La plupart ont connu le magasin Tawel sur la première avenue, en face de la 120e rue. Le premier Tawel qui est arrivé à Saint-Georges se prénommait Nicholas qui avait auparavant vécu dans quatre autres villages de la région avant de venir s’établir chez nous en 1914. Il ouvrit un magasin dans un édifice appartenant à Olivier Rodrigue, mais celui-ci, situé au centre-ville, fut rasé par le grand incendie de 1915. Il alla alors s’installer successivement dans trois édifices appartenant à des Thomas: Thomas Murtha, ensuite Thomas Lessard et finalement chez Mme Thomas Morin, tous situés dans le même secteur au centre-ville. Puis dans l’édifice de la Banque Canadienne Nationale qui était en face de l’ancien pont de fer, avant la pharmacie Vander-Hayden. En 1934, il a enfin réussi à acquérir son propre immeuble directement en face de la 120e rue, voisin de la Banque de Montréal (photos 2 et 3). Il y a longtemps exploité un magasin de vêtements et il acheta même l’édifice voisin, comme on le voit sur une photo prise lors de la débâcle de 1939 (photo 4). Il avait son commerce de vêtements dans celui de gauche et a loué celui de droite à différents commerces au fil des ans, après y avoir lui-même opéré une épicerie et une restaurant pendant quelques années. Il a réalisé le meilleur coup de sa carrière en 1957, alors qu’il vendit l’édifice de gauche à son voisin la Banque de Montréal qui voulait agrandir ses installations bancaires. Pour libérer le terrain, la banque vendit la bâtisse à M. Ludger Caron qui la transporta à Jersey-Mills au cours en juillet 1957. Ce fut un déménagement spectaculaire, en plein centre-ville, comme le rapporte un article qui fut publié dans L’Éclaireur à cette occasion (photo 1). M. Tawel en profita pour soulever l’immeuble restant et exhausser de 3 pieds son solage pour se protéger des inondations quasi-annuelles causées par les débâcles survenant au printemps. Après son décès, c’est son fils Armand qui a poursuivi les activités commerciales pendant longtemps. Lorsque celui-ci se retira des affaires, différents commerces occupèrent les lieux, dont le magasin Victoria en 1991, les restaurants le Bol-Vert puis le Verdi, un courtier en immeubles et en dernier le restaurant Win. Le local est présentement vacant (en 2021).
Quand à l’édifice déménagé à Jersey-Mills (photo 5), Ludger Caron y eut d’abord un restaurant, puis un magasin de linge usagé. Au début des années ‘60, Jos Chamberland acheta l’immeuble et y ouvrit un commerce de meubles sous le nom de Magasin des Aubaines (photo 6). Il vendit en 1969 à Aurèle Veilleux et Fabien Quirion, c’est devenu le commerce Aubaines du Meuble. L’immeuble fut rénové et agrandi à quelques reprises. En 2008, c’est le magasin Mag Couvres-Planchers qui a acquis cet immeuble et y opère un commerce de décoration et couvres-planchers (photo 7). On ne reconnait plus l’ancienne bâtisse de Nicholas Tawel, tellement elle a été transformée depuis son déménagement. On l’a notamment agrandie à l’avant d’environ 10 pieds pour éliminer l’escalier extérieur, créant ainsi un espace de démonstration de la marchandise disponible, visible dans les vitrines. De plus son apparence générale a été modernisée. Surprenant n’est-ce pas? Plusieurs sont sans doute surpris d’apprendre qu’un ancien édifice du centre-ville soit devenu aujourd’hui le site d’un important magasin devant lequel on passe souvent, à Jersey-Mills. Au lieu de démolir, on a déménagé. Un cas de recyclage réussi.
Photos 1 et 6 du journal L’Éclaireur-Progrès. Photos 2 et 5 du fonds Claude Loubier. Photo 3 du fonds Gilbert Gamache. Photo 4 du fonds Andréa Thibaudeau. Texte et recherches de Pierre Morin.
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