La province compte plus d'un tiers des noyades au Canada
Une année meurtrière sur les plans d'eau du Québec: le gouvernement appelé à agir
Par La Presse Canadienne
L'année a été particulièrement meurtrière sur les plans d'eau du Québec, où plus d'un tiers de toutes les noyades signalées au Canada en 2023 se sont produites.
Le Québec a enregistré 54 noyades cette année, soit une augmentation de plus de 30 % par rapport à la même période en 2022. Ce nombre a été gonflé par quelques événements tragiques qui ont entraîné des noyades multiples, précise la Société de sauvetage du Québec.
Devant cette hausse significative des noyades, l'organisme demande au gouvernement québécois d'élargir l'accès aux cours de natation.
Selon le directeur général de la Société de sauvetage du Québec, le programme Nager pour survivre — créé par son organisme — devrait être offert aux enfants de 3e et 4e année à plus grande échelle dans la province. En Ontario, environ 100 000 enfants participent au programme chaque année, tandis qu'au Québec, ils sont entre 12 000 et 15 000.
Le ministère québécois de l'Éducation accorde une subvention aux écoles intéressées par le programme, qui enseigne aux enfants les compétences minimales pour survivre s'ils tombent en eau profonde.
«Si nous pouvons faire cela pour toutes les écoles, nous commencerons à former 95 000 enfants chaque année», a déclaré M. Hawkins.
Sensibiliser les nouveaux arrivants
L'organisme cherche également des moyens de former les nouveaux arrivants au Québec.
Vendredi, des funérailles ont été organisées pour un réfugié ukrainien de 21 ans qui s'est noyé après s'être baigné dans la rivière Etchemin, dans la région de Chaudière-Appalaches. Il était arrivé au Canada au début du mois de juillet.
«C'est l'une de nos préoccupations de voir comment nous pouvons aller rejoindre ces nouveaux arrivants pour leur expliquer cette réalité (des lacs, et rivières), car cela ne fait pas partie de leurs habitudes de vie», a affirmé M. Hawkins.
La porte-parole de la Société de sauvetage de l'Ontario, Stephanie Bakalar, a expliqué que l'organisation avait mis au point un programme de sensibilisation destiné aux nouveaux Canadiens.
Les données les plus récentes montrent que les nouveaux arrivants sont quatre fois plus susceptibles de ne pas savoir nager que les personnes nées au pays.
«Il y a beaucoup de gens qui viennent au Canada et qui n'ont peut-être pas eu la même exposition et le même accès (à l'eau)», a exposé Mme Bakalar.
«Il est évident que le Canada dispose d'une abondance de lacs, en particulier en Ontario et au Québec, où les possibilités d'accès à l'eau sont nombreuses. Nous voulons donc que les personnes qui viennent au Canada se disent: "Voici comment rester en sécurité, voici les informations dont j'ai besoin"», a-t-elle ajouté.
Au Québec, M. Hawkins a indiqué qu'il discutait avec le gouvernement provincial afin de déployer un programme similaire dans le cadre de cours de francisation pour les nouveaux arrivants.
De nombreux drames
La Société de sauvetage du Canada indique qu'il y a eu au moins 152 noyades à travers le pays au 31 juillet, le Québec, la Colombie-Britannique et la Nouvelle-Écosse affichant tous un nombre plus élevé de noyades par rapport à la même période en 2022.
Le Québec avait rapporté 41 décès à la même date en 2022.
Le bilan québécois de 2023 comprend la mort de huit migrants qui se sont noyés en tentant d'entrer illégalement aux États-Unis en mars à Akwesasne, au Québec. Il inclut aussi le décès de cinq personnes — dont quatre mineurs — lors d'une partie de pêche en juin à Portneuf-sur-Mer, sur la Côte-Nord.
En outre, deux pompiers se sont noyés après avoir été emportés par des inondations à Saint-Urbain, dans Charlevoix, en mai, et deux personnes ont perdu la vie lors d'un glissement de terrain en juillet au Saguenay-Lac-Saint-Jean.
La moyenne sur cinq ans pour le Québec à cette période de l'année est de 45 noyades, et 2023 constitue la première année où ce nombre a été dépassé depuis 2020.
La majorité des noyades au Québec se produisent dans les rivières (41 %) et sur les lacs (environ 30 %).
Dans un cas récent, un kayakiste de 25 ans a été porté disparu lundi en Montérégie. Son kayak a été retrouvé abandonné dans la baie Missisquoi, à Philipsburg, près de la frontière américaine. Les recherches se poursuivaient vendredi.
Deux règles essentielles
Selon Hawkins, il y a deux règles fondamentales à respecter sur l'eau: ne pas sortir seul et porter un gilet de sauvetage.
Les gens surestiment souvent leurs compétences en natation ou ne prévoient pas de tomber à l'eau, a-t-il indiqué, ajoutant que la moitié des victimes des cinq dernières années étaient seules au moment de la noyade.
«Personne pour les aider à sortir de l'eau, personne pour appeler les secours, personne pour dire exactement ce qui s'est passé», a fait valoir M. Hawkins.
Sidhartha Banerjee, La Presse Canadienne
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