc de glace commençait à fondre dès qu'on le mettait à sa place, le fabriquant avait installé dans cette section (celle du haut) un drain relié à un petit tube de métal dissimulé à l'arrière de l'appareil, lequel allait rejoindre et se déverser dans le bac situé à l'étage du bas. Quand le silence régnait dans la pièce, on entendait régulièrement les gouttes d'eau tombant dans le réservoir. Il était préférable de ne pas attendre que la cuve soit trop pleine, car son poids (rempli d'eau) était assez important et risquait de faire des vagues et d'éclabousser quand on le manipulait en direction de l'évier pour le vider.
Pendant les périodes froides (surtout l'hiver et une partie du printemps et de l'automne), il y avait dans la plupart des maisons une section appelée «dépense» (ou garde-manger) qui n'était pratiquement pas chauffée, dont les gens se servaient comme pièce de rangement pour les aliments nécessitant le froid pour se conserver. Ils n'avaient donc pas à payer pour acheter de la glace à ces moments. Les gens n'utilisaient leur glacière que durant le reste de l'année, dans les périodes plus chaudes. Le marchand de glace la découpait dans une rivière pendant les mois de janvier et février et l'entreposait ensuite dans le bran de scie, pour qu'elle se conserve jusqu'aux périodes plus chaudes (photo 2). Il se servait de grosses pinces pour la sortir de l'eau ainsi que lors de la livraison aux clients et clientes partout en ville (photo 3). À Saint-Georges ouest, le marchand de glace était M. Paul Roy, petit-fils de David Roy qui fut propriétaire et exploitant du premier pont (en bois) à Saint-Georges. C'était un travail exigeant et même dangereux. On possède la photo d'un ancien distributeur de glace de notre ville, mais on ignore son identité (photo 5). Wow, un métier exceptionnel disparu depuis longtemps, on aurait cessé cette pratique vers la fin des années '50, les réfrigérateurs ayant remplacé les glacières.
Photo 1 d'Anne-Marie Fournier d'Overblog. Photos 2, 3 et 4 de Les coupeurs de glace, Culture Beauce. Photo 5 de la BAnQ. Recherches de Pierre Morin et de Paulin Poirier. Texte de Pierre Morin.
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