Tout le monde connait cet édifice phare de la place de l'église dans l'ouest (photo 1, de 1948). Celle-ci existe depuis 1939, juste à côté de l'ancien couvent, qui est maintenant connu sous le nom de Centre Culturel Marie-Fitzbach. Cet important immeuble fut construit sur le terrain de la Fabrique qui en a défrayé les coûts. C'est le menuisier Arthur Paquet qui en a supervisé la construction, au lendemain de la crise des années '30 (photo 2). C'étaient des années difficiles. Il trima dur. Obligé d'employer des bénéficiaires du «secours direct» de l'époque, il devait de plus effectuer une rotation de son personnel à toutes les deux semaines, afin de donner du travail au plus grand nombre possible de chômeurs; aussitôt initié, aussitôt congédié. C'est tout de même un superbe édifice, revêtu de blocs de granit, comme l'église (photo 3). Voici comment M. Victor Baril se souvient de cet immeuble: l'aménagement initial comprenait au sous-sol deux locaux destinés à la JOC (Jeunesse Ouvrière Catholique): l'un aux gars jocistes et l'autre aux filles jocistes (photo 4). Entre les deux salles, il y avait le bureau de l'aumônier. Tout au fond, il y avait une allée de quilles et un escalier permettant d'accéder à la grande salle, qui faisait tout l'étage supérieur (photos 5 et 6). Cet endroit a servi à une multitude d'activités très diversifiées. Les premières séances du conseil de ville Ouest s'y tenaient. Plusieurs initiations des Chevaliers de Colomb. En 1950, on y a organisé une grande exposition commerciale (photo 7). La Fanfare s'y est produite à plusieurs occasions (photo 8). Dans les années '40, '50 et '60, il y avait souvent une soirée récréative le dimanche soir après les Vêpres, parfois une pièce de théâtre d'amateurs d'ici (photo 9). Lors des réparations de l'église en 1968, c'est à cet endroit qu'on a célébré les messes, mariages et funérailles. Ce populaire édifice faillit être détruit dans la nuit du 27 au 28 juillet 1953, lors de l'incendie du vieux collège, adjacent. À deux reprises pendant ce sinistre, le feu a pris dans la toiture arrière de la salle (qui était située tout près, photo 10), et ce n'est que grâce à l'intervention rapide et soutenue des pompiers, qui l'ont arrosé abondamment, que ce bâtiment important fut épargné. Dans les années '40 à '70, cet endroit fut le théâtre d'innombrables réunions sociales et de gigantesques assemblées électorales, attirant des centaines de spectateurs partisans à l'intérieur. Et autant à l'extérieur, qui écoutaient les discours diffusés à fort volume par de nombreux haut-parleurs. Les plus grands politiciens de l'époque y ont harangué les foules, dont tous les premiers ministres provinciaux, incluant Maurice Duplessis, Jean Lesage, Daniel Johnson, et plusieurs personnages colorés, entre autres le tonitruant Réal Caouette, qui passionnait les foules avec ses envolées oratoires enflammées. Mais celui dont le discours marqua le plus les gens fut Maurice Duplessis dans les années '50, alors que le principal enjeu électoral était le projet de la nationalisation de l'électricité, ce à quoi il s'opposait. À la salle paroissiale de notre ville, il commença son discours par les paroles: «Électeurs, électrices, électricité...». Ce fut le délire total dans l'assistance, avec une ovation debout pendant près de 10 minutes. Ces paroles firent le tour de tous les médias de la province et contribuèrent grandement à sa réélection. Wow toute une histoire derrière ce vénérable édifice historique.
Toutes les photos sont du fonds Claude Loubier, sauf les suivantes: Photo 2 du fonds des Frères de la Charité. Photo 3 du fonds Serge Quirion. Photo 8 du fonds Patricia Hall. Photo 9 du fonds Jacinthe Bolduc. Texte et recherches de Pierre Morin.
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