Les Thibaudeau «cayens» (de descendance acadienne) ont été très actifs dans l’histoire de notre ville. Deux d’entre eux, Philippe et Georges fils ont brassé de grosses affaires il y a un siècle sous le nom de «Thibaudeau et Frère». Cette entreprise a eu au départ deux sites commerciaux sur la 1re avenue, l’un en face de l’autre. Sur la 1re photo (prise lors de la débâcle de 1928), on voit leur établissement situé sur le côté ouest de la 1re avenue, leur nom est d’ailleurs écrit sur l’immeuble. Et la deuxième photo nous montre leur imposant magasin général qui était situé juste en face, de l’autre côté de la rue (aujourd’hui site du Dooleys). On ignore la date exacte de construction de ce superbe édifice (probablement aux alentours de 1907), mais j’ai décelé sa présence sur trois autres photos anciennes de 1913, 1915 et 1921 que je reproduits ici. La plus claire est la 3e, qui nous offre une vue spectaculaire de la 1re avenue vers 1913. On y voit en partie l’édifice des frères Thibaudeau, c’est celui en briques, du côté gauche, qui a une petite fenêtre ronde sur le côté. On le voit aussi sur la 4e photo prise le lendemain du grand incendie de novembre 1915, une flèche l’indique, à l’extrême gauche. On constate qu’ils ont échappé de justesse à ce feu qui s’est arrêté seulement deux ou trois immeubles plus loin. Encore à la 5e photo du 25 décembre 1921 lors des funérailles du fils d’Albéric Rhéaume, sur la 1re avenue; c’est le quatrième immeuble à partir de la droite. Examinez-la bien, on distingue au loin le côté droit de la façade avec la tourelle sur le toit.
Le 24 février 1923, les frères Wilfrid et Auguste Lessard, faisant affaire sous le nom de Lessard et Frère, achetèrent le magasin général de Thibaudeau et Frère, mais ils ne purent en profiter bien longtemps, puisque l’édifice fut complètement détruit par un incendie moins d’un an après l’achat, soit dans la nuit du 9 janvier 1924. Il ne se passa rien sur le terrain jusqu’au 26 avril 1929, date à laquelle les frères Thibaudeau le rachetèrent et y reconstruisirent peu après un nouvel immeuble aux proportions semblables, on le voit à la 6e photo. On en changea toutefois la vocation, car ce fut plutôt une importante épicerie qui s’y installa, sous le nom de «Rouge et Blanc», opérée par Gérard Thibaudeau, fils de Philippe. Au cours des décennies suivantes, après que Gérard eût fermé son magasin (vers 1942) pour s’occuper des autres entreprises de commerce de bois de son père, lui et son frère Andréa le transformèrent en bâtisse commerciale, lui donnant le nom d’Édifice Central (photo 7). Si on compare la 6e photo avec la 7e, on constate que la devanture de l’immeuble a été modifiée à une certaine époque: l’escalier donnant accès au commerce a été éliminé et le sous-sol est devenu rez-de-chaussée. C’est à cet endroit que Gérard Poirier fonda et opéra son premier magasin de meubles en 1952, comme on peut le constater à la publicité affichée sur la façade. Ce bâtiment fait partie de l’histoire de Saint-Georges, il existe encore et abrite le restaurant Chez Francine depuis environ 25 ans et plusieurs logements résidentiels à l’étage supérieur. Connaissant sa longue histoire, vous le remarquerez sûrement davantage lorsque vous circulerez désormais dans ce secteur ancien de la 1re avenue.
Photo 1, 3, 5, 6 et 7 du fonds Claude Loubier. Photo 2 du fonds Daniel Lessard. Photo 4 du fonds Victor Rodrigue. Recherches de Pierre Morin et Paulin Poirier. Texte de Pierre Morin.
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