La rente du fédéral à 65 ou 70 ans ?
Côme Simard
Françoise*, 62 ans, est retraitée de la fonction publique provinciale depuis sept ans. Lorsqu’elle a soufflé ses 60 bougies, un planificateur lui a conseillé de prendre sa rente de retraite du Régime de rentes du Québec (RRQ). Ce qu’elle a fait. Maintenant elle se demande quel est l’âge idéal pour réclamer celle du gouvernement fédéral.
« Il y a quelques années, on nous suggérait fortement de prendre à 60 ans notre RRQ, mais maintenant, ce n’est plus le cas, nous écrit-elle par courriel. Les conseillers suggèrent de la reporter à 65 ans… Les conseils changent au fil des années… »
La pension de la Sécurité de la vieillesse du Canada (PSV) est accessible à partir de 65 ans, mais les Canadiens peuvent attendre jusqu’à 70 ans pour la prendre. Retarder le début des prestations donne une prime de 36 %.
« Plusieurs conseillent d’attendre et d’autres d’en profiter à 65 ans… Je ne sais pas quelle décision prendre ! »
Françoise reçoit une pension de la fonction publique qui va diminuer à 65 ans. Lors de son divorce, elle a donné la moitié de son régime de retraite à son ex-mari, qui lui a aussi donné la moitié du sien. Les fonds sont placés dans un FRV, un fonds enregistré de revenu de retraite. Françoise peut compter aussi sur ses REER.
Avec son nouveau conjoint, elle habite dans un condo payé. Le couple souhaite y rester le plus longtemps possible.
« Nous profitons vraiment de la vie ! Nous voyageons beaucoup, soit deux fois par année pour une moyenne de 25 000 $. Nous sortons régulièrement au restaurant, au théâtre, au cinéma ou voir des spectacles. »
La jeune retraitée et son conjoint estiment avoir besoin de 80 000 $ pour profiter de leur retraite avant qu’il ne soit trop tard.
Le coût de vie désiré
Avant de déterminer s’il est préférable de commencer à retirer la pension de la Sécurité de la vieillesse du Canada à 65 ou 70 ans, Mélanie Beauvais, actuaire et planificatrice financière indépendante, a vérifié si le couple pouvait bel et bien dépenser 80 000 $ par année sans s’inquiéter.
« J’ai fait les estimations en utilisant seulement les fonds destinés à la retraite, explique Mélanie Beauvais. Les calculs sont en dollars d’aujourd’hui. Pour les 10 prochaines années, je suis capable d’aller chercher les 80 000 $ dont ils ont besoin. Toutefois, je ne peux pas maintenir ce rythme jusqu’à 97 ans. »
La planificatrice suggère une diminution du coût de vie de 13 000 $ par année après 70 ans. Le couple a toujours l’option de vendre son condo, mais devra refaire des calculs avant de déménager. Une résidence pour aînés privée pourrait s’avérer plus coûteuse.
Pourquoi retarder la RRQ ?
Françoise demande pour quelles raisons les planificateurs financiers ont changé leur fusil d’épaule au sujet de l’âge idéal pour commencer à retirer la rente du Régime de rentes du Québec. La réponse est simple : le régime a été révisé en 2012.
« Avant 2012, lorsqu’on prenait la rente à 60 ans, la pénalité était de 0,5 % par mois jusqu’à 65 ans, précise Mélanie Beauvais. Maintenant, la pénalité a augmenté à 0,6 %. »
En cumulant les rentes année après année sans rendement, on a constaté que le montant total devenait un peu plus élevé à 78 ans pour un Québécois qui prenait sa rente à 65 ans. Ainsi, quelqu’un qui avait cotisé pendant 36 ans et qui prenait sa rente à 60 ans avait obtenu à 78 ans 213 372 $ comparativement à 218 784 $ en la prenant à 65 ans.
Avant 2012, il fallait attendre l’âge de 80 ans pour noter une différence de 15 614 $.
« Les gens se disaient “c’est dans longtemps”, relate la planificatrice. Si je regarde mon espérance de vie, je ne me rendrai pas là. Ils la demandaient donc à 60 ans. »
Depuis que la RRQ a été révisée, le même Québécois qui a cotisé pendant 36 ans et prend sa rente à 65 ans aura obtenu à 75 ans, soit trois ans plus tôt, déjà 3589 $ de plus. À 80 ans, la différence est presque deux fois plus intéressante qu’avant. Elle s’élève à 28 774 $.
« On a ajouté un filet de sécurité pour l’espérance de vie qui a augmenté, souligne Mme Beauvais. Le risque de longévité était moins connu et moins discuté auparavant. »
Mélanie Beauvais attire notre attention sur une nouvelle tendance dans la gestion des épargnes personnelles : prioriser le décaissement des épargnes personnelles au début de la retraite et repousser les rentes. Dans le cas de Françoise et Marcel, la planificatrice a prévu un décaissement des placements de 37 000 $ par année pendant cinq ans pour atteindre leur objectif de 80 000 $.
« C’est plus facile de déterminer combien je vais décaisser de REER pour les 10 premières années plutôt que pour les 30 prochaines années. Les rentes du gouvernement sont garanties à vie et indexées, rappelle-t-elle. Le désavantage, c’est la perte de flexibilité. »
Dans le cas où une personne a épuisé toutes ses épargnes personnelles et voudrait faire un dernier voyage coûteux à 80 ans, le manque de flexibilité pourrait contrevenir à ses désirs.
« Ça fait peur aux gens de décaisser les REER et ensuite de ne vivre qu’avec les rentes viagères. C’est une peur qui va au-delà des mathématiques. »
Que faire avec la PSV ?
Si les calculs parlent d’eux-mêmes pour la rente du provincial, qu’en est-il pour celle du fédéral ?
En prenant sa rente de Sécurité de la vieillesse du Canada à 65 ans, Françoise obtiendra environ 7000 $ par année. En patientant jusqu’à 70 ans, elle augmentera à 9000 $ par année.
« En prenant la pension à 70 ans, après les impôts, leur niveau de vie augmente finalement d’environ 600 $ net par année. C’est minime, l’impact, mais le risque de longévité est assuré. »
Selon les calculs de Mélanie Beauvais, il faut attendre jusqu’à 88 ans pour que le montant total reçu soit plus élevé. À partir de cet âge, soit 18 ans plus tard, on obtient un maigre 1450 $ de plus. Le Canadien qui attend à 70 ans aura 21 441 $ de plus… à 95 ans.
« Je crois que l’idéal, c’est de faire son budget. Même si, mathématiquement, repousser la rente à 70 ans donne un peu plus de dollars, si une personne en a besoin pour boucler son budget ou si elle est malade, la bonne réponse est de la prendre dès 65 ans. »
* Bien que le cas mis en lumière dans cette rubrique soit réel, les prénoms utilisés sont fictifs.
Isabelle Dubé La Presse 19 janvier 2020
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