Dans les années '50 et '60, la 13e rue dans l'ouest s'appelait la rue Pozer pour la bonne raison que M. Kenneth Pozer, qui fut maire de Saint-Georges-Ouest de 1945 à 1949, résidait en haut de cette rue, à l'intersection de la 7e avenue, qui s'appelait alors le boulevard Philbrick (nom de famille de son épouse). En 1945, M. Odias Fecteau construisit la boulangerie Moderne Enrg dans cette rue, entre la 1re et la 6e avenue, voisin de M. Maurice Poirier et juste en face de M. Josaphat Quirion. Il pose fièrement sur la 1re photo prise en avant de son établissement vers 1947. De gauche à droite: M. Ernest Grenier, M. Conrad Champagne, le propriétaire M. Odias Fecteau et Mme Huguette Fecteau. Les deux photos suivantes nous montrent le même édifice quelque temps plus tard, avec ses deux véhicules de livraison, un «panel» à gauche et une voiture à cheval à droite. «Il (Odias) gagna son pain à la sueur de son front», dira plus tard son fils le professeur Benoit Fecteau. En 1949, Odias changea de domaine, il devint épicier-boucher dans la rue Saint-Moïse (21e rue) à la suite de son père Philias Fecteau, jusqu'à son décès en 1959.
Après la vente de sa boulangerie, celle-ci changea de mains à quelques reprises et fut acquise vers 1950 par M. Rodolphe «Doff» Rodrigue qui l'opéra pendant plusieurs années. Celui-ci connaissait ce domaine car il avait été associé pendant une couple d'années avec son frère Gérard Rodrigue alors qu'ils avaient exploité ensemble une boulangerie sur la 1re avenue près de la 113e rue dans l'Est vers 1947. Dans les années '50, pendant une certaine période, les deux frères eurent chacun leur boulangerie, dans l'est la boulangerie Saint-Georges pour Gérard et dans l'ouest la boulangerie Moderne pour Rodolphe. Ils s'entendaient quand même très bien, la preuve en étant fournie par un événement qui s'est produit à l'époque. En juillet 1952, l'immeuble abritant la boulangerie de Gérard fut complètement détruit par un incendie. En attendant qu'un nouveau bâtiment soit érigé, Gérard continua de produire son pain en allant le fabriquer pendant la nuit à l'établissement de son frère Rodolphe dans la 13e rue dans l'ouest, de sorte qu'il conserva sa clientèle et put continuer son commerce lorsque le nouvel immeuble fut disponible. Malheureusement, la boulangerie Moderne fut à son tour détruite par un incendie dans les années '60. Elle ne fut pas reconstruite. Aujourd'hui, c'est un bloc à appartements qui a pris sa place. La dernière photo, captée vers 1955, nous montre l'une des dernières voitures de livraison à cheval ayant circulé dans notre ville. Ayant moi-même vécu mon enfance dans la 13e rue, je me souviens encore de cette odeur enivrante qui embaumait tout le voisinage lorsqu'on y cuisait le pain. Ces arômes semblent inscrits dans notre mémoire et nous reviennent lorsqu'on passe à un endroit où ils sont présents, même 50 ou 60 ans plus tard.
Photos 1, 2 et 3 de Mme Denise Grenier. Photo 4 du fonds Claude Loubier. Texte et recherches de Pierre Morin.
|
Pour partager votre opinion vous devez être connecté.