Pourquoi ce nom inusité d'Hermandi? Son fondateur fut «Herman dit Armand Veilleux». Joignez les deux premiers mots et vous obtenez «Hermandi». Original n'est-ce pas, comme le fut son fondateur pendant toute sa vie. C'est dans les années '30 qu'il érige une grosse bâtisse sur la deuxième avenue pour y opérer un théâtre qu'il appelle le Théâtre Saint-Georges. Dans les années '40, vu la montée fulgurante de la popularité des films, il installe une énorme enseigne pour y inscrire en très grosses lettres le mot «CINÉMA». Et en 1949, il change totalement la vocation de son entreprise pour y exploiter un hôtel. Il conserve la même enseigne en y remplaçant seulement le mot «cinéma» par «HÔTEL». Et sur la façade, il fait inscrire HERMANDI. C'est cet immeuble qu'on voit sur la première photo. Il comptait 32 chambres ainsi que tous les locaux qu'on trouve habituellement dans ce genre d'établissement: un «lobby» (hall d'entrée), une salle à manger et une grande salle de réception, etc. C'était l'endroit de prédilection pour célébrer des noces, des fêtes, des réunions et toutes sortes de banquets ou réceptions. On y présentait aussi des spectacles de vedettes de chant et de musique. L'Alliance Française du maire Pinon, entre autres, y a tenu plusieurs activités mondaines, dont le couronnement de la «Miss» de l'année.
Dommage, vu sa destruction par le feu, impossible d'en visiter aujourd'hui l'intérieur. Heureusement, j'ai réussi à en retracer quelques photos. La 2e nous montre la grande salle en 1951, on y aperçoit à gauche sur la scène une affiche du célèbre Gratien Gélinas (grand-père de Mitsou Gélinas) qui y a présenté sa pièce de théâtre réputée «TI-COQ». Remarquez les grandes tables bien montées en attente des invités. Sur la 3e photo, la salle est bondée lors d'une soirée de danse avec l'orchestre de PSB, le «Pete Swing Band» en juillet 1949, c'était la soirée d'ouverture. On réalise que déjà, à sa première année d'opération, l'hôtel Hermandi connaissait un énorme succès. Cet établissement a été très populaire et a attiré une fréquentation nombreuse et assidue. Sur la 4e photo, à la même époque, le même décor servant de salle à manger. À la 5e photo, on y voit un banquet fêtant des membres de la famille du propriétaire Armand Veilleux. Une autre fête au début des années '50, soulignant le travail de certains employé(e)s de la St-Georges Woolen Mills, la jeune fille en avant à gauche est nulle autre que Marie Roy (photo 6). Avez-vous remarqué ce qui est commun aux quatre photos de la grande salle? Le même juke-box dans le coin, à gauche. Cet hôtel fut un lieu réputé il y a 60 ans. Voici une superbe photo couleur de ce beau secteur de la 2e avenue vers 1964, peu de temps avant la catastrophe qui a détruit ces beaux édifices (photo 7). Hélas, l'Hermandi a subi le même sort que les autres hôtels de la 2e avenue. Cet édifice remarquable est disparu en fumée lors d'un gigantesque incendie dans la journée du 16 juillet 1965 (photo 8). Incroyable qu'un lieu aussi mythique ne soit plus maintenant qu'un souvenir.
Photos 1 et 2 du fonds Claude Loubier. Photos 3 courtoisie de Guy Maheux. Photos 4 et 5 courtoisie de Mme Christine Fecteau. Photo 6 courtoisie de Marie Roy. Photo 7 du fonds Georges-Édouard Pomerleau. Texte et recherches de Pierre Morin.
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