Un spectaculaire incendie survenu dans la nuit de dimanche à lundi le 7 novembre dernier a complètement détruit une résidence ancestrale sur la 1re avenue, dans le secteur autrefois appelé «le village Morency». Cette maison apparait sur une extraordinaire photo du Moulin Morency datant des environs de 1880 (photo 1). C'est celle pointée d'une flèche, dans le tiers droit de l'image. Il s'agissait donc d'une des plus anciennes résidences de notre ville, ayant plus de 140 ans. Elle était située sur la 1ère avenue, non loin de l'usine de filtration, mais de l'autre côté de la rue.
Ce qui rendait cette demeure encore plus exceptionnelle, c'est qu'elle avait une caractéristique en voie de disparition: une toiture à toit mansardée, l'une des rares encore existantes chez nous. Un toit en mansarde désigne une habitation dont le toit descend ou recouvre les murs de l'étage supérieur, comme on le constate à la 2e photo. Ce type de construction fut populaire en France il y a deux ou trois siècles. On attribue ce style de maison à l'architecte français François Mansart (1598-1666), d'où son nom de «mansardé». Au Québec, ce genre de toiture a été populaire entre 1860 et 1910. Le toit mansardé ajoute un certain cachet à la maison. La plupart du temps, comme c'était le cas de celle qui a brûlé récemment, des fenêtres sont encastrées dans la déclinaison du toit, ce qui augmente la surface habitable de cet étage. Il y a deux genres de constructions de ce type: on peut n'avoir une toiture mansardée que sur deux versants (en avant et en arrière) mais il en existe plus rarement sur les quatre côtés, ce qui était encore le cas de celle détruite le 7 novembre.
De tels incendies sont d'une tristesse infinie. Que de souvenirs disparus en fumée (photo 3). Ceux qui ont construit cette résidence ont probablement travaillé fort pour se la payer. Plusieurs familles ont dû y résider au fil des décennies. Voyez une photo révélatrice, prise lors de d'une fête familiale à laquelle ont participé de nombreuses personnes: les noces d'Or de Charles Veilleux et de son épouse Adéline en 1943 (photo 4). Il y a 55 personnes sur cette photo, qui fut prise en avant de cette résidence. Des membres de cette famille y ont autrefois résidé. C'était donc une maison spéciale pour tous ceux qui y sont restés. Jusqu'à sa destruction récente par le feu, elle était encore habitée et bien entretenue. Ce n'est plus maintenant qu'un souvenir.
Il existe encore au moins deux résidences au toit en mansarde à Saint-Georges: Une est située au 2320 de la 1re avenue Ouest et l'autre au 170 de la 22e rue Ouest. Et peut-être d'autres...
Photo 1 du fonds Claude Loubier. Photo 4 courtoisie de Paulin Poirier. Texte, recherches et photos 2 et 3 de Pierre Morin.
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