Voici une photo prise vers 1905 du premier pont reliant les deux rives de notre ville. Il fut construit en 1881 Par M. David Roy qui avait obtenu l'exclusivité pour une période de 30 ans. Un droit de péage était chargé à tous les utilisateurs à chaque passage, 0,01$ pour un piéton et 0,03$ pour une voiture. La conception et la construction représentaient un énorme défi, compte tenu des moyens techniques très limités à sa disposition.
Il y avait quatre points d'appui: les culées est et ouest ainsi que les deux piliers intermédiaires supportant les trois travées. On aménagea d'abord les deux emplacements où seraient érigés les piliers, ce qui ne pouvait être fait qu'à la période d'étiage. Au moment où la rivière était à son plus bas, vers la fin juillet, on y transporta de grosses pierres qu'on empila solidement, dépassant légèrement le niveau de l'eau, de façon à former un genre de plateforme servant à appuyer les futures bases du pont. Puis on érigea sur chacun de ces deux ilots un énorme caisson rectangulaire en bois, le devant en pointe pour couper le courant et en diriger les flots vers l'extérieur des piliers. Évidemment, on ne pouvait se contenter de structures vides, en bois, car elles auraient été emportées par le courant à la moindre hausse du niveau des eaux. Il fallait y mettre du poids pour en assurer le maintien et la stabilité. Donc, au fur et à mesure que les caissons étaient haussés, on y déchargeait et compactait de grosses pierres de façon à remplir les piliers de matériel lourd et résistant, sur lesquels seraient ensuite installées les travées horizontales du pont.
Entretemps, on avait préparé, mesuré, taillé, numéroté et empilé à l'avance sur les berges toutes les pièces de bois devant ensuite servir à monter le pont, tel un gigantesque jeu de mécano. Puis une fois l'hiver venu, et lorsque la rivière fut recouverte d'un solide couvert de glace, toutes les pièces furent soulevées et assemblées sur des échafaudages qui avaient été érigés temporairement sur la glace. Une fois les sections reliées solidement au moyen de grosses tiges de fer horizontales et verticales, on a défait les échafaudages de façon à ce que le pont s'autosupporte.
Le premier pont, érigé en 1881, fut complètement détruit par la terrible inondation de 1896, et David Roy et ses hommes le reconstruisirent. En réalité, c'est donc le deuxième pont qu'on voit sur la photo, identique au premier. Sur la photo, on constate que la base des piliers étaient «grugée» par les flots. Cette structure requérait un entretien régulier, étant soumise à une foule de contraintes climatiques, en plus de devoir changer ou renforcer certains madriers usés par le temps. La copie d'un article du journal local en 1909 (photo 2) confirme la nécessite d'un entretien constant.
Wow, David Roy (photo 3, de 1906) était un génie, il mérite toute notre admiration pour avoir réussi à maintenir en état de fonctionner pendant 30 ans un tel chef-d'oeuvre d'ingéniosité avec les moyens techniques d'il y a plus de cent ans. Chapeau M. David Roy.
Photo 1 du Fonds Claude Loubier. Photo 3 de Fonds Claire Roy, descendante de David Roy. Texte et recherches de Pierre Morin.
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