Dans l'attente des délibérations du jury
Plaidoiries au procès de Marco Rodrigue : entre intention meurtrière et identification
Ce mercredi 6 novembre, au palais de justice de Saint-Joseph-de-Beauce, le procès de Marco Rodrigue, accusé de tentative de meurtre contre l’agente de la Sûreté du Québec Catherine Giroux, a atteint le stade des plaidoiries.
Pour la défense, représentée par Me Cozak, le cœur du débat repose sur deux questions : ce qui s’est passé au bord de l’autoroute 73 et l’intention de M. Rodrigue. Selon lui, des incohérences subsistent entre le témoignage de l’agente et les déclarations de l’accusé, notamment sur le fait qu’aucune photo de ce dernier ne lui ait été montrée à l’époque, soulevant un doute sur son identification.
Sur l’intention présumée de tuer, Me Cozak a avancé que les preuves n’établissent pas clairement cette intention. Il a rappelé que M. Rodrigue, bien qu’il ait reconnu avoir tiré, a affirmé ne pas avoir vu la victime lors des tirs. Selon la défense, ce geste visait davantage à intimider qu’à blesser, suggérant plutôt des voies de fait armées que la tentative de meurtre.
De son côté, Me Harbour, en charge de la poursuite, a comparé la preuve à un casse-tête où chaque pièce, bien assemblée, désigne M. Rodrigue comme l’auteur des faits, selon elle. Elle a souligné que les descriptions de l’accusé et de son véhicule par l’agente et des témoins concordent. Les douilles retrouvées dans le véhicule de l’accusé renforcent, selon elle, les faits incriminants.
La poursuite estime que les tirs visaient délibérément à causer la mort et non simplement à intimider. Me Harbour a relevé la trajectoire des balles et le changement d’arme pendant l’incident, comme autant d’indices d’une intention sérieuse de causer un préjudice grave.
Me Harbour a également pointé le comportement non verbal de l’accusé lors de l’interrogatoire, qu’elle qualifie de détaché, ce qui, selon elle, soutient l’idée d’une intention meurtrière. Pour elle, l’intention de tuer doit être interprétée à partir de l’ensemble des preuves circonstancielles.
Enfin, la poursuite a jugé que tirer deux fois, visant le véhicule et non les pneus ou le moteur, traduisait une volonté de nuire plus que d’éviter une poursuite.
Les recommandations au jury
Me Harbour a encouragé le jury à examiner tous les faits et témoignages pour juger la culpabilité de M. Rodrigue, rappelant un mobile possible lié à ses antécédents conflictuels avec la police et à son agacement face aux contrôles routiers.
Me Cozak, pour sa part, a insisté sur la prudence et a rappelé au jury que l’intention de tuer n’avait jamais été exprimée clairement par son client. Selon la défense, M. Rodrigue agissait dans le but de fuir plutôt que de blesser, et non pour tuer.
Le juge a quant à lui rappelé l’importance pour les jurés de prendre en compte l’ensemble des preuves, des témoignages et des circonstances entourant l’événement, tout en respectant la présomption d’innocence.
Le jury est désormais séquestré pour une durée illimitée afin d'évaluer les arguments des deux parties. Ce dernier devra rendre un verdict unanime, qui établira si M. Rodrigue est coupable des chefs d'accusation qui lui sont reprochés, à savoir, la tentative de meurtre contre Catherine Giroux avec une arme à feu ainsi que celui de possession d'armes à feu à des fins dangereuses.
Le procès reprendra lorsque le jury sera prêt à présenter son verdict. Ensuite, c'est le juge Louis Dionne qui déterminera la peine, si peine il doit y avoir.
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