Pendant longtemps, entre 1860 et le début des années 1900, les hommes d'affaires (dont le marchand et hôtelier Michaël Cahill de Jersey-Mills) et dirigeants de Saint-Georges réclamèrent la construction d'un chemin de fer entre Lévis et le Maine, passant par notre ville. En 1870, deux compagnies entreprennent la construction de tronçons de chemins de fer devant passer par la Beauce pour atteindre la frontière américaine, la Lévis & Kennebec Railway Co., en partance de Lévis, et la Eastern Townships and Kennebec Railway (ETKR), de Sherbrooke. La voie ferrée partant de Lévis arriva à Sainte-Marie dès 1876. En 1875, la ETKR se réorganise et change de nom pour Québec Central Railway Co. En 1881, alors que les deux tronçons viennent de se rejoindre à Vallée-Jonction, la Québec Central acquiert la Lévis et Kennebec qui vient de faire faillite. La construction de la subdivision de la Chaudière est entreprise la même année. La voie ferrée atteint le secteur nord de Saint-Georges en 1907, mais jamais elle ne traversera la ville ni n'atteindra le Maine, car elle bifurquera vers Lac-Frontière qu'elle rejoindra en 1915. On a préféré passer par Lac-Mégantic pour rejoindre le Maine. Les notables de Jersey-Mills, qui avaient fait tant de pressions pour amener le train jusqu'au Maine en passant dans leur secteur ont dû ressentir une terrible déception. Tout en favorisant l'exploitation forestière en Beauce, le chemin de fer a aussi encouragé le développement de l'agriculture, puisque les camps de bûcherons requéraient de grandes quantités de nourriture tant pour les hommes que les animaux. C'était une belle époque... aujourd'hui révolue. On possède deux photos superbes du premier train arrivé à la gare de Saint-Georges en 1907 (1 et 2). Une autre photo du train devant la gare en 1912 (3). Également une équipe de travailleurs de l'époque vaquant à la réparation d'un rail, celui qui est penché est Gustave Giguère (4). Une draisine avec l'équipe au complet des sectionnaires en 1955, dont Laurent Fortin (solo) à droite et Charles-Auguste Poulin, deuxième après lui (5). Autre photo de l'équipe qui y oeuvrait plusieurs années plus tard, essayez de les identifier (6). Et finalement une scène familière aux géorgiens d'il y a 50 ans: le train circulant sur les hauteurs à la sortie nord de Saint-Georges (7). Après plus de 60 ans de loyaux services, les trains discontinuèrent le service de passagers en 1967. Puis en 1986, la section de transport de marchandises entre Saint-Georges et Lac-Frontière a dû à son tour cesser ses opérations, les deux derniers clients (30 wagons par semaine de copeaux de bois) ayant refusé une augmentation de 15% du tarif. Ce fut la fin de ce tronçon. Quelques années plus tard, la section entre Saint-Georges et Vallée-Jonction a subi le même sort, le transport par camion étant beaucoup plus avantageux. Un entrepreneur, M. Giguère de Vallée-Jonction, a tenté de remettre le service de train sur les rails au tournant des années 2000, mais ce fut un échec car non rentable, le coût du fonctionnement étant prohibitif. On conserve un souvenir nostalgique de l'époque des chemins de fer qui ont été si utiles à la région dans la première moitié du siècle dernier. Le coût énorme de l'entretien des équipements et des voies ferrées et la polyvalence du camionnage en sont venus à bout. Personne ne souhaitait la disparition de ce moyen de transport si typique, c'est sa non rentabilité qui a en été la seule cause. J'ai déjà pris le train avec mon père à la gare de Saint-Georges quand j'étais jeune enfant dans les années '50, pour nous rendre au Lac-Frontière, j'en garde un vague souvenir, j'avais été très impressionné. Dommage que les trains ne soient plus rentables au pays sauf entre les grandes métropoles.
Photos 1 et 2 du fonds Pierre Lessard. 3, 5 et 6 du fonds Claude Loubier, 4e du fonds Claude Giguère et la 7e courtoisie de Lise Giguère. Texte et recherches de Pierre Morin.
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