Les candidats des trois partis représentés à l'Assemblée nationale ont croisé le fer lundi dernier, dans le cadre d'un débat organisé par la Chambre de commerce de Saint-Georges et la station radiophonique COOL FM.

C'est Richard Poulin qui avait la tâche de mener le débat en tant que modérateur. Les sujets étaient amenés par un panel de journalistes de la presse locale. André Côté du Parti québécois, Robert Dutil du Parti libéral et Claude Morin de l'Action démocratique du Québec étaient les trois candidats qui s'affrontaient. Léo Doyon, candidat indépendant, Francis Cossette du Parti Vert ainsi que Anne-Marie Provost de Québec Solidaire n'ont pas été invités à participer.

Un bon affrontement
De tout le débat, c'est le dossier des régions ressources, constituant probablement le principal enjeu local, qui a suscité les échanges les plus sentis et virulents, principalement entre les candidats libéraux et adéquistes. Après avoir réitéré qu'il disposait de l'appui de son chef Mario Dumont dans ce dossier, Claude Morin a rappelé ne pas vouloir tout virer à l'envers avec les modifications que son groupe voulait apporter au programme. « Il y a beaucoup plus de gens dans le Parti libéral qui souffriraient davantage si le programme des régions ressources était aboli demain matin », a lancé M. Morin.

Cette réplique a piqué le candidat libéral, qui en a profité pour faire valoir son point de vue. « La crédibilité de M. Dumont dans le dossier des régions ressources frise le zéro absolu. Il a tout fait pour nous barrer le chemin », a lancé M. Dutil. En soulignant que le comté du chef adéquiste profitait de 30 % des avantages financiers du programme alors que la Beauce n'en récoltait qu'un maigre 5 %, le candidat libéral, dans la plus grande envolée oratoire qu'aura apportée ce débat, a carrément vociféré que « le pire ennemi de la Beauce, c'est Mario Dumont ».

Lui suggérant de se calmer avant de devoir aller faire la file dans le système de santé, l'adéquiste Morin a questionné son adversaire libéral à savoir de quel bord il se trouvait en mentionnant que des libéraux profitaient aussi de ce programme. « Je suis sur le bord de la Beauce monsieur », a répondu M. Dutil du tac au tac. À l'image du reste du débat, André Côté du PQ est demeuré discret lors de cet échange en disant entre autres que la Beauce serait mieux intégrée au programme des régions ressources si son parti est porté au pouvoir et a déploré l'immobilisme des libéraux dans ce dossier.

Une attaque qui n'a pas plu
En santé, le candidat du PQ a insisté, sur l'importance de fournir un médecin de famille à chaque Québécois, autant dans la Beauce qu'ailleurs et a dit favoriser le système de santé public. Claude Morin de l'ADQ veut pour sa part donner plus de place au système privé et s'occuper d'établir un financement plus équitable pour les centres hospitaliers. De son côté, le candidat libéral prétend que de privatiser ne réglera rien et, comme son chef, défend les difficultés de son parti dans ce domaine en rejetant la faute sur les coupures faites par le PQ il y a 10 ans. 

Cela a fait dire à André Côté que, « depuis qu'il est revenu au Parti libéral, ça n'a pas pris beaucoup de temps à M. Dutil pour devenir aussi menteur que son chef ». Le principal intéressé n'a visiblement pas apprécié le terme employé par son adversaire et a vivement réagi. « Je ne vais pas me lancer dans des insultes publiques. Moi, j'ai fait ma carrière en essayant de respecter ceux qui ont des pensées différentes des miennes. Si M. Côté avait été à l'Assemblée nationale, il se serait fait rabrouer, pour antiparlementarisme », a répliqué M. Dutil.

Le reste des sujets débattus par les candidats l'ont été de manière plutôt vague et les échanges d'idées manquaient. Qualifiant à quelques reprises le discours de M. Dutil de patinage de fantaisie, le candidat Côté du PQ s'est fait servir la même recette lorsque le libéral a qualifié les énumérations du candidat péquiste de listes d'épicerie remplies de voeux pieux. « Je ne crois pas que le PQ soit un parti de liste d'épicerie, a répliqué M. Côté. On a des promesses et on va les faire. Il faudrait que vous vous rentriez ça dans la tête : si le PQ prend le pouvoir, il y a des choses qui vont changer ».

Leur dernier message
En guise de conclusion, M. Dutil est revenu sur le programme des régions ressources en rappelant la différence dont bénéficie le comté de Mario Dumont par rapport à la Beauce. « Pour l'économie globale du Québec, nous avons à travailler avec la meilleure équipe possible et c'est celle du Parti libéral », a résumé le candidat libéral.

Claude Morin a pour sa part dit déplorer n'avoir pas eu plus de temps lors de son mandat pour faire ses preuves et dit tout de même croire en ses concitoyens. Il s'est dit être à l'écoute de ces derniers et leur demande de lui accorder leur confiance afin qu'il puisse à nouveau les servir et en faire encore plus pour eux. « Je suis un homme de comté avant d'être un homme de parti. Il y en a qui dise : l'économie d'abord, moi je dis : la Beauce d'abord », a souligné l'adéquiste.

Rappelant l'influence du Parti québécois qui a contribué à l'instauration de plusieurs lois et programmes d'envergure dans la province, André Côté a mentionné être conscient que l'option souverainiste qu'offrait son parti n'avait jamais été très populaire en Beauce. S'appuyant sur les nombreux projets dont il avait parlé pendant le débat, celui-ci a demandé aux gens de la région d'embarquer avec lui. « J'espère que, cette fois-ci, les Beaucerons seront avec nous », a terminé M. Côté.

Gilbert Trudeau, vice-président de la Chambre de commerce de saint-Georges et de l'entreprise RCM Modulaire.