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Harris ou Trump?

durée 18h00
14 octobre 2024
duréeTemps de lecture 233 minutes
Par
Pier Dutil

Lorsque je vous croise, vous êtes nombreux à me demander si je vais traiter des élections présidentielles américaines. À 23 jours des élections du 5 novembre prochain, je me permets donc une chronique sur ce sujet.

Je tiens à préciser que, même si la prochaine élection permettra de choisir la personne qui occupera la Présidence de 2025 à 2029 et que 435 membres de la Chambre des représentants et 33 Sénateurs feront également l’objet d’élections ce même jour, je m’en tiendrai avant tout à l’élection présidentielle.

Un système compliqué

Le déroulement du scrutin aux États-Unis repose sur un système passablement compliqué. Même si les quelques 244 millions d’électeurs appelés à voter choisiront l’un des deux candidats à la Présidence, ce n’est pas ce résultat qui prévaudra.

En réalité, le Président américain est élu par les membres du Collège électoral composé de 538 grands électeurs répartis dans les 50 états américains. Le total des grands électeurs de chacun des états est fixé à partir du nombre de membres d’élus à la Chambre des représentants, de Sénateurs et de trois autres. Chaque état dispose d’un minimum de trois grands électeurs et, avec 54, la Californie est l’état qui en possède le plus.

Je vous avais prévenu que c’était compliqué, mais, je vous en prie, continuez la lecture, on va finir par comprendre, je vous le promets.

Vous vous demandez sans doute à quoi sert le vote populaire si ce n’est pas ce dernier qui compte finalement. En réalité, le vote populaire sert à déterminer les grands électeurs démocrates ou républicains qui voteront au Collège électoral de chacun des états. Si le candidat ou la candidate d’un parti a obtenu le plus de votes dans un état, c’est la liste des grands électeurs de ce parti qui sera appelé à voter au Collège électoral. 

Finalement, le vote au Collège électoral aura lieu le 17 décembre, ce vote devra être ratifié par les membres de la Chambre des représentants et du Sénat le 6 janvier 2025 et la Présidente ou le Président sera assermenté.e le 20 janvier 2025. Pas facile à suivre, n’est-ce pas?

Et, comme si cela n’était pas suffisant, les lois concernant le déroulement des élections sont régies par les 50 états, ce qui complique encore le système parce que les façons de faire peuvent varier d’un état à l’autre. Au Canada, il existe une seule loi électorale qui s’applique à tout le pays.

Des résultats incongrus

Le système américain donne parfois lieu à des résultats incongrus, à savoir que la personne qui a obtenu le plus de votes n’est pas nécessairement déclarée gagnante.

En 2016, lors du duel entre Hilary Clinton, candidate démocrate, et Donald Trump, candidat républicain, ce dernier l’a emporté même si le vote populaire attribuait 65 853 514 votes à Clinton contre 62 984 828 à Trump. Ce dernier s’est accaparé de 304 votes au Collège électoral contre 227 pour Clinton, d’où sa victoire. Pour l’emporter un candidat doit obtenir 270 votes au Collège électoral.

J’espère que vous me suivez toujours.

La présente élection

L’élection de 2024 revêt une importance majeure principalement à cause de la présence de Donald Trump qui tente de regagner la Maison-Blanche suite à sa défaite non admise de 2020. De plus, le désistement de Joe Biden et l’entrée en scène de Kamala Harris a complètement modifié le scénario qui s’annonçait. Tous les esprits les moindrement éclairés prévoyaient une victoire de Trump sur un Biden vieillissant. 

Alors que la stratégie républicaine visait à mettre en évidence l’âge avancé de Biden, voilà que, du jour au lendemain, c’est Trump qui devient le candidat le plus âgé.

À 23 jours de l’élection, il est difficile de prévoir qui l’emportera, mais je me risque à prédire une victoire de Harris au vote populaire. Restera par la suite à voir comment se répartira ce vote dans les divers états susceptibles de lui assurer la victoire ou non au Collège électoral.

Vu d’ici, il est difficile de comprendre comment un candidat reconnu criminellement coupable par un tribunal, qui ment à chaque fois qu’il ouvre la bouche et qui répand quotidiennement des faussetés peut obtenir l’appui de près de la moitié des électeurs.

Le Canada est directement concerné

Si l’élection américaine est suivie de façon si intense au Canada, c’est que nous sommes tous plus ou moins concernés par son résultat.

Sur le plan économique, des données de Statistique Canada présentées par Francis Vailles dans La Presse+ samedi dernier indiquaient que sur les 662 milliards de dollars (662 G $) d’exportations canadiennes, 469 G $, soit 71 %, ont été dirigées vers les États-Unis en 2022.

Advenant l’élection de Donald Trump et la mise en application de sa menace de taxer toutes les exportations vers les États-Unis de 10 %, il n’est pas nécessaire de posséder un doctorat en économie pour comprendre que l’économie canadienne sera sérieusement affectée. Et ce n’est là qu’un seul des éléments menaçants du programme de Trump.

Si l’élection de Trump ne risquait d’affecter négativement que les États-Unis, on pourrait dire : «Ils l’ont élu, qu’ils en subissent les conséquences.»

Malheureusement, l’arrivée de Trump à la Maison-Blanche contribuerait à semer le chaos sur l’ensemble de la planète.

Advenant une victoire de Harris, Trump refusera d’admettre sa défaite et tentera de contester le vote. D’ailleurs, il s’y prépare déjà à l’aide de centaines d’avocats embauchés dans des états importants. Des magouilles nombreuses dans des états républicains sont déjà en place pour compliquer l’inscription de certains électeurs et alourdir le déroulement du vote.

Je me croise les doigts dans l’espoir que les électeurs américains finiront par élire Kamala Harris à la Présidence, reléguant Trump à son palace de Mar-a-Lago.

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Pensée de la semaine

Je dédie la pensée de la semaine aux électeurs américains :

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