Étude de l’Université de Montréal
Les effets du cannabis peuvent durer des heures, voire des jours
Par La Presse Canadienne
Les effets d’une dose de cannabis peuvent durer pendant des heures, voire des jours, soit bien au−delà de la seule période d’intoxication, confirme une nouvelle méta−analyse réalisée par des chercheurs de l’Université de Montréal.
Ces effets pourront prendre la forme de troubles cognitifs aigus qui pourront avoir des répercussions considérables sur la vie quotidienne des utilisateurs, a expliqué l’auteur de l’étude, le docteur Alexandre Dumais.
«Ça confirme certaines intuitions (...) dans notre équipe de recherche, qu’il y a probablement quelque chose qui perdure dans le temps, a dit le docteur Dumais, qui exerce à l’Institut national de psychiatrie légale Philippe−Pinel. Ce qui va rester à voir, c’est l’effet sur le plus long terme.»
Les conséquences néfastes du cannabis commencent pendant sa consommation et persistent au−delà de cette période, a−t−il résumé.
Le docteur Dumais et ses collègues ont fusionné les résultats de dix méta−analyses représentant plus de 43 000 participants, ce qui donne à leurs conclusions un poids considérable.
Leurs travaux ont révélé que l’intoxication au cannabis pourrait interférer avec la prise de décision, la suppression des réponses inappropriées, l’apprentissage par la lecture et l’écoute, la capacité à se souvenir de ce qu’on lit ou entend, et le temps nécessaire pour accomplir une tâche mentale.
La consommation de cannabis pourrait donc, par exemple, nuire à la réussite scolaire, à la performance au travail et à la conduite automobile des usagers.
«Pour l’école (...) c’est clair (que le jeune qui a consommé le matin) va avoir plein de problèmes au niveau cognitif au cours de la journée, a dit le docteur Dumais. Même en après−midi et en soirée, au moment de faire ses travaux, il pourrait y avoir des difficultés au niveau de l’apprentissage, de la mémorisation et de la concentration.»
Ces conséquences pourraient être plus graves chez les consommateurs réguliers et les gros consommateurs, prévient−il, avant de souligner que la consommation de cannabis est encore grandement banalisée.
Une bonne partie de la population perçoit toujours le cannabis à la limite comme un médicament qui a peu d’effets négatifs et essentiellement des effets positifs, comme la récréation ou le soulagement de la douleur, a dit le docteur Dumais.
«Les gens nous rapportent ces aspects positifs, mais les aspects négatifs sont souvent minimisés, voire niés, a−t−il indiqué. Mais si je demande à mes patients de manière un peu plus serrée s’ils ont remarqué, par exemple, des problèmes de mémoire, que c’est plus dur à l’école ou autre après un certain moment, ils vont être capables d’admettre que lorsqu’ils consomment plus, il y a plus de problèmes.»
Les patients seront beaucoup plus attachés aux aspects positifs de la consommation de cannabis, a−t−il dit.
Les adolescents et les jeunes adultes sont les principaux consommateurs de cannabis de la planète, et il s’agit de la substance psychoactive la plus populaire du monde, derrière l’alcool et la nicotine. Il importe donc de comprendre les risques cognitifs liés à sa consommation, surtout pour des jeunes dont le cerveau subit d’importants changements développementaux, croient les chercheurs.
Les conclusions de cette étude ont été publiées par le journal médical Addiction.
Jean−Benoit Legault, La Presse Canadienne
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