Sainte-Barbe, quel rapport avec Saint-Georges? Des recherches élaborées révèlent que ce fut une sainte martyre qui a vécu en Turquie au IIIe siècle, on lui aurait brûlé certaines parties du corps, arraché les seins et finalement décapitée, rien de moins! Vérité ou légende? Mais que vient faire cette sainte femme dans l'histoire de notre ville? Voici la réponse.
Saint-Georges comprend aujourd'hui ce qu'on a appelé à l'origine les seigneuries d'Aubert Gallion et d'Aubin de L'Isle, la première à l'ouest de la rivière Chaudière et la seconde à l'est. Ces seigneuries furent toutes deux concédées le 24 septembre 1736 par des représentants du roi de France, elles étaient de même dimension, chacune 2 lieues carrées (une lieue équivaut à 4 km). Après le décès d'Aubin de L'Isle le 8 février 1747, sa seigneurie (du côté est de la rivière) fut léguée à son fils et ses cinq filles. Comme le garçon décéda très jeune, sa part a été transmise en parts égales à ses soeurs. Or, celles-ci vendirent, dans les années 1760 et 1770, certaines parties de ce grand territoire à différents propriétaires. Cette seigneurie fut donc divisée en trois fiefs, nom qu'on donna à chacune des parties de ce morcellement.
La partie centrale, correspondant au centre-ville actuel, fut acquise (en trois étapes) par Gaspard-Joseph Chaussegros de Léry en 1773. Il donna à ce fief le nom de Sainte-Barbe, en souvenir de sa belle-mère dont le nom était Marie-Barbe St-Ours, auquel il ajouta «de La Famine», nom de la rivière qui bornait ses terres du côté nord. Ces propriétés sont par la suite restées dans le patrimoine de la famille de Léry, qui assuma son rôle de «seigneur» de ce fief en allouant des lots aux colons qui ont développé cette partie qui est devenue au fil des décennies le centre de notre belle ville.
Le premier censitaire fut Mathew Lymburner qui se fit concéder le lot no 4 en 1792. Ce Lymburner était un marchand originaire de Boston. Étant loyaliste, il a déménagé au Québec après 1776 et s'est fixé à Québec, mais curieusement, il a réussi à obtenir la concession de trois lots du fief de Ste-Barbe (donc à Saint-Georges Est aujourd'hui) le 2 février 1792. Un colon avait l'obligation de «prendre feu et lieu», ce qui signifie qu'il devait se construire une maison et y habiter. Mais comme Lymburner ne déménagea jamais chez nous, le Seigneur de Léry le poursuivit donc pour déguerpissement quelque temps plus tard, confisqua ses lots et en attribua un à Olivier Veilleux le 26 août 1807 (lot 4). Tous les autres lots de ce fief furent distribués au fil des ans. C'était l'histoire du fief de Sainte-Barbe de La Famine, entre le secteur de la Station et celui de Jersey-Mills. Les quatre photos nous offrent une vue aérienne illustrant le développement extraordinaire de notre ville, dans l'ordre chronologique, photo 1 de 1949 par Paul-Émile Provost, photo 2 de 1962, photo 3 de 1979 et photo 4 de 2015. Wow, M. Chaussegros doit maintenant rire dans sa barbe quand il constate ce qu'est devenu ce fief deux siècles plus tard.
Quant à sainte Barbe, les photos n'existaient pas à son époque. Voici comment un sculpteur l'a imaginée, voyez sa statue ornant l'église Saint-Roch à Paris (photo 5).
Photo 1 de Paul-Émile Provost. Photos 2, 3 et 4 du fonds Claude Loubier. Recherches de Pierre Morin et Louis-Marie Poulin. Texte de Pierre Morin.
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