En plus des futurs tarifs douaniers
Les employeurs de la région inquiets face aux nouvelles restrictions sur les travailleurs étrangers
Alors que les entreprises de Chaudière-Appalaches et de la Beauce doivent déjà composer avec l’incertitude liée aux tarifs douaniers imposés par les États-Unis, elles se heurtent désormais à une autre menace : la réduction de l’accès aux travailleurs étrangers temporaires (TET).
Plusieurs organismes économiques et chambres de commerce de la région sonnent l’alarme et réclament un moratoire sur les restrictions du Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET), qui mettent en péril la survie de nombreuses entreprises locales.
En effet, la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ), la Chambre de commerce et d’industrie Nouvelle-Beauce (CCINB) et l’Alliance des chambres de commerce de Chaudière-Appalaches (ACCCA) demandent au gouvernement du Québec de revoir sa position sur les récentes restrictions du PTET. Elles affirment que ces nouvelles mesures risquent d’aggraver la situation économique de la région, déjà fragilisée par les menaces tarifaires américaines.
« En pleine période d’incertitude économique, il serait déplorable d’ajouter une deuxième crise en privant les entreprises de travailleurs essentiels. Ces derniers contribuent à la compétitivité et à la vitalité économique de nos régions. En entreprise, on commence déjà à ressentir les effets des départs imminents de ces travailleurs », a souligné Véronique Proulx, présidente-directrice générale de la FCCQ.
La situation est particulièrement préoccupante en Chaudière-Appalaches, une région où le taux de chômage est l’un des plus bas au Canada, se chiffrant à 3 %. Selon un sondage mené auprès de 213 entreprises de la région, 74 % d’entre elles utilisent déjà le Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET) ou le Programme de mobilité internationale (PMI).
Par ailleurs, 61 % des entreprises estiment que les nouvelles mesures fédérales entraîneront une réduction de leur croissance et de leur compétitivité, et 15 % d’entre elles prévoient une baisse de leur capacité de production pouvant atteindre entre 50 % et 100 %.
Des pertes d’emplois et des risques de délocalisation
La Table régionale des élus municipaux de la Chaudière-Appalaches (TREMCA) et Chaudière-Appalaches Économique s’inquiètent également des conséquences de ces restrictions. D’ici 2026, environ 1 273 travailleurs étrangers temporaires devront être mis à pied, ce qui risque d’entraîner la fermeture de quarts de travail et des pertes d’emplois chez les travailleurs québécois.
« Ces restrictions menacent non seulement la survie des entreprises, mais aussi l’équilibre des communautés et le bien-être des citoyens. Nous voulons préserver la vitalité exceptionnelle de la région et sa contribution essentielle à l’économie québécoise avec la plus forte création de richesse manufacturière par habitant au Québec. Ces nouvelles mesures menacent également les emplois de travailleurs québécois, avec des risques de fermeture de quarts de travail ou de délocalisation de leur production », a affirmé Marc-Alexandre Brousseau, président de la TREMCA et maire de Thetford Mines.
Les conséquences pourraient être encore plus graves : 27 entreprises représentant plus de 7 350 emplois envisagent un transfert partiel de leur production hors Québec, et neuf entreprises évaluent même une délocalisation complète de leurs activités.
Face à cette crise imminente, les acteurs économiques de la région demandent une collaboration intergouvernementale pour alléger les restrictions sur le PTET.
Parmi leurs revendications figurent :
- L’exemption des travailleurs étrangers temporaires établis au Québec avant septembre 2024 de ces nouvelles règles ;
- Le retour du quota de TET à bas salaires à 20 % pour répondre aux besoins du marché ;
- La réinstauration des Études d’impact sur le marché du travail (EIMT) aux deux ans pour s’adapter aux réalités économiques actuelles.
« On ne peut pas tenir deux discours contradictoires. D’un côté on dit aux entreprises "augmentez votre productivité" et de l’autre "réduisez le nombre de travailleurs étrangers". Réduire l’immigration de travailleurs étrangers est économiquement intenable, particulièrement au moment où nous devons mettre les bouchées doubles pour augmenter notre compétitivité. Il faut se donner les moyens pour réaliser nos ambitions et l’application d’un moratoire fait partie de la solution », a conclu. Véronique Proulx.
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