En raison de sa valeur architecturale et patrimoniale
Beauceville veut sauver la Maison d'Élyse de la démolition
Le maire de Beauceville, François Veilleux, lance un cri du coeur auprès des mécènes, philanthropes et gens d'affaires de la région afin de sauver de la démolition une résidence de la ville qui a une grande valeur patrimoniale et architecturale.
Il s'agit de l'habitation du 218, avenue Lambert qui est connue actuellement sous le nom de Maison d'Élyse, un gîte opéré depuis six ans par Claire Beaulieu et Raynald Dickner.
Comme pour plusieurs autres constructions riveraines de la Chaudière, la débâcle d'avril 2019 a été catastrophique pour cette maison victorienne, d'influence Queen Ann, érigée en 1890.
« Nous avons eu six pieds d'eau dans la cave et il ne manquait que quelques pouces pour qu'elle atteigne le plancher », se remémore avec peine le co-propriétaire, Raynald Dickner au sujet de l'inondation de l'an dernier.
Comme toutes les installations de fonctionnement se trouvaient à cet endroit (chauffage, boîtes électriques, etc.), le couple a dû investir plusieurs milliers de dollars pour être en mesure de repartir les opérations.
À l'époque aussi, le gouvernement québécois avait annoncé peu après les inondations de 2019, un programme général d’indemnisation et d’aide financière pour les sinistrés, administré par la Sécurité publique, qui laissait comprendre également que celui-ci serait le dernier du genre.
De même, la résidence se trouve dans ce qui a été décrétée comme la zone d'intervention spéciale (ZIS), rebaptisé la « zone rouge » inondable où les propriétés qui s'y trouvent n'ont plus aucune valeur immobilière.
Les propriétaires ont exploré toutes les possibilités pour sauver la résidence comme le déplacement de la maison vers l'église. Une autre solution serait d'immuniser les fondations, très solides puisque qu'elles sont faites de blocs de granit, mais les investissements dépasseraient les 150 00$.
Le programme québécois offre un maximum de 200 000$ pour racheter le bâtiment et verse un 50 000$ supplémentaire pour assumer les frais de démolition, après quoi, la ville devient propriétaire du terrain pour la somme symbolique de 1$.
Résigné, le couple Beaulieu-Dickner a fait sa demande au programme en septembre dernier et la réponse s'est avérée positive au cours de l'automne.
« Comme le train passait et qu'il fallait penser à nous dans cette aventure, on n'a pas eu bien le choix. Même avec ça, on perd plus de 150 000 $ », de signaler pour sa part Claire Beaulieu qui, au moment de l'appel d'EnBeauce.com, était à faire des boîtes pour le départ et la fermeture de ce site d'hébergement.
Mme Beaulieu avait pris une retraite anticipée, comme gestionnaire de résidences d'aînés, pour des raisons de santé et avait pris la décision d'opérer ce gîte afin de se trouver dans un lieu plus apaisant.
En à peine six ans, l'endroit a été vite reconnu pour son excellence et Tourisme Chaudière-Appalaches lui a décerné trois prix pour la qualité de service.
« Mais la débâcle de l'an dernier m'a rentré dans le corps », de soupirer Claire Beaulieu.
Un sursis
Les propriétaires se sont vu accorder en janvier, par la Ville de Beauceville, le permis de démolition prévue en juin.
Le maire Veilleux a avoué que le conseil avait autorisé celle-ci « avec un pincement au coeur » sans pouvoir l'empêcher d'un point de vue juridique
Sans être reconnue officiellement comme bâtiment patrimonial, à l'exemple de la maison Chapman, cette résidence a longtemps été identifiée comme celle de Félix‐Georges Fortier, notaire et maire de Beauceville, nous rappelle André Roy de Patrimoine Beauceville.
De nombreuses familles y ont vécu, dont les Goulet, Thibodeau et Bernard.
D'un point de vue architectural, cette maison demeure un joyau de la Beauce encore bien debout: fenêtres à battants avec imposte et grands carreaux, portes à panneaux avec vitrage, foyer du salon principal de bois de rose, larges plinthes intérieures, rampe d’escalier travaillée avec goût, grandes galeries et tourelle d’angle, des attraits qui ont été bien conservés.
« Tout respire la vie économique cossue de cette époque victorienne, à l’ombre du clocher, où une partie de la bourgeoisie locale demeurait », signale Mme Roy.
C'est toute cette dimension historique sociale et du patrimoine bâti que François Veilleux ne peut se résoudre à voir disparaître sous le pic des démolisseurs.
C'est pourquoi depuis plusieurs mois, il a rencontré régulièrement les propriétaires de la Maison d'Élyse pour explorer avec eux divers scénarios de sauvegarde. Comme il a rencontré tous les propriétaires de chacune des maisons inondées pour les informer du mieux possible des programmes offerts et des recours possible.
« Plusieurs bâtisses ont été démolies depuis l'année passée. Mais je ne peux pas me résoudre de voir disparaître cette résidence. Je vais mettre tous les efforts possibles pour aller au bout de cela et c'est pourquoi je lance ce cri du coeur pour que la communauté puisse soutenir la démarche de sauvegarde », de signifier le premier magistrat de Beauceville.
Il voit cela comme la phase II du plan de revitalisation de sa ville et travaille de concert avec le directeur de l'urbanisme, Richard Longchamps, pour développer un ensemble cohérent.
D'ailleurs, les résidences limitrophes à la Maison d'Élyse vont bientôt être démolies, ce qui va créer un vaste espace qui pourrait être aménagé en lieu public avec comme élément central le bâtiment victorien, de faire remarquer M. Longchamps.
Qui plus est, l'avenue Lambert fait partie du circuit de La Route de la Beauce, un itinéraire touristique recommandé pour la beauté des paysages et bâtiments historiques, d'ajouter le directeur.
Claire Beaulieu et Raynald Dickner avaient prévu que la démolition se ferait au cours du mois de juin. Ils sont se entendus avec la Ville de Beauceville de reporter le tout au moins d'août dans l'espoir que l'on puisse l'éviter.
Cela donne un sursis au maire Veilleux qui espère que son appel sera entendu. Et il rappelle que le numéro de l'hôtel de ville est le 418 774-9137.