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Des propos jugés sexistes tenus lundi dernier par l’animateur Éric Veilleux sur les ondes de Cool FM ont soulevé l’indignation hier sur les réseaux sociaux et auprès d’organismes travaillant à l’avancement de la condition féminine dans la région.

La Beauceronne Vanessa Drouin, résidente de Saint-Simon-les-Mines, est devenue championne du monde chez les moins de 70 kg en karaté le 4 novembre dernier en Irlande. Un exploit remarquable en soi. Article de référence (ici).

Or, pendant l’émission du retour lundi dernier à Cool FM, dans le segment de 16 h 30, l’animateur a tenté d’aborder le sujet avec le journaliste Éric Veilleux. Toutefois, plutôt que faire mention de la victoire de la Beauceronne aux Championnats mondiaux WKC, ce dernier y est alors allé d’une déclaration qui en a surpris plus d’un. « Je vais être honnête, je n’aime pas ça des filles qui se frappent dessus. Je ne trouve pas ça très joli. Ça me fait toujours un pincement au cœur de voir des filles qui font des combats ultimes. Je trouve ça répugnant personnellement. C’est un choix personnel. Là, on parle de karaté, c’est un peu moins pire, mais même les filles qui font de la boxe, j’ai bien de la misère. Je n’aime pas ça », déclare-t-il, suscitant alors un certain malaise. Il est d’ailleurs possible d’entendre l’extrait dans le lecteur vidéo en tête d’article.

Éric Veilleux se rétracte

Les commentaires dénonçant le sexisme s’étant déchaînés sur les réseaux sociaux à la suite des propos d’Éric Veilleux, ce dernier s’est alors excusé en ondes ce matin après enfin avoir fait mention de la performance de Vanessa Drouin.

« Je l’ai offusquée avec mes propos ce lundi dans l’émission de Roger », avoue-t-il en prenant le temps de justifier sa position. « Est-ce que ça fait de moi quelqu’un de sexiste? Je ne pense pas […] Moi, les premières fois que j’ai vu des femmes se battre, c’était en boxe et ensuite en combats ultimes, mais je ne suis pas revenu après. Je n’ai pas aimé ça voir des femmes ensanglantées comme ça. Je trouve ça beau une femme et les femmes peuvent faire 100 000 choses, mais se frapper dessus, je ne trouve pas ça très beau », explique-t-il. « Le mot répugnant n’était peut-être pas le bon mot, alors je vais le retirer et m’excuser de ce mot », mentionne ce dernier.

Bien qu’Éric Veilleux, après sa rétractation, ait invité Vanessa à son émission Sportmax pour discuter de sa discipline, le poids de ses paroles en aura choqué plusieurs.

Des commentaires indigestes pour des organismes de la région

Pour Vision Femmes et le Centre-Femmes de Beauce, deux des principaux organismes qui contribuent à améliorer la condition féminine dans la région, les commentaires émis par l’animateur de radio, qui a un micro au sein d’un média d’information à grande portée, sont totalement inacceptables à l’aube de 2017.

« Ce que ça laisse sous-entendre, selon lui, c’est que certains sports ne seraient réservés qu’aux hommes. C’est un message qui est négatif », déplore Nadia Tremblay, coordonnatrice à Vision Femmes. « Le sexisme, c’est une attitude de discrimination basée sur le sexe. Oui, ses propos [Éric Veilleux] sont sexistes. C’est de la discrimination. Pourquoi les femmes ne pourraient-elles pas faire des combats de la sorte », se questionne également la directrice générale du Centre-Femmes de Beauce, Luce Morand.

En étant championne du monde en karaté, Vanessa Drouin est devenue, ou deviendra, un modèle pour bien des jeunes filles. Or, selon Mme Tremblay, s’attaquer d’une quelconque façon à un symbole de la sorte dans la société est inadmissible. « Ce n’est pas rien ce qu’a accompli Vanessa. Elle est championne du monde. Cependant, dans la première intervention d’Éric Veilleux, ce n’est même pas mentionné. On devrait plutôt se concentrer sur le succès que cette jeune femme a eu », explique quant à elle Mme Morand.

Pour Nadia Tremblay, lorsqu’un individu occupe une fonction publique, ce qui inclut les animateurs et les journalistes, il y a un certain devoir d’objectivité à respecter puisque les propos émis ont le potentiel de rayonner à grande échelle. En ce sens, cette dernière estime que la direction de Radio Beauce devrait se questionner quant à la nature du contenu qu’elle souhaite véhiculer à son antenne avec de tels propos lancés sur ses ondes. « Ce qui a été dit, ce n’est vraiment pas positif par rapport aux jeunes femmes qui veulent s’investir dans les sports, qu’ils soient traditionnels ou non. On ose croire qu’il s’agit là d’un commentaire isolé », précise-t-elle. « Quand tu as un micro, tu as un pouvoir. Si tes propos sont personnels, tu n’as pas à les dire au micro », ajoute Luce Morand.

Malgré la situation, Mme Tremblay retient un point positif dans toute cette histoire. « Ce que l’on trouve positif, c’est de constater toutes les réactions et indignations qui ont eu lieu sur les médias sociaux, autant chez les femmes que les hommes », souligne-t-elle. Même son de cloche pour Mme Morand. « Il y a beaucoup de commentaires anti-sexistes qui se sont déchaînés à la suite de ces propos, et moi, ça me fait très plaisir. C’est encourageant », lance-t-elle.

Des félicitations à Vanessa Drouin

Nadia Tremblay et Luce Morand, en leur nom et au nom de leurs organismes, souhaitent conclure en saluant la grande victoire de la Beauceronne Vanessa Drouin aux Championnats du monde de karaté.

« C’est un exploit et on tient à la féliciter. Il ne faut pas que la situation qui a eu lieu fasse ombrage à tout ce qu’elle a réalisé », mentionne la coordonnatrice de Vision Femmes. « J’encourage toutes les femmes et les jeunes filles à aller de l’avant avec leurs ambitions et de ne pas se préoccuper de commentaires de la sorte », lance-t-elle.

Pour Mme Morand, il est dommage qu’en 2016, on doive encore se questionner sur un sujet comme cela. « On devrait au contraire encourager les femmes à être présentes dans tous les domaines. Au niveau des sports non traditionnels, c’est une preuve que l’égalité n’est pas encore atteinte. L’égalité de droits, oui, mais pas l’égalité de faits. Il faut dire aux femmes de persévérer dans la poursuite de leurs rêves, quels qu’ils soient », conclut la directrice générale du Centre-Femmes de Beauce.