Selon une étude de l’Université Laval
Le sirop d'érable atténuerait les méfaits d'une alimentation riche en gras et sucre
Par La Presse Canadienne
Remplacer par du sirop d'érable une partie du sucre raffiné qui se retrouve dans notre alimentation quotidienne pourrait atténuer certains effets négatifs d’une alimentation riche en graisse et en sucre, suggère une étude menée par une équipe de l’Université Laval.
Des expériences menées sur des souris ont ainsi démontré que le sirop d’érable semble réduire la digestion du sucre raffiné, l’absorption intestinale du glucose et l’accumulation de gras dans le foie.
«Le sirop d'érable, même s'il contient du sucrose lui aussi, possède certainement des molécules qui permettent de protéger contre les effets néfastes d'une surconsommation de sucre», a expliqué à La Presse Canadienne l'auteur de l'étude, le professeur André Marette, de la faculté de médecine de l'Université Laval.
«Et effectivement, on sait que le sirop d'érable est riche en polyphénols, qu'il contient également certains minéraux, certaines vitamines et même des fibres alimentaires comme l'inuline.»
Le professeur Marette et ses collègues ont comparé deux groupes de souris soumises à un régime alimentaire riche en graisse et en sucre. Environ 25 % de l’apport en sucre raffiné d’un des groupes a été remplacé par du sirop d’érable, représentant 10 % des calories totales consommées quotidiennement.
Ce pourcentage, a expliqué le professeur Marette, «correspond à ce qui est envisageable comme modification alimentaire chez l’humain», par exemple en utilisant du sirop d'érable dans le café ou dans les recettes.
Les chercheurs ont constaté que le métabolisme du glucose était «moins altéré chez les souris qui consommaient du sirop d’érable» et que «le foie de ces souris présentait des concentrations de triglycérides presque deux fois moins élevées que celui des souris qui n’avaient pas consommé de sirop d’érable», a-t-on indiqué par voie de communiqué.
Une baisse de l'activité d'une enzyme intestinale serait responsable de cette accumulation moindre de triglycérides. Moins de glucides seraient absorbés et entreraient dans la circulation sanguine, ce qui serait ensuite responsable d'une hyperglycémie plus modeste et qu'une quantité plus faible de glucides transformés en triglycérides dans le foie.
L'augmentation de la glycémie qui survient inévitablement lorsqu'on s'alimente est moindre lorsqu'on remplace le sucre blanc par du sirop d'érable, a résumé le professeur Marette. Et en plus, le foie des souris qui avaient reçu du sirop d'érable était «en meilleure santé, parce qu'on empêche un peu ces sucres-là d'aller s'accumuler de façon exagérée dans le foie des animaux».
«On commence à comprendre comment ça fonctionne au niveau mécanistique», a dit le chercheur.
Ceux qui veulent (ou doivent) surveiller les fluctuations de leur glycémie, comme les diabétiques, pourraient donc envisager de substituer les sucres raffinés dans leur alimentation par du sirop d'érable, a-t-il ajouté.
Lors de la nouvelle étude, les chercheurs ont par ailleurs constaté une association entre la consommation de sirop d’érable et l’abondance de trois espèces de bactéries qui possèdent des groupements de gènes qui interviennent dans le métabolisme des sucres. Cette découverte sera maintenant étudiée plus en profondeur pour essayer d'élucider le rôle que pourraient jouer ces bactéries dans les effets métaboliques positifs observés chez les souris qui ont consommé du sirop d’érable au lieu du sucrose.
Pour le moment, a dit le professeur Marette, les données montrent que le sirop d’érable atténue certains effets négatifs de la consommation de sucre raffiné et qu'il pourrait donc être avantageux de remplacer une partie du sucrose de notre alimentation par du sirop d’érable. L'hypothèse a d'ailleurs été testée chez des humains, et les résultats ― qui sont «assez concluants», selon le chercheur ― pourraient être dévoilés dès cette année.
En fait, poursuit-il, toute substitution du sucre blanc par un sucre naturel, comme le miel ou la mélasse, «est un bon geste, mais le sirop d'érable se démarque tout le temps».
L'étude sur les souris a été rendue possible grâce à l'appui financier des Producteurs et productrices acéricoles du Québec, et ce sont «les producteurs de sirop d'érable qui prennent le risque», a assuré le professeur Marette.
«On ne sait jamais ce qu'on va trouver, mais moi je publie ce que je trouve, a-t-il dit. Je n'ai pas d'érablière et on rapporte ce qu'on trouve. Les producteurs de sirop d'érable n'ont aucune influence sur les résultats qu'on publie, c'est très important pour ma crédibilité.»
Le professeur Marette, qui est aussi chercheur à l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec, s'intéresse de près et depuis plusieurs années aux bienfaits du sirop d'érable pour la santé. Il a ainsi publié l'an dernier une autre étude qui démontre que le remplacement par une quantité équivalente de sirop d'érable de 5 % de l'énergie totale quotidienne fournie par les sucres ajoutés entraîne une amélioration de certains facteurs de risque cardiométabolique.
Les conclusions de cette étude ont été publiées par la revue scientifique American Journal of Physiology-Endocrinology and Metabolism.
Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne
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