C'est ça qui est ça!
Julie DeBlois
Si vous êtes perspicaces, vous remarquerez rapidement que :
1) je ne suis pas à l'hôpital (assez évident!)
2) je ne suis pas sous sédatif (je vous le confirme)
3) j'ai encore tous mes morceaux (ça, vous ne pouvez pas le voir, mais croyez-moi sur parole. Et s'il me manquait des morceaux, je ne serais pas en mesure de flâner dans les rues du Vieux-Québec!)
Pourtant, 20 minutes plus tôt, j'étais en jaquette, sur civière, avec mes beaux bas chics et mon petit casque d'opération, en attente depuis déjà quelques heures pour procéder à la chirurgie, en train de me concentrer, de visualiser, de me préparer mentalement.
Intrigués?
Ok Ju....Arrête de nous faire lambiner. Raconte!
Bon. Si vous insistez...
Revenons en arrière.
8 h jeudi matin.
Réveil dans ma comfortable chambre d'hôtel. Je suis prête. Je me sens d'attaque. Je suis zen et calme. Petit tour sous la douche avec mes fameuses éponges antiseptiques: j'en ressors plus aseptisée que jamais!
9 h.
Arrivée à l'hôpital, à l'unité des Soins ambulatoires.
Après une prise de sang, on me met mes beaux bas et on me dit que je dois aller au nucléaire pour une radio (ça, ce n’était pas prévu!) avant de procéder à la chirurgie, et ce, afin d'identifier le ganglion sentinelle.
Euh... de quessé???
Ici, ça mérite une explication. L'idée avec cette radio est d'injecter un liquide faiblement radioactif (ça, je connais!) dans la région où on a enlevé la tumeur (un seul mot pour décrire ces 4 piqûres dans la région en question : OUCH!!!!). Le ganglion qui drainera le plus de ce liquide sera identifié par un colorant et retiré lors de l'intervention chirurgicale pour être analysé en laboratoire et voir si le cancer l'a atteint.
En d'autres mots, on veut identifier le boss des ganglions (le ganglion sentinelle). S'il est atteint, alors les chances sont que toute sa bande de ganglions soit également atteinte. Dans ce cas, on devra parler de radiothérapie.
Si par contre le big boss est tout beau, alors on pourra déduire que les autres sont également en pleine forme. (Non, mais, on en apprend des choses!).
Donc, après quatre injections pas plaisantes et 30 minutes d'attente pour faire les photos de radiologie, je me retrouve de nouveau à l'unité des Soins ambulatoires. Il est près de 11 h 30 déjà. J'ai une chambre et un lit, alors je m'y installe en attendant qu'on vienne me chercher... et on attend... et on attend (Faut pas oublier que je n’ai ni mangé et ni bu depuis le souper de la veille : ça commence à gargouiller dans mon ventre!!).
Vers 13 h 30, une civière vient me chercher pour se rendre au bloc opératoire (Yé! Un tour de civière!). Je fais mes au revoir à ma mère et à mon beau-père, que je reverrai dans 5 à 6 heures, à ma sortie de la salle de réveil.
J'ai une petite frousse qui me traverse, mais je reprends rapidement mes esprits en me disant que sous peu, je serai endormie et je n'y verrai que du feu!
Arrivée au 3e, on m'installe à la porte du bloc opératoire, on me met un beau tit casque en tissus sur la tête et on me couvre d'une couverture toute chaude qui a l'effet de presque m'endormir! Et là, j'attends...j'attends...
Il y a des délais.
Alors on me déplace dans la salle de chirurgie d'un jour pour que ce soit moins « plate » d'attendre.
En effet, plutôt que d'être seule dans un corridor, je suis entourée de nouveaux amis en jaquette.
Et là, devinez ce que je fais?
Oui, j'attends...
Vers 14 h 20, je vois mon oncologue arriver dans la salle, avec un air un peu découragé. Elle me dit qu'elle n'a pas une bonne nouvelle. À cet instant, je me dis : ça y est, mon ganglion Big Boss fait des siennes et le petit tabarouette n'est pas en bon état!! (bon. C'était une hypothèse impossible puisqu'il n'avait été ni retiré, ni envoyé au lab encore... mais toutes sortes d'idées nous traversent rapidement l'esprit dans ces situations!).
Elle me confirme que la mauvaise nouvelle n'a pas rapport avec moi (OUFFFFEE!!!) et qu'elle devra passer encore un bon deux heures avec la patiente qui est présentement sur la table d'opération et qu'on devra reporter ma chirurgie à jeudi prochain.
Ma première pensée va alors à cette femme sur la table d'opération qui dort et qui présente un imprévu. J'espère alors que ce n'est pas trop grave!!!
Mon onco me dit qu'elle comprend parfaitement si je suis fâchée et déçue.
Fâchée? Pas du tout!! Je m'imagine être à la place de cette femme et ce que je voudrais le plus, c'est que mon oncochirurgienne-gynéco (oui, Dr Sebastiennelli est tout ça en même temps!) prenne tout le temps qu'il faut pour bien faire son travail! On parle tout de même d'un être humain!
Déçue? Oui, un peu, c'est bien certain. Mais vous savez, dans la vie, il y a de ces évènements qu'on ne peut contrôler et pour lesquels tout ce qu'on peut dire est « C'est ça qui est ça! » et l'accepter. C'est ce que j'ai fait. Ma docteure semblait encore plus déçue que moi à dire vrai (elle est vraiment hyper sympa en passant et elle est extrêmement professionnelle. Je suis reconnaissante que ce soit entre ses mains à elle que mon cas se soit retrouvé et s'il faut attendre une autre semaine, et bien soit!)
On m'a donc offert des petits biscuits et un jus de pommes (j'étais affamée!!). Je me suis rhabillée et comme si de rien n'était, je suis ressortie de l'hôpital. Je ne pouvais pas croire que je repartais tout simplement comme ça.
Imaginez la tête de ma mère et de mon beau-père lorsque j'ai cogné à la porte de la chambre d'hôtel!!!! Ça valait tout l'or du monde! J'ai alors appelé mon frère qui, en entendant ma voix, a laissé passer une fraction de seconde de silence et d'hésitation avant de dire « Euh... Est-ce que tu m'appelles de l'au-delà?? Trop drôle!!
On a donc annulé la nuit à l'hôtel et nous sommes redescendus à Thetford.
Je me dis que lorsque j'arriverai à l'hôpital jeudi prochain, j'aurai une impression de déjà vu et je serai alors bien plus que prête!!! (Sauf pour le nucléaire que je devrai refaire. Impossible pour moi de m'habituer à ces piqûres dans cette région... RE-OUCH!!).
C'est vrai que je pourrais me dire qu'aujourd'hui, en ce vendredi, n'eût été cet imprévu, tout serait déjà fait. Et que jeudi prochain, lorsque j'irai sur la table d'opération, j'aurais en fait dû être en convalescence à la maison. Mais ce n'est pas le cas. Ce n'est pas le cas, car un imprévu incontrôlable est survenu. Et lorsque ce genre d'imprévu arrive, tout ce qu'on peut faire, c'est de se dire :
C'est ça qui est ça!!
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