J'ai arpenté ce pont des centaines de fois dans mon enfance, dans les années '50 et '60. Et souvent à pied, puisque je n'ai eu ma première auto qu'en 1970. Bien sûr, on le trouvait beau, et surtout utile, notre pont de fer, qui avait été érigé en 1929. Mais, en hiver, c'était moins drôle de la traverser, le froid, conjugué à l'humidité, nous transperçait. Les piétons qui circulent sur le pont actuel savent à quel point le vent peut être glacial par les froids sibériens que nous connaissons régulièrement pendant la saison froide. La situation était aussi pire autrefois, quand on déambulait en hiver sur les trottoirs de l'ancien pont de fer. Il y a 50 ou 60 ans, les gens étaient moins nombreux à posséder leur propre auto. Plusieurs devaient traverser «de l'autre côté» de la ville: certains étudiants de l'ouest fréquentaient le Séminaire, des étudiantes de l'Est allaient au Couvent du Bon-Pasteur ou à l'École des Infirmières, et beaucoup de travailleurs, de tous âges, oeuvraient dans les différents commerces de la 1re avenue et les manufactures de l'Est. Sans oublier les adolescent(e)s de l'ouest qui se rendaient veiller dans les établissements hôteliers de l'Est, même pendant les soirées les plus froides de l'année. Il en fallait du courage pour affronter les vents frigorifiant qui soufflaient au-dessus de la rivière. Heureusement, dans les années '50, les autorités municipales se sont penchées sur ce problème et ont pris les mesures nécessaires pour atténuer ce supplice. On a érigé et installé un mur anti-vent le long du trottoir nord du pont. Celui-ci était constitué de panneaux de six pieds de hauteur, solidement ancrés aux garde-fous avec des attaches métalliques. Ils étaient peints en vert, de la même couleur que la structure en acier du pont lui-même. Pour les avoir vus, vous devez avoir plus de 50 ans, puisque ce pont de fer fut démoli en 1971. On les aperçoit aux trois premières photos. La 1re date de 1955, vers la fin d'octobre, remarquez bien, du côté gauche du pont, ils sont bien là ces panneaux protecteurs. Ceux-ci connaissaient un cycle à peu près semblable aux pneus d'hiver: installés vers la mi-octobre et enlevés vers la mi-avril de chaque année. C'était l'époque des deux villes séparées, les dirigeants s'étaient entendus sur le genre et la couleur de palissade qui serait utilisée, mais chacune devait payer pour sa moitié du pont. On les voit un peu moins bien sur les deux photos suivantes, prises lors de la construction du quai Pinon en 1966, mais suffisamment pour constater qu'il y a bien une structure linéaire (plus foncée) d'un bout à l'autre du pont. J'ai ajouté une 4e photo datant de 1949 démontrant qu'à l'hiver 1949, on n'avait pas encore de mur coupe-vent, puisque cette protection a commencé seulement dans les années '50. Finalement, ces panneaux sont disparus avec le pont en 1971. Et vous, vous avez le souvenir de ce mur anti-vent?
Photo 1 du fonds Claude Loubier. Photo 2 du fonds Victor Rodrigue. Photo 3 du fonds Jacques Pinon. Photo 4 du fonds René-Gilles Gamache. Texte et recherches de Pierre Morin.
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