Rapport du CSSBE
Adolescents: moins de fumeurs, plus de vapoteurs
Il y a de moins en moins de fumeurs de cigarettes chez les adolescents, mais de plus en plus de vapoteurs, constate le personnel travaillant auprès des jeunes de 12 à 17 ans.
Et les statistiques en la matière le confirment amplement. Les données de l’année scolaire 2020-2021, compilées par le Centre de services scolaires de Beauce-Etchemin (CSSBE), indiquent que :
- 4 % des jeunes sont des fumeurs occasionnels et irréguliers,
- 1 % des jeunes sont des fumeurs quotidiens,
- et 14 % des jeunes sont vapoteurs quotidiens.
L’augmentation du nombre de vapoteurs se fait ressentir depuis plusieurs années en Beauce, et aussi un peu partout dans le monde. Ceci dit, même s'il est interdit pour un mineur d’acheter des produits de vapotage, ils sont dans la réalité très accessibles pour cette clientèle. Le tout se passe dans la discrétion.
« C’est sûr que c’est plus facile de sortir la vapoteuse et de prendre une “pof” que d’allumer une cigarette. Il y a moins d’odeur. Les jeunes nous disent même parfois que dans les classes, si l’enseignant sort un instant, ils en profitent pour vapoter dans la classe. C’est ni vu ni connu », a souligné Julie Barrette, directrice de la Maison des jeunes Beauce-Sartigan, en entretien avec EnBeauce.com.
L'âge auquel les jeunes commencent, que ce soit la cigarette ou la vapoteuse, est très variable. « Cependant, on a observé que les premiers essais se font dès l'arrivée au secondaire. Ça ne veut pas dire qu’ils vont devenir consommateurs et que ça va perdurer dans le temps, mais ils font des essais dès la première et deuxième année du secondaire », a expliqué Isabelle Gilbert, directrice des services éducatifs du CSSBE.
De ce fait, la prévention est un élément essentiel pour protéger les adolescents qui se prennent souvent pour des super héros, pensant que rien ne peut leur arriver.
En Beauce, le Centre de services scolaires a un plan d’action, Génération sans fumée, dans sept écoles secondaires sur huit. Ce plan consiste à mettre en place différentes actions de sensibilisation, et ce, dès le premier cycle du secondaire. « Il est même question d’en parler dès le troisième cycle du primaire, en 5e et 6e année, pour éviter qu’ils aient envie de faire l’essai en arrivant au secondaire », a précisé Isabelle Gilbert.
En ce sens, le CSSBE souhaite travailler beaucoup sur les compétences des élèves, l’estime de soi, le jugement critique, l'affirmation de soi. « Souvent ils vont essayer parce qu’ils sont influencés par les élèves plus vieux, donc on veut vraiment travailler sur leur capacité à prendre des décisions éclairées. »
À la Maison des jeunes (MDJ), ce sont les animatrices sur le terrain qui tâchent de faire changer les choses. Elles questionnent les jeunes sur leur consommation pour essayer de les faire réfléchir et de les sensibiliser. Elles peuvent également leur expliquer comment réduire leur consommation en les aidant à trouver des solutions.
Le rôle des parents
Julie Barrette et Isabelle Gilbert s’accordent pour dire que le rôle des parents est très important. Beaucoup ne savent pas vraiment de quoi il en retourne.
« C’est inquiétant pour la santé alors à la Maison des jeunes, nous privilégions vraiment la prévention. Mais je pense que ça doit être mis beaucoup auprès des parents aussi », de dire la directrice de la MDJ.
« L’autre action qu’on entreprend beaucoup c’est l’information et la sensibilisation auprès des parents par rapport au vapotage. Dans le niveau de risque, beaucoup de parents considèrent que le vapotage est moins risqué, donc moins grave. Alors on travaille vraiment en collaboration avec eux là-dessus », d’ajouter Isabelle Gilbert.
Sur le site internet de Québec sans tabac on peut lire que « seulement 5 % des parents pensent que leur enfant vapote alors que la réalité est jusqu’à six fois plus grande. À ce jour, 42,7 % des jeunes de 4e et 5e secondaire ont déjà vapoté, dont 22 % qui ont vapoté dans les 30 derniers jours (36 % dans certaines régions du Québec). »
Les surdoses
Pourtant, au-delà de la consommation de nicotine comme une cigarette, les jeunes recherchent le « buzz » en prenant de très hauts taux de nicotine. Ils appellent cela être « dosés ». C’est un peu la première étape avant la wax pen, une vapoteuse de cannabis. « Ils s’en procurent par internet ou quelqu’un les achète pour eux, c’est facile d’accès », a expliqué Julie Barrette qui voit cette tendance auprès des jeunes qui fréquentent son établissement.
« Ces « surdoses » de nicotine ont pour conséquences des troubles temporaires comme des maux de tête, des maux de ventre, de la diarrhée, une salivation anormale, des palpitations, de la fatigue, de la confusion et des étourdissements. À l’apparition de ces symptômes, une consultation médicale est conseillée », indique Québec sans tabac.
En conclusion, la directrice de la MDJ Beauce-Sartigan pense que « le gouvernement devrait plus investir dans la prévention jeunesse, c’est eux les adultes de demain. Les jeunes en ont mangé un coup pendant la pandémie et il y a plein de problèmes en émergence par rapport à ça. »
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