Dans le livre de Vézina sur l'histoire de Saint-Georges, paru en 1935, celui-ci a publié le photo de ce qu'il appelle «la Cie de Béton de Saint-Georges». En fait, il semble que ce soit la plus ancienne fabrique de tuyaux en ciment qui a existé dans notre ville (photo 1). Comme on le voit, cette usine était adjacente à l'ancien édifice du notaire Chaperon, devenu plus tard le site de la première banque à Saint-Georges, soit la banque de Québec. Elle était située sur le site actuel du salon de billard Dooly's, sur la 1re avenue. Remarquez comme les tuyaux étaient entreposés les uns à côté des autres de chaque côté de la cour de l'entreprise, jusqu'aux limites de la rue, ce qui devait faciliter leur chargement pour le transport. Sur la 2e photo, prise sous un angle différent, on aperçoit les mêmes tuyaux sur le bord de la rue. Cette photo, où on voit aussi l'hôtel Central, date de 1913, ce qui démontre que cette usine de fabrication de tuyaux existait donc à ce moment. On voit encore la compagnie de béton en 1914, à la 3e photo, c'est l'édifice à gauche indiqué par la flèche, elle était voisine de l'Hôtel Murtha House (aujourd'hui site de la résidence Le Jasmin). Le grand feu de 1915, qui a détruit plus de 50 immeubles au centre-ville, s'arrêta miraculeusement juste à côté de la compagnie de béton. À la 4e photo, prise dans les jours suivant la catastrophe de 1915, on voit bien les deux mêmes bâtiments (que ceux de la 1re photo) qui ont survécu à l'incendie. Parmi les décombres, remarquez à droite, à l'endroit indiqué par la flèche, les nombreux tuyaux accumulés et prêts à être livrés.
Cette usine était dirigée par «grand Jos Poulin», un citoyen qui était alors bien connu à Saint-Georges. On ignore le moment où la bâtisse abritant l'usine de béton est disparue. Elle était encore en opération lors de l'inondation de juillet 1917 (photo 5). On sait qu'en 1928, grand Jos Poulin était rendu contremaitre des travaux publics pour la ville, poste qu'il occupa pendant 26 ans. Auparavant, il avait aussi travaillé pour la ville à temps partiel comme inspecteur de la voirie municipale. Toutefois, il semble que, parallèlement à son emploi pour la ville, grand Jos Poulin continuait de diriger la compagnie de béton, car dans l'annuaire téléphonique de 1934, il est désigné comme «entrepreneur». Ce n'est pas sans raison qu'on a fait son éloge dans un article publié dans l'Éclaireur lors de son décès, le décrivant comme un bourreau de travail consciencieux et très apprécié. Il était marié à Léda (alias Délina) Rodrigue, soeur du marchand Albert Rodrigue; ils n'ont eu aucun enfant. Il est décédé en février 1964 à l'âge de 84 ans.
On sait qu'il y avait un puits derrière l'usine de béton. C'est à peu près à cet endroit (entre la 1re et la 2e avenue) qu'aboutissait la galerie de mine creusée en 1895 par un dénommé J. Hardman. Il semble qu'on a démoli l'immeuble de fabrique de tuyaux vers 1935-36, car vers 1938, c'est sur ce terrain qu'on décida d'ériger le premier bureau de poste appartenant au gouvernement fédéral, inauguré en 1939 (photo 6). On ignorait alors que l'eau (provenant de l'ancienne galerie de mine) s'y accumulait, au point de rendre le site instable, ce qui provoqua l'affaissement de l'édifice des postes et entraina sa démolition dans les années '50. Aujourd'hui, c'est l'édifice du Dooly's qui occupe l'ancien site de la manufacture de béton et de l'ancienne banque de Québec.
Photo 1 du livre sur l'histoire de Saint-Georges de Robert Vézina. Photos 2 et 6 du fonds Claude Loubier. Photo 3 du fonds Barriault. Photo 4 du fonds Réjean Giasson. Photo 5 du fonds Robert Dick. Recherches de Pierre Morin et Paulin Poirier. Texte de Pierre Morin.
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