Ce fut autrefois un des beaux magasins de la 1re avenue. Il occupait une place de choix en plein centre-ville. On le voit vers 1970 sur les deux premières photos. Il était alors situé entre l'édifice Lacroix (aujourd'hui la Résidence Le Jasmin) et le poste de taxi 22. Ce commerce fut fondé en 1945 par Marie-Rose et Gilbert Miville Dechêne. Leur établissement était de dimensions imposantes: 33 pieds de large par 110 de profondeur. C'était sur l'ancien site de la fonderie Gonthier, gros immeuble qui fut détruit par le pire incendie de l'histoire de notre ville, en 1915. On l'a reconstruit au même endroit, ressemblant beaucoup à l'immeuble initial. Ce fut ensuite le lieu du magasin général d'Albert Rodrigue jusqu'à ce que Dechêne s'y établisse. Gilbert et Marie-Rose ont travaillé fort pour se monter une clientèle et rentabiliser leur entreprise. Au fil des ans, deux de leurs enfants, leur fils Yvon et surtout leur fille Thérèse se sont intégrés à la gestion et à l'opération du commerce. Gilbert étant décédé en 1960, son épouse a continué l'exploitation avec le concours de ses enfants.
Au cours de leur existence, l'achalandage s'est toujours maintenu et ils étaient un lieu favori de magasinage pour les gens de Saint-Georges et la région. Dans les années '40 à '70, il y avait une machine à coudre dans pratiquement toutes les résidences. Nos mères et grands-mères étaient d'habiles et patientes couturières. Elles y trouvaient tout ce qu'il leur fallait en ce domaine: fil, boutons, fermetures-éclair, tissus de toutes sortes, draperies, tricots, broderies et entre autres les fameux «patrons» de marque Vogue, Princesse et tous les autres modèles pour confectionner les plus belles robes et manteaux qu'on puisse imaginer. Et surtout les précieux conseils de Mme Dechêne et de sa fille Thérèse, qui a pris la relève de sa mère après son décès survenu en 1969. On y a toujours maintenu le plus haut standard de service, très apprécié des clients et clientes. Pendant une longue période, à son apogée, le magasin a eu à son emploi 14 employé(e)s dont 7 couturières pour servir la clientèle. Il y avait un grand comptoir pour finaliser les ventes et emballer la marchandise. L'intérieur du magasin était bien pensé et très fonctionnel. À l'époque les paquets étaient emballés avec du papier. On avait installé au plafond vis à vis les caisses de gros rouleaux de ficelle. Ainsi, les commis n'avaient qu'à tendre le bras pour attraper la corde qui pendait du plafond afin de l'enrouler autour de l'emballage. En plus d'avoir à s'occuper de faire fonctionner un aussi important commerce, tant Marie-Rose que sa fille Thérèse furent très actives dans les mouvements et organisations sociales, artistiques et philanthropiques.
Au cours des années suivant l'ouverture du nouveau pont en 1971, il a fallu réaménager et élargir la 118e rue. Les autorités ont donc exproprié l'immeuble Dechêne en 1973, entrainant la fermeture du magasin et la démolition de l'édifice (photos 3 et 4). Ce fut la fin de cette histoire. Si ce commerce existait encore aujourd'hui, il occuperait les deux voies de descente au bas de la 118e rue arrivant à la 1re avenue. Les gens qui ont connu ce commerce en conservent un beau souvenir.
Photos 1,2 et 3 du fonds Claude Loubier. Photo 4 du fonds G.H. Brousseau. Texte et recherches de Pierre Morin
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