On devient parfois nostalgique lorsqu'on passe devant une ancienne maison qui a conservé son cachet vieillot. Or, il existe chez nous quelques-unes de ces résidences qui n'ont pas changé d'aspect depuis 100 ans tout en étant encore en bon état de conservation. C'est le cas de la maison de M. Charles-Auguste Poulin située sur la 5e avenue, voisin de Cardio-Gym (photo 1, de 2015) dans le secteur de la Station. Né en 1928, celui-ci l'a acquise le 18 avril 1952, il y a élevé sa famille et y a habité pendant environ 52 ans, jusqu'à son décès survenu en 2004. Aujourd'hui âgée de 92 ans, son épouse Madeleine a continué d'y résider jusqu'en novembre 2018 et elle va encore y faire son tour régulièrement avec ses enfants. Certains prétendent que cet immeuble, construit vers 1900, a d'abord servi de bureau à une entreprise forestière, possiblement la B.C. Howard Lumber Company, qui avait des activités dans ce secteur. Par la suite, c'est devenu une maison d'habitation qui a appartenu quelques années plus tard à M. Raymond Bolduc et sa conjointe Thérèse Latulippe. Charles-Auguste Poulin a commencé à travailler pour la compagnie de chemin de fer CP (Canadien Pacifique) à l'âge de 16 ans, en 1944. Comme cette entreprise opérait sa gare de trains dans le secteur de la Station, M. Poulin fit l'acquisition de cette résidence avoisinante en 1952 (photo 2, de 1982). Il conserva le même emploi pendant 47 ans, dont 41 au poste de «sectionnaire», comme il l'a affiché fièrement à la porte d'entrée, et qu'on peut encore voir aujourd'hui. C'était le nom donné aux ouvriers de chemins de fer plus particulièrement chargés de l'entretien d'une section de voie ferrée et de ponceaux. Dans le cadre de ses fonctions, il faisait partie d'une équipe qui devait continuellement circuler en draisine sur les voies ferrées pour les inspecter et les réparer (il est le troisième à droite sur la photo d'un groupe près d'une draisine). Il portait aussi la plupart du temps une casquette d'ouvrier ferroviaire. À la Société Historique Sartigan, on a la chance de posséder des photos anciennes de cette vénérable maison, située non loin de la rivière Famine. Les deux dernières photos nous la montrent, la 3e vers 1912 et la 4e lors de la crue terrible survenue au moment du déluge de juillet 1917, qui a gravement endommagé le pont du marais, un genre de ponceau relié à la rive opposée par une route surélevée surnommée la «terrace». On y a érigé un pont de fer à trois arches (pont Fortier) en 1924, dont la descente arrivait sur la route nationale 23 (aujourd'hui 5e avenue), tout près de l'immeuble des Poulin. Wow, quelle curieuse de sensation on éprouve face à une telle maison, témoin contemporain à la fois de notre époque et de notre passé, un vrai voyage dans le temps.
Photo 1 de Guy Roy. Photo de la plaque d'entrée, de Lise Giguère. Photo de groupe et photo 2 de Charline Poulin, fille de Charles-Auguste. Photos 3 et 4 du fonds Claude Loubier. Texte et recherches de Pierre Morin.
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