C'est ainsi qu'on l'appelait et l'écrivait (à l'anglaise) dans les années '30 et '40, comme c'était la coutume à l'époque. Les plus jeunes n'ont pas connu cette industrie qui fut autrefois très importante à Saint-Georges. Cette manufacture fut fondée en 1932 par un groupe d'hommes d'affaire dirigés par Ludger Dionne. Elle était alors située au coin de la rue Saint-Antoine (120e rue) et de la 2e avenue. Dès 1935, il y avait déjà 150 employés. Le personnel était mixte à 50% hommes-femmes et était recruté à Saint-Georges même. Leur nombre s'est progressivement accru et a atteint le chiffre de 200 ouvriers et ouvrières en 1944. La 1re photo nous montre le bâtiment en 1952 et la 2e est à peu près de la même époque, avec les employés réunis devant l'immeuble pour la photo (édifice où fut plus tard le poste de radio CKRB). Le premier étage était affecté au taillage du cuir à semelle, le deuxième à la finition et à l'expédition, le troisième au montage, au fonçage et aux bureaux, le quatrième au taillage des empeignes et à l'assemblage. Le gérant fut longtemps M J.-A. Gendron, un homme d'expérience dans la fabrication de chaussures pour dames. Sur la 3e photo nous voyons des ouvrières à l'oeuvre, dont Mme Rita Veilleux (celle de droite) en 1947-48. Sur la 4e, vers 1950, le travailleur Jacques Giroux opérant sa machine. La 5e photo nous montre huit tailleurs de cuir à l'oeuvre, en 1951. On a aussi une autre photo de la même année nous montrant les ouvriers et ouvrières au travail tant pour les talons que pour les chaussures (photo 6). Tous ceux qui ont vécu à Saint-Georges autrefois se souviennent du bruit des machines qu'on entendait en été lorsque les fenêtres de l'usine étaient ouvertes et qu'on circulait en face de la bâtisse. Plus tard, en 1959, on se réinstalla dans un autre édifice (au coin de la 118e rue et du boulevard Lacroix) qui avait déjà logé la manufacture de talons, entre 1938 jusqu'à 1959 (photo 7). Elle fut agrandie en 1965 pour devenir celle illustrée à la 8e photo, qui date de 1967.
La 9e photo nous montre le département d'assemblage et la 10e le département de taillage, toutes deux datent aussi de 1967. C'était la belle époque, où la concurrence des pays asiatiques ne faisait que commencer. Mais on connait la suite: nos industries des secteurs «mous» sont devenues beaucoup moins concurrentielles et plusieurs ont été contraintes de fermer à cause des bas salaires payés dans ces pays éloignés. La St Georges Shoe Co Ltd a connu un déclin important dans les années '80, ne comptant plus que 55 travailleurs à son actif en 1985, ce qui a entrainé la fermeture l'année suivante. L'édifice fut démoli en 1988 pour faire place à l'hôtel Georgesville. Heureusement, quelques industries de la chaussure ont réussi à survivre en développant des créneaux très spécialisés et il y aurait encore neuf fabricants au Québec, des firmes haut de gamme, à la fine pointe de la technologie.
Photos du fonds Claude Loubier, sauf les 3, 4 et 6. Photo 3 du fonds Huguette Simard, fille de Mme Rita Veilleux. Photo 4 du fonds Jacques Giroux. Photo 6 de la Société Historique Industrielle. Texte et recherches de Pierre Morin.
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