L'American House est le nom du premier hôtel qui ouvrit à Saint-Georges, en 1854. Il était situé dans le fief Saint-Charles de la Belle-Alliance (une des trois divisions de la seigneurie d'Aubin de Lisle, qui était tout le territoire du côté est), qui est aujourd'hui connu sous le nom de Jersey-Mills. C'est un immigrant irlandais, Michaël Cahill, qui le fit construire. Il avait douze ans lorsqu'il traversa l'océan, comme mousse, et s'établit d'abord dans le Maine. Quelques années plus tard, il fut maître d'école dans la colonie anglaise du chemin de Kennebec, canton Linière. Puis il acheta une terre à Jersey-Mills où il construisit un hôtel spacieux à deux étages, d'où il avait une vue imprenable sur la vallée de la Chaudière (photo 1). Ce fut pendant très longtemps le seul établissement du genre entre Lévis et Saint-Georges. C'est à cet endroit que séjournèrent les marchands de bois, les géologues et les prospecteurs miniers. Le site favori des hommes d'affaires qui passaient dans la région. Michaël Cahill fut pendant de nombreuses années le seul fournisseur des chantiers de bois qui se faisaient le long des rivières Chaudière, du Loup et Saint-Jean, ce qui explique les bâtiments imposants adjacents à son auberge (photo 3). Vers 1860, il ouvrit le chemin Coburn, de plus de quinze milles en pleine forêt, destiné au transport des provisions du Maine. Grand propriétaire et homme d'action, il était avant tout un agriculteur. Ses terres étaient les mieux cultivées, ses granges et ses étables considérables, bien éclairées et propres, véritables modèles du genre. De nature courtoise et sympathique, il travailla très fort pour obtenir la construction d'un chemin de fer jusqu'à Lévis et celle d'un pont permanent à Saint-Georges. Il fut maître de poste de Jersey-Mills de 1860 à 1892. Il épousa en 1852 Margaret Scully et ils eurent trois enfants. Sa fille Margaret épousa en 1880 M. Louis Gendreau, dont les descendants ont été très actifs dans le développement de ce secteur de la ville. On voit d'ailleurs M. Cahill en compagnie de son gendre Louis sur la galerie de son hôtel à la photo 2. Estimé de tous, Michaël Cahill décéda en 1892 à l'âge de 64 ans. Des années plus tard, ce sont des générations de Paquet qui ont acheté ce vénérable établissement hôtelier et qui s'y sont installés. En 1919, son petit-fils Wilfrid en a fait l'acquisition et l'a démoli en 1922 pour construire une grande maison blanche à partir des matériaux récupérés de la démolition. Cette imposante résidence fut reculée et exhaussée d'un étage et devint plus tard le Restaurant Laurentien, qui fut détruit par un incendie le 24 novembre 1968. Aujourd'hui, c'est le site du restaurant Saint-Hubert. M. Cahill et beaucoup d'autres immigrants irlandais contribuèrent grandement au développement de ce secteur de notre ville, en parfaite harmonie avec leurs concitoyens francophones. La fromagerie Pépite d'Or a d'ailleurs élaboré un fromage au nom de ce géorgien remarquable «Le Grand Cahill», avec sa photo sur l'emballage (photo 4). Un bel hommage bien mérité.
Photos 1 et 3 du fonds Claude Loubier. Photo 2 du fonds Richard Gendreau. Texte et recherches de Pierre Morin.
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