13 000 vols d'autos au Québec
Pier Dutil
Vous possédez une auto luxueuse ou un VUS populaire et vous l’aimez beaucoup? Sachez que vous n’êtes pas seul à l’aimer et que plusieurs escrocs reluquent votre véhicule avec envie.
La semaine dernière, dans des articles de Daniel Germain dans Le Soleil et du Bureau d’enquête des médias de Québecor dans Le Journal de Québec, on s’intéressait à ce fléau devenu très important au Canada et au Québec en particulier. Plusieurs données contenues dans cette chronique proviennent de ces deux articles.
Pourquoi tant de vols?
En 2022, au Québec, 10 595 véhicules ont été rapportés volés aux compagnies d’assurance. En 2023, ce chiffre est passé à un peu plus de 13 000 véhicules, une augmentation de 23 %. De ce nombre une infime minorité de véhicules est retrouvée.
Face à ce phénomène en forte hausse depuis quelques années, on en vient à se demander pourquoi tant de vols? La réponse comporte deux volets. D’abord, le vol d’auto est devenu très facile et très rentable et, deuxièmement, les voleurs ne sont presque jamais arrêtés.
Le vol devenu facile
Votre auto ne démarre plus à l’aide d’une clef que vous devez insérer dans le contact. Maintenant, pour mettre votre auto en marche, il suffit d’avoir sur vous votre clef et d’appuyer sur un bouton. Tout simplement.
Or, ce nouveau dispositif rend la vie facile aux voleurs. Grâce à des appareils de détection, les voleurs peuvent capter les signaux émis par votre clef électronique si cette dernière repose près de l’entrée de votre résidence. Une fois ce signal capté, le vol de votre auto devient un jeu d’enfant. Plus besoin de briser la vitre d’une portière ou d’endommager le véhicule pour en prendre possession. Il suffit de quelques minutes.
On n’arrête pas les voleurs
Malgré les plaintes des victimes de vols d’autos aux nombreux corps policiers, ces derniers consacrent peu d’efforts à la poursuite des voleurs.
Les vols d’autos ne sont plus le terrain de jeu de petits voleurs. C’est devenu une véritable industrie dirigée par des réseaux bien organisés. La grande majorité des autos volées se retrouve dans des conteneurs embarqués dans des bateaux au port de Montréal, destination Europe de l’est, Afrique et Moyen-Orient.
Dans ces pays, des acheteurs sont disposés à payer le gros prix pour se procurer ces autos. Les revendeurs réalisent ainsi un profit alléchant sans courir le risque d’être pris.
Le Bureau d’enquête des médias de Québecor révélait dernièrement que plus de 250 véhicules volés au Canada ont été interceptés à GioiaTauro, un important port de mer situé au sud de l’Italie. Une simple vérification de conteneurs suspects a permis aux policiers italiens de découvrir ces véhicules.
Si on est capable d’effectuer une telle vérification dans un port italien, pourquoi ne pourrait-on pas le faire au port de Montréal, avant même que les conteneurs prennent le large?
Il existe aujourd’hui des appareils capables de détecter le contenu de conteneurs qui franchissent les douanes terrestres. Pourquoi ne pas utiliser ces mêmes détecteurs dans les ports?
Finalement, nous ne sommes pas en face d’un manque d’outils adéquats pour contrer ce commerce illégal. Nous faisons plutôt face à un manque de volonté de la part des autorités concernées pour utiliser ces outils.
C’est nous qui payons la facture
Dans l’article de Daniel Germain, le Regroupement des assureurs automobiles évalue à 35 000 $ le prix moyen des véhicules volés. Les dernières statistiques disponibles, celles de 2022, indiquent que la valeur totale des véhicules volés au Québec atteint 372 M$.
C’est là le montant remboursé aux victimes de vols par les compagnies d’assurance. Et que font les compagnies d’assurance pour récupérer ces montants? Elles haussent les primes d’assurance que nous payons, vous et moi. Aussi simple que cela.
Finalement, même si vous n’êtes pas victimes d’un vol de véhicule, vous finissez par en payer la facture via vos primes d’assurance.
Que faire?
Face aux multiples pressions incitant les pouvoirs publics à s’attaquer à ce problème, le ministre fédéral de la Sécurité publique, Bill Blair, s’est engagé à tenir un sommet national sur ce sujet le 8 février prochain.
Sincèrement, mes attentes à l’égard de cette démarche sont très peu élevées. On va palabrer, mettre de l’avant de belles intentions et ainsi de suite. Mais, finalement, rien ne va changer pour une seule et bonne raison : la volonté des corps policiers, des autorités portuaires et de l’Agence des services frontaliers du Canada n’est pas là.
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Pensée de la semaine
Je dédie la pensée de la semaine aux autorités concernées par les vols d’autos :
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