10 ans après avoir acheté au cours d'une vente en justice la seigneurie Aubert-Gallion (ancien territoire de Saint-Georges Ouest), le seigneur Pozer entreprit l'érection d'un moulin sur son domaine. Il voulait développer ce vaste territoire boisé et sauvage, et la seule façon était d'y attirer des colons. Et pour y arriver, il devait créer des conditions propices à aider ceux qui viendraient s'y établir. Il fallait d'abord combler les besoins de base, le premier étant un moulin pour moudre le blé. Sa première construction, en 1818, fut donc un moulin situé aux abords de la rivière aux Alouettes, plus tard appelée la rivière Jean-Gagnon, aujourd'hui la rivière Pozer, au nord-ouest de la ville. À l'origine, c'était un moulin à farine. Ce fut la première industrie de Saint-Georges, dont il constitua pendant longtemps le noyau industriel et même commercial. En effet, tous les cultivateurs des environs y amenaient leur grain pour le faire moudre et obtenir ainsi la farine nécessaire à leurs besoins. C'était un lieu de rencontre où il y avait beaucoup d'activité autrefois. Cette industrie a drainé dans ce secteur les premiers résidents de la paroisse. Il y eut même, tout près, une école pour les enfants qui habitaient dans les environs. Conformément aux normes de l'époque, on érigea d'abord ce qu'on appelait alors une imposante digue (barrage) visant à créer un réservoir d'eau constituant une force hydraulique suffisante pour activer le mécanisme rotatif de la meule écrasant les grains de blé. Les bâtiments du moulin étaient à gauche de la digue. Des années plus tard, on y a augmenté les services en ajoutant un moulin à scier à droite du barrage, comme on le constate à la 1re photo, qui nous offre une vue superbe du moulin environ 100 ans après sa construction originale. On voit que la «dam» (barrage) était à l'époque encore en très bon état. Le dernier meunier y ayant oeuvré est M. Élie Dupuis qui y est arrivé en 1905. Il semble que sa famille habita à même le moulin. La photo 2 nous montre sous un autre angle la partie des bâtiments consacrée à moudre la farine. Sur la 3e photo, on constate que le pouvoir de rétention du barrage en béton était encore très efficace un siècle après son érection, et que le volume d'eau était considérable. Ce moulin est passé entre les mains de différents propriétaires au cours de son histoire. Il a longtemps appartenu à la famille Pozer et ses descendants. Au début du siècle dernier, il devint la propriété d'un important homme d'affaire, le même qui a construit le premier pont (de bois) à Saint-Georges, M. David Roy, puis à son fils Philippe Roy dont le fils Gilbert Roy fut le dernier ayant opéré ce moulin hydraulique à bois de construction dans les années '50. Ce monument historique fut malheureusement détruit en 1960. Au moment de sa démolition, on a réalisé que la grosse cheminée était demeurée aussi solide que lors de sa construction, en 1818, comme on le constate à la 4e photo (de 1960). Cette disparition provoqua alors une certaine amertume chez plusieurs géorgiens, puisque ces bâtiments remontaient à une époque très ancienne, même antérieure à la fondation de notre paroisse en 1835. Aujourd'hui, on peut encore apercevoir, à côté du pont Pozer, des vestiges de ce barrage historique, près des sentiers pédestres menant au parc des 7-Chutes (photo 5).
Photos 1, 2 et 4 du fonds France Deblois Fecteau. Photo 3 du fonds Henri Fecteau. Photo 5 de M. Robert Labbé. Texte et recherches de Pierre Morin
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